Chapitre 37 - Mission impossible

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Vicente

Cela fait cinq jours que Marina a disparu et Lejos n’a toujours pas trouvé de pistes concrètes. Malgré le fait qu’il ne soit pas content de mon idée d’intégrer Los Huerfanos pour les espionner, je suis décidé à mener cette mission à bien.

J’ai pris contact avec les personnes qui espionnent pour El Barrio. Lejos n’est pas au courant que je ne l’ai pas écouté mais il le saura bien assez tôt.

Mes espions n’ont pas une place très importante et cela m’ennuie car s’ils posent trop de questions, ils pourraient se faire prendre. Mais Los Huerfanos représentent ma seule piste de retrouver Marina.

Les résultats de cette mission ne vont pas être très prometteurs donc il va falloir que je mette en place une stratégie offensive en attaquant directement les personnes susceptibles de savoir qui est derrière cet enlèvement.

Le téléphone sonne et me sort de mes réflexions. J’ai écrit une partie de mon plan sur une feuille que je vais brûler ensuite.

- Est-ce que tu es devenu fou ? crie Lejos dans le combiné. L’amour finit par te faire faire des choses complètement débiles. A cause de toi, tu vas condamner nos espions au sein de Los Huerfanos.

- Ne t’en fais pas, j’ai un autre plan en tête, je le rassure. Il me faut une équipe et l’organigramme du clan pour les affronter et en tirer quelque chose.

- Tu connais déjà ma réponse, gronde mon ami. Tu sais que El Barrio est déjà sur le fil du rasoir. Nous sommes devenus faibles V.

- Ne dis pas de conneries Lejos, ce n’est parce tous les cartels et gangs sont en train de se liguer contre nous que c’est la fin du monde. L’argent dont bénéficie El Barrio est plus que suffisant pour entretenir notre commerce et notre position.

Mon ami pousse un soupir à l’autre bout du fil.

- Un tiers de nos cargaisons n’ont pas pu atteindre leurs destinations, elles ont été arrêtées par la brigade anti criminelle, reprend-t-il. Les quartiers sont agités et les agressions contre les membres du cartel ont été multiplié par deux en quatre mois. Tu n’es plus là V, tu ne peux pas savoir ce qu’il se passe réellement sur le terrain.

Cette fois, c’est moi qui ne sais plus quoi dire. Il est vrai que j’ai officiellement quitté El Barrio mais je ne pensais pas qu’il allait sombrer avec La Pantera. Je croyais qu’il pourrait continuer à vivre entre les mains de Lejos. Apparemment je me suis trompé mais je n’aurais pas pu rester car j’ai choisi de vivre avec Marina.

- Tu aurais dû me dire la vérité au lieu de me cacher des choses, je reproche à Lejos d’un ton dur.

- Tu n’es plus le patron même si la légende de La Pantera subsiste. Tu n’aurais rien pu faire pour changer ça.

- Mais bien sûr que si !

- Même l’Empire romain n’a pas pu contrer sa décadence.

- Si tu n’y crois plus alors qui pourra sauver El Barrio. Avec une mentalité pareille, la bataille est déjà perdue.

Je n’arrive pas à croire que mon meilleur ami, mon père de substitution dise une chose pareille. Je suis déçu de son comportement, je ne le pensais pas si faible et peu combatif. Peut-être que s’ils faisaient des missions de terrain plus souvent au lieu de rester terrer dans la Souricière, il serait plus motivé à sauver la situation.

Je suis véritablement accablé par ces révélations. En plus de retrouver Marina, je dois m’occuper de redresser El Barrio. Puis-je faire les deux ou dois-je choisir ? Mon destin n’est peut-être pas si linéaire que ça. Depuis ma rencontre avec ma femme, j’ai su que la direction de ma vie allait changer.

- Laisse-moi reprendre la situation en main Lejos, et je te promets que j’arriverais à sauver El Barrio. Je dois le faire si je veux sauver Marina.

Je sens que mon ami est en train de réfléchir.

- Je sais que tu ne renonceras jamais car je comprends que l’amour que tu ressens pour ta femme est trop fort. Tu es prêt à tout et c’est pour ça que j’accepte ton retour dans nos rangs. De toute façon, tu l’aurais fait sans ma permission.

- Merci Lejos, je souffle en serrant les dents.

- Mais ne pense pas que tu arriveras à sauver El Barrio, il est déjà condamné. C’est le destin de tous les grands cartels.

Je sais à quoi il fait référence et cela m’énerve plus que tout. Je jette mon portable au sol car je n’arrive à savoir quoi faire. Il faut que je réfléchisse.

***

Sixième jour du kidnapping de Marina. La mission a été préparé en express mais les hommes rassemblés sont prêts à agir aujourd’hui.

J’ai revêtu un bandana rouge sur mon visage, un vieux t-shirt avec un gilet pare balle. La sangle de mon porte pistolet est fixée sur mon jean usé. Mes bottes noires font du bruit sur le parquet déglingué d’un vieil entrepôt utilisé pour se rassembler.

J’ai pris des hommes expérimentés et de confiance pour cette mission. Ils sont vingt et un plus dix autres en arrière. Ces derniers doivent agir en cas de complications et n’ont pas connaissance que nous devons attaquer Los Huerfanos. En effet, Lejos m’a bien fait comprendre que les traitres étaient plus nombreux que ce que je croyais.

Les gens ont de moins en moins peur de La Pantera qu’ils pensent être une légende pour leur faire peur. Malgré les choses que j’ai fait pour les aider, cela ne suffit pas. La violence est toujours en augmentations et les milices envoyées dans les quartiers pour mon compte sont perçues comme des tyrans. D’autres cartels ont réussi à s’attirer les faveurs du peuple. Mais pour le moment, ce n’est pas ma priorité.

Nous avons repéré et pisté trois hommes influents de los Huerfanos. Réparti en trois équipes dans la ville, nous nous préparons à une intervention rapide et discrète. Nos ennemis sont suivis par des gardes du corps mais nous pourrons facilement les maitriser.

Nous ne nous montrons jamais à visage découvert dans les quartiers riches, touristiques et stratégiques. Les criminels préfèrent des endroits tranquilles et isolés pour faire leurs affaires. De ce fait, cela nous facilite la tâche.

Une fois que la mission a été expliqué à tous les membres, quittons l’entrepôt pour rejoindre les différentes positions. Des voitures vont nous déposer dans des endroits stratégiques pour poursuivre sans encombre la mission.

- Tenez-vous prêts à intervenir, je demande à mon groupe. Groupe deux où en êtes-vous ?

- Ennemi intercepté, nous sommes en train de lui soutirer des informations, me confirme le chef du groupe deux.

- Groupe trois, quelles sont vos positions ? je reprends.

- Cible en vue, nous attendons son installation au café.

Tout me semble normal pour le moment. De mon côté, l’homme que nous suivons vient de rentrer chez lui. Tapis dans le coin d’une rue étroite, nous attendons que la vigilance des gardes du corps baisse.

Une fois la chose faite, nous sortons de l’ombre. Avant qu’ils ne puissent réagir, mes hommes tirent avec un silencieux sur les deux vigiles présents sur le pas de la porte. Ensuite, je cours comme une fusée pour attraper la cible avant qu’elle ne s’enfuie alertée par la chute des hommes sur son palier.

Le quartier dans lequel nous sommes n’est pas un quartier pauvre mais il n’est pas non plus très riche. De ce fait, nous devons quand même nous montrer discret. Des policiers peuvent habiter dans le coin et je ne veux pas avoir de complications. Le groupe de secours se tient à deux pâtés de maisons en civil.

Je trouve l’homme à l’étage avec sa femme et une petite fille. Tous lancent un cri de terreur mais j’empoigne l’homme pour le jeter contre le mur. Après un instant de confusion, sa famille se cache dans une pièce tandis que ma cible sort une arme de sa poche.

Je suis rapidement aidé par mes soldats qui parviennent à le descendre dans le salon pour l’attacher à une chaine.

- Pas de panique, je commence en m’assaillant en face de lui. Je viens juste pour poser des questions.

- Je ne dirais rien, grogne-t-il.

Je fais signe à un de mes acolytes d’approcher. Deux soldats sont restés en haut avec sa famille pour être sûr qu’elle n’appelle pas la police et qu’il n’y a personne d’autres dans la maison.

- Los Huerfanos est impliqué dans l’enlèvement de Marina Alcarón, dis-je en montrant une photo de la personne. Je veux savoir où elle est et qui a commandité son kidnapping.

- Pourquoi elle vous intéresse ? questionne ma cible.

Je lève un doigt et l’un de mes soldats lui balance un coup de crosse en pleine figure. Je pense qu’il lui a cassé le nez car l’individu hurle.

Je n’ai pas l’habitude d’utiliser ce genre de méthodes sauf en cas de d’extrême nécessité et de trahison. Aujourd’hui il s’agit de ma femme et je serais intransigeant.

- C’est moi qui pose les questions ici et je veux que tu répondes à la mienne.

Voyant que l’homme continu de grogner je le prends par le cou.

- Répond à ma question et je te laisse tranquille avec dix mille pesetas.

- Je jure que je ne suis pas au courant d’un enlèvement, grimace l’homme.

Je lui envoie mon poing dans l’estomac si fort qu’il vomi sur ses vêtements. Comme j’ai prévu le coup, je me suis écarté. La cible est en train de gémir de douleur.

- Je ne sais rien, réplique-t-il. Les affaires les plus importantes sont gérées par Elvir et Jesus.

Les deux individus qu’il vient de citer sont les plus hauts membres du clan et je ne peux pas les attaquer sans que El Barrio se fasse écharper par tous nos ennemis. Je le savais déjà bien avant de me pointer ici.

Je renverse la table de la cuisine puis je frappe dans le canapé. Lejos avait raison, si je veux retrouver ma femme, il faudra que je sacrifie El Barrio mais aussi tous ces membres. Beaucoup d’entre eux vont mourir.

- Libérez-le, on se tire, je gronde en me tournant vers la sortie.

Plusieurs heures plus tard, je suis de retour dans ma villa. Les deux autres équipes n’ont rien pu tirer des cibles malgré une torture un peu exagérée par le troisième groupe.

Je m’assois à bout de force mentale dans mon canapé luxueux. Toute cette mission est un véritable échec et je n’ai toujours pas retrouvé Marina.

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