Chapitre 35 - Où te caches tu Marina ?

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Vicente

Je débarque à la Souricière en faisant une entrée fracassante. Des têtes se tournent vers moi lorsque je pénètre au centre de la pièce où gronde le moteur des ordinateurs. Ils savent tous qui je suis même si la plupart des gens me pensaient morts. En effet, je n’ai pas remis les pieds ici depuis un certain temps pour me consacrer à mes affaires de famille. Je m’occupais des affaires sérieuses au téléphone.

J’ai ressorti mon bandana rouge qui était en train de prendre la poussière. Je ne souhaite pas que mon visage soit reconnu par une tierce personne qui serait capable de blablater avec des personnes peu amicales.

Compte tenu de la situation actuelle du clan, il ne faut prendre aucun risque. Je suis suffisamment inquiet pour l’avenir de El Barrio.

- Tu es arrivé en un temps record, m’interpelle Lejos dans mon dos.

- Nous n’avons pas de temps à perdre, nous devons la retrouver.

- J’ai mis tous mes hackeurs de confiance sur le coup et les autres généraux, explique le nouveau chef de El Barrio.

Il me fait signe de le suivre dans une pièce fermée par des stores et qui contient un bureau avec peu de dossiers sur les étagères.

- Nous sommes bien mieux dans ces locaux, ils sont beaucoup plus grand que l’ancienne Souricière, me confie Lejos en s’asseyant confortablement dans son fauteuil.

- Viens-en au fait ? je le presse en faisant les cent pas dans le petit bureau.

Lejos pousse un soupir avant de me sortir un grand carnet avec des notes manuscrites.

- Nous ne savons pas qui est derrière cet enlèvement, reprend-t-il avec sérieux. Delgado et L’Italien ont mené des enquêtes sur le terrain. De mon côté, j’ai essayé avec mon équipe de technicien de trouver des indices via le satellite puisque Marina n’a pas de téléphone sur elle et qu’il n’y a pas de caméra en dehors des villes.

Je lâche un grognement d’impatience qui fait lever au ciel les yeux de Lejos.

- Los Huerfanos se sont reconstruit très vite, ce qui est vraiment étrange pour un cartel dont presque tous les membres importants sont morts. Je me demande où ils ont pu trouver la force et le financement nécessaire.

- Je ne vois pas le lien avec Marina, je le coupe.

- Lors Huerfanos sont en train de liguer tous les autres cartels et gangs contre nous. Notre influence est tellement étendue autour de Mexico que c’était obligé qu’une coalition se forme contre El Barrio.

- Tu penses que ces sales fils de putes auraient pu enlever Marina ? Ils ne savent même pas qui est La Pantera ni Vicente Alcarón.

- Nous avons réussi à retrouver la voiture dont tu m’as parlé grâce aux enregistrements satellites que mon équipe a piratés.

- Génial !

- Ne me demande pas de refaire une chose pareille, me réprimande Lejos. Toute notre organisation aurait pu être en danger à cause de ça. La CIA nous aurait exterminé en moins de deux. Je ne veux pas leur donner une raison de s’intéresser à nous.

Je finis par m’asseoir pour me calmer mais je continue de taper du pied ce qui énerve profondément mon ami.

- La voiture s’est arrêtée au port de Victoria aux Seychelles. Elle est montée sur un bateau qui se dirigeait vers le Cap de Bonne Espérance. Je n’ai rien pu voir d’autres, nous devions couper la transmission avant d’être repéré.

- Merde !

- Avoir accès à ces images enregistrées relève presque de l’impossible, me rassure Lejos. Marina est à bord d’un bateau, c’est déjà une bonne chose de le savoir.

- Donc t’es en train de me dire qu’on est toujours au point de départ ! je m’exclame.

- Tu m’as dit que les hommes qui l’ont enlevé étaient mexicains.

- Parce qu’ils avaient l’accent ces bâtards !

- Je pense qu’ils ont été payés par quelqu’un pour faire le sale boulot. Il est possible que ce soit des membres de Los Huerfanos ou des gangs affiliés.

- Mais dans ces cas là… je prononce en commençant à réalise l’horreur de la situation.

- Le ou les individus qui se cachent derrière tout ça savent probablement que La Pantera et Vicente Alcarón sont la même personne.

***

Cela fait plusieurs heures que je tourne en rond dans ma maison. L’absence de Marina rend l’immensité de la demeure triste. Encore une fois, je ressens cette sombre solitude à laquelle j’ai toujours voulu échapper.

Lejos n’a pas réussi à avoir de nouvelles informations. A partir de là, je ne vois pas comment nous allons faire pour retrouver Marina. Tant que nous ne savons pas qui sont nos ennemis, il va être difficile de lutter contre un fantôme.

Mon ami est en train de mener une enquête approfondie du côté de Los Huerfanos afin d’en savoir plus sur son enlèvement. Nous avons réussi à infiltrer des contacts lorsque le cartel a commencé à se reconstruire.

Pour le moment, il n’y a rien concernant une mystérieuse cargaison par bateau. J’espère que nous aurons des informations dans quelques jours. Après tout, Marina doit être encore en mer. Je suis arrivé bien plus vite en avion.

Nous n’avons pas les moyens d’intercepter le bateau sans l’aide des gardes côtes. Ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus car on peut toujours les soudoyer pour cette faveur.

Désolé mon cher président, je sais que tu fais de la lutte contre la corruption ton cheval de bataille mais pour ma femme, je suis prêt à tout. Si ça se trouve lui aussi traine dans des affaires louches et ce ne serait pas la première fois de la part d’un président.

J’entends mon téléphone crypté sonner et je bondis dessus comme si ma vie en dépendait.

- Est-ce que tu l’as retrouvé ? je demande à Lejos.

- Du calme, je t’appelle pour te dire que j’ai imprimé les images satellites du bateau où se trouve certainement Marina.

- Comme ça « certainement » ? je demande interloqué.

- La voiture était sur ce bateau donc j’ai conclu que Marina aussi. Mais il est possible que ça soit un leurre pour brouiller les pistes.

- Lejos, ne commence pas à m’agacer, je gronde.

- J’ai envoyé plusieurs espions sur tous les grands ports de la côte est, continue-t-il sans prendre en compte ma remarque. Ils ont la description du bateau et seront prêts à donner l’alerte s’ils le voient.

- C’est déjà un bon début, je commente pour que Lejos pense que je suis satisfait de son travail qui n’avance pas assez vite à mon goût.

Je sais qu’il fait ce qu’il peut pour sauver Marina mais pour moi ce n’est pas assez. Le problème est que c’est Lejos le génie de la bande. Je suis doué en stratégie de combat et pour mettre en œuvre des guet-apens mais pas pour rechercher une personne disparue. C’est aussi pour ça que j’ai voulu lui confier la direction de El Barrio. Je suis certain que si sa famille avait eu les moyens à l’époque, il aurait pu devenir un excellent ingénieur. Au lieu de ça, il a dû tout apprendre en informatique par lui-même. Si mon père n’avait pas vu en lui ces qualités, Dieu seul sait ce qu’il serait devenu.

- Je vais te laisser continuer tes recherches, je soupire une fois calmé. Je ne te sers à rien donc il vaut mieux que je te laisse travailler.

- Ne fait pas de bêtises V, s’inquiète mon ami. Je sais que c’est très dur pour toi mais essaye de trouver une occupation en attendant de retrouver Marina.

- Et si on ne la retrouve pas ? je recommence à paniquer.

- Ils finiront par venir vers nous. Il est impossible qu’ils gardent ta femme et je ne vois pas pourquoi il la tuerait.

Heureusement que Lejos est un homme censé qui réfléchit. Je passe un peu pour un con à côté de lui.

- Repose-toi bien fils, je te recontacte quand j’ai du nouveau.

Je raccroche puis je jette mon téléphone sur le canapé. Je ne sais absolument pas quoi faire de mes journées en sachant que Marina est retenue quelque part. Cela me parait idiot et égoïste de me tourner les pouces.

Mais compte tenu de ce que nous avons comme indice, je ne suis pas très utile. Toutefois, je vais peut-être organiser une petite visite chez Los Huerfanos s’ils ne se bougent pas les fesses pour faire fuiter des informations.

Malgré moi, je resterais toujours La Pantera et je ne peux pas lutter contre mes instincts primaires pour protéger celle que j’aime. Lejos ne va pas être ravie par l’idée mais tant pis, il devra se ranger de mon côté même si désormais je ne suis plus le chef.

Je prends une feuille de papier pour monter un plan avec des hommes de confiance. Il faudra se rapprocher de ceux qui côtoient les chefs de Los Huerfanos car les petits rapporteurs ne nous serviront à rien.

Lejos est le cerveau et l’informaticien de El Barrio. Moi, je suis les poings et la vigueur du groupe. Ensemble, nous sommes forts et je ne laisserais personne croire en la faiblesse du cartel.

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