Chapitre 33 - Paradis perdu

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Vicente

Quelques minutes plus tard, je parviens à me redresser sur le bitume. L’adrénaline a quitté mon corps et je me sens très mal. Mon cœur est aussi déchiré que mon t-shirt.

Une voiture passe devant moi sans s’arrêter. Il y a du sang partout sur le tissu et probablement aussi sur mon visage. Je dois faire peur à voir dans cet état.

Je décide de prendre la route en marchant même si j’aimerais courir aussi vite qu’un guépard ou qu’une panthère dans mon cas.

Je ne peux cependant rien faire de plus. Mon portable a littéralement explosé dans la poche de mon pantalon sous le choc de ma chute.

La nervosité et la colère me gagnent de plus en plus lorsque je descends la route pour rejoindre le bord de mer.

J’ai vraiment peur pour Marina et de la personne qui la détient. J’aimerais tellement savoir qui sait que je serais prêt à le demander aux étoiles ou a une voyante pour le savoir.

Malgré tout, c’est encore ma faute. Je n’ai pas su protéger celle que j’aimais et maintenant elle a disparu. L’ironie du sort est que la première fois c’est moi qui aie procédé au kidnapping. Désormais, elle est entre les mains de Dieu sait qui.

Je pensais avoir fait une erreur en laissant Marina retourner auprès de ses parents. En fait, la véritable erreur était de revenir la chercher en France. J’aurais dû la laisser avec Oscar mais j’étais tellement dominé par ma jalousie et mon égoïsme que je n’ai pas réfléchit à ce qui était le mieux pour elle.

Je croyais que je pourrais être heureux et tranquille avec ma femme si je quittais El Barrio et le masque de La Pantera. En réalité, mes ennemies courent toujours dans mes pattes sans que je sache de qui il s’agit. Ce dernier élément me rend fou car je ne sais pas contre qui je dois me battre et où est-ce que je dois chercher Marina. J’aimerais avoir le temps de le faire avant de me faire assassiner par son père.

Je pense qu’il est préférable de ne rien dire pour le moment. Cela va dépendre du temps qu’il me faudra pour retrouver Marina.

Si je fais appel à Lejos et El Barrio, je ne peux pas prévenir les autorités. De plus, les journalistes risquent de s'emparer de l’affaire et je ne veux absolument pas que cela devienne public. Le mieux est de rester dans l’ombre comme je l’ai toujours fait.

Après plus d’une heure de marche pour arriver au bord de la mer, je ne suis pas plus rassuré. Je pénètre dans l’hôtel sous le regard horrifié des employés de l’accueil.

- Que vous est-il arrivé monsieur Alcarón ? demande une femme en anglais.

- Je me suis fait attaquer par des bandits sur la route, je réponds en soupirant.

- Votre femme n’est pas avec vous ? panique-t-elle.

- Elle est à l’hôpital, je mens. Dès qu’elle sera rétablit, je quitterais l’île avec elle.

- Si vous avez besoin d’un docteur ou que j’appelle la po…

- Ne vous inquiétez pas, je vais très bien, je la coupe.

L’employée me tends une serviette pour mon visage et je me dirige vers l’ascenseur. Le miroir reflète un visage qui comporte plus de sang que de peau. C’est normal que tout le monde ait commencé à paniquer en me voyant.

Arrivée dans ma chambre je me précipite dans la salle de bain pour attraper la trousse de secours.

Je suis habitué à ce genre de choses et je n’ai plus vraiment mal. Mon nez à beaucoup saigné et mon visage a râpé contre le bitume. J’essuie les traces de sang en vitesse puis je change de vêtement.

Je prends le téléphone de la chambre pour prévenir le groom que préparer faire sortir mes affaires et d’appeler un taxi. Le temps presse, cela fait déjà trois heures que Marina a disparu des radars.

Je boucle rapidement toutes les valises puis je descends par l’escalier de service pour sortir de l’hôtel sans être vu.

Mon seul objectif et de choper un téléphone portable pré payé pour appeler Lejos. Bon sang, qu’est-ce que je ferais sans lui ?

Une fois la chose faite, dans un magasin d’occasion à la sortie de la ville, je suis enfin prêt à mener directement cette enquête.

- Boutique Men & Go, je suis Sonia votre vendeuse. Que puis-je faire pour vous servir ?

- Bonjour, je souhaite retirer la commande 4710.

Il s’agit du nouveau code que Lejos a mis en place pour limiter les traces laissées par El Barrio.

- Un instant, je vous prie.

Après quelques secondes, une voix masculine se fait entendre.

- Ici, Mascareignes quel est le problème ?

- Je dois absolument parler à Lejos.

- Quel est votre nom de code ?

- Dites-lui que c’est urgent je n’ai pas de temps à perdre.

- Votre nom de code, répète le standardiste.

- Appelez-moi Lejos sur le champ ou je vous préviens que La Pantera va vous éliminer Mascaraignes ! je gronde.

Un silence se fait entendre et je suis presque certain qu’il a raccroché. Je m’apprête à jeter le portable au sol quand une voix familière répond.

- Qu’est-ce qui se passe V ?

- Lejos, c’est la merde, Marina a été kidnappé.

- Comment ça kidnappée ? demande mon interlocuteur sans comprendre.

- Des hommes nous ont attaqué sur la route, j’explique. Notre chauffeur était un escroc et une voiture remplit d’hommes nous a attaqué et ils ont embarqué ma femme. C’est impossible que ce soit une coïncidence, ces hommes étaient mexicains j’en suis certain.

Je sens que Lejos est en train de réfléchir et j’espère sincèrement qu’il fera ce qu’il faut pour que tout rentre dans l’ordre.

- Je vais faire ce que je peux pour la retrouver, soupire mon ami.

- Merci mon pote.

- Je t’avais pourtant mis en garde que cette vie était dangereuse pour Marina. La situation est délicate Vicente, tu as des ennemis tout comme La Pantera. Le fait que tu disparaisses ne changera rien.

- Je sais que j’ai merdé…

- Tu es une vraie tête de mule, c’est toujours la même chose avec toi, s’emporte Lejos. J’espère que Marina va s’en sortir sinon ce sera la fin pour toi.

Monsieur Portier n’aura alors plus aucune raison de me laisser vivre tranquillement ma vie alors que sa fille, ma femme est décédée. Mais, si nous en arrivons vraiment là, je pense que je préfèrerais mettre fin à mes jours.

- Je sais, je soupire à mon tour.

- Rejoins-moi à Mexico dès que tu peux pour m’aider à la retrouver.

Sur ces mots, mon ami raccroche.

Je crois que la cérémonie intime va être annulée. Encore une fois, tous mes plans sont foutus en l’air.

***

J’ai demandé un jet privé en express pour rejoindre le Mexique. Heureusement que je suis riche et influent sinon il aurait été impossible de décoller avant demain matin. La personne a qui j’ai piqué le jet ne va pas être contente mais les pilotes n’ont pas pu résister à l’appât du gain.

Le ciel est sombre et je suis bercé par le bruit du moteur de l’avion. J’essaye de réfléchir mais c’est comme si mon cerveau était embrouillé. Je n’arrive pas à savoir qui peut être derrière tout ça. Il va falloir que je pose des questions à Lejos qui est inquiet depuis un moment au sujet de El Barrio. Le cartel est ma seule piste pour retrouver ma femme alors j’espère qu’elle est bonne.

Il est fort probable que Marina soit en route vers l’Amérique Latine. Il ne serait pas logique qu’elle reste aux Seychelles. Avec un peu de chance, je recevrais peut-être un indice du ciel.

J’aimerais pouvoir profiter de la nuit pour dormir mais je ne crois pas que cela soit possible tant que je n’aurais pas retrouvé Marina. J’entends déjà la voix de Lejos me réprimander à cause de ça. Eh bien, il ira se faire foutre.

Je regarde fixement les verres que j’ai pris dans le bar. Il faut absolument que je réussisse à chasser la nervosité et la colère qui me gagne sous peine de me laisser dominer par mes émotions.

Je desserre mes doigts des accoudoirs mais je ne parviens pas à me détendre. J’ai bu plusieurs verres de whisky et je commence à me sentir de plus en plus mal. Il faut que je me reprenne car ce n’est pas dans cet état que j’arriverais à retrouver Marina. Ma seule prière se tourne vers ses conditions de détention. Si j’apprend qu’un des kidnappeurs a fait du mal à ma femme et à mes enfants, je le détruirais lui et toute sa famille. Dans de pareilles circonstances, je pense que je buterais tout le monde y compris le commanditaire de tout ce merdier. Je suis La Pantera et je ne permettrais pas que quelqu’un fasse du mal à ma famille.

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