Vicente

- De quoi parle-t-il ? questionne-t-elle.

- Il n’y avait pas de place alors j’ai donné plus d’argent, je grogne.

Marina lève les yeux au ciel mais ne dit rien. J’espère qu’elle n’est pas contrariée par mon arrangement avec le propriétaire.

Je prends sa main dans la mienne puis je dépose un baiser dessus. Elle me lance un sourire crispé mais ne dit rien.

- Je voulais te faire plaisir, je soupire.

- Et tu as réussi, confirme ma femme. Je voudrais juste que tu ne fasses pas le mec privilégié en te sentant obligé d’utiliser ton argent parce que tu es frustré.

- Ce n’est pas vrai ! je m’écris choqué par ses mots.

- Tu as vécu dans la misère et maintenant que tu es riche tu ne sais plus te priver. Tu veux absolument tout contrôler.

Je ne dis rien car je sais que Marina a raison.

- Tu veux quand même refaire un tour en ULM ? je finis par demander en la regardant du coin de l’œil.

Ma femme me lance un sourire radieux et me serre la main.

La voiture nous dépose devant notre hôtel. Les serveurs commencent à servir le dîner et je me précipite à la table qui nous est réservée. J’ai vraiment faim et je vois que Marina aussi.

Je fais signe à un employé de venir à notre table puis je lui indique les plats que je veux sur le menu en papier glacé.

- Je vais prendre un service de la mer puis votre steak grillé aux pommes de terre ainsi que votre plateau de charcuterie et de fromage. Je veux une double portion, mettez ça sur ma note.

Je me tourne vers ma femme qui me regarde avec de grands yeux ronds.

- J’ai vraiment faim, je grogne en lui faisant signe de commander.

- Moi aussi je meurs de faim mais je ne vais pas manger tout ça, rit-elle.

Ma princesse se tourne vers le serveur et montre sur la carte les mêmes plats que moi.

- Ne fais pas la maligne avec moi alors que tu prends la même chose ! je la taquine en la pointant du doigt.

- Je n’ai pas pris une double portion à chaque fois ! se défend-t-elle en riant.

Elle pose un doigt sur mon ventre.

- Fais attention, tu es en train de perdre tes abdos ! remarque-t-elle.

- Je fais toujours du sport, je me justifie en secouant la tête.

Je soulève légèrement ma chemise. En effet, j’ai encore perdu du muscle depuis que je suis venue voir Marina à Paris. Mes abdominaux et mes pectoraux sont encore visibles, je n’ai pas de soucis à me faire pour l’instant. Concernant mes biceps, ils sont toujours imposants et mes costards sont toujours à ma taille.

- Pour être honnête, je préfère quand tu as moins de muscle, me complimente ma femme.

- Je fais moins peur c’est ça ? je ricane en haussant les sourcils.

- Je ne suis pas particulièrement fan des accros à la salle, explique-t-elle.

Je gonfle mon ventre et mes biceps en signe de fierté. Marine laisse échapper un rire cristallin que j’adore.

Le serveur vient nous apporter nos entrées. Mon plat contient une double portion et Marina a dû mal ne pas rire face à cette montagne de fruits de mer.

Pour lui prouver que je suis sérieux dans ce que je fais, je finis mon assiette. En signe de provocation, elle finit la sienne.

- Tu veux jouer à ça avec moi ? je demande d’un air sournois.

Ma femme ne répond rien mais me lance un regard de défi.

Le serveur amène mes deux plats et celui de Marina. La table est recouverte de nourriture et ma princesse prend une photo.

J’ai besoin de beaucoup de temps pour finir mon assiette alors que Marina finit avant moi. Mon ventre est bien rempli et je n’ai plus faim du tout.

Nous nous levons et je prends ma femme par la main.

- Les enfants ne pourront pas dire qu’ils n’ont rien à manger dans le bidou de maman, je fais remarquer en riant.

Marina se retourne vers moi avec surprise.

- Depuis quand tu parles comme un papa poule gaga ? questionne-t-elle.

- Si ça ne colle pas avec mon image, je peux arrêter, je réplique.

- Non ! C’est très bon comme ça.

Elle me prend dans ses bras et je sens son ventre se coller contre le mien. Je la soulève délicatement pour la porter jusqu’à notre chambre. Certains clients nous regardent avec curiosité mais je m’en fiche.

J’embrasse ma femme sur la bouche puis je l’aide à retirer ses vêtements. Nous avons décidé de prendre notre bain ensemble pour nous détendre de cette journée épuisante.

Je suis sûre que sa mère aurait fait une crise cardiaque si elle avait su toutes les activités que nous avons faites. Marina est peut-être enceinte mais elle n’est pas en sucre.

Je fais couler le bain puis j’aide ma femme pour ne pas qu’elle glisse. J’enlève moi aussi mes habits puis je viens près d’elle.

C’est l’été mais nous avons besoin d’un bain chaud.

Je serre ma femme contre mon large torse comme si j’allais la perdre. Je suis tellement heureux qu’elle soit mariée avec moi et je remercie le ciel chaque jour de nous avoir réuni. Les instants où j’étais encore l’ombre de moi-même se sont effacés de ma mémoire comme s’ils n’avaient jamais existé. Je sais que je l’ai laissé partir, mais je pensais que c’était trop dangereux pour elle d’être avec moi. Je ne pouvais pas vivre à l’idée qu’il lui arrive quelque chose.

Si Marina n’était pas avec moi aujourd’hui, je serais probablement mort comme une merde sur un trottoir. Je serais retourné dans la rue, là d’où je viens. Elle ne sait peut-être pas qu’elle m’a sauvé une seconde fois.

- A quoi tu penses ? demande ma femme.

- A ce que ma vie aurait été sans toi, je murmure. Je ne serais plus rien, je serais mort dans la tristesse et dans la drogue.

Elle se retourne et m’observe avec inquiétude.

- Tu as pris beaucoup de drogue ? Je croyais que tu n’en prenais pas.

- J’en prenais de temps en temps quand j’étais plus jeune. Quand je t’ai laissé partir, je ne l’ai pas supporté. Je pensais être plus fort mais tu vois même moi, La Pantera crainte de tous, j’ai une grosse faiblesse. J’ai repris de la drogue et j’ai commencé à boire plus que de raison.

Marina me fait un câlin pour me signifier qu’elle me soutient. Elle sait que j’ai beaucoup souffert même si toute cette souffrance est entièrement de ma faute.

- Nous sommes ensemble maintenant et rien ne pourra nous séparer.

- Je ferais tout pour te protéger, je te le promets.

Nous échangeons un baiser puis je lui chatouille la joue avec la mousse. Je prends un gant de toilette pour lui frotter le dos. De l’autre main, je lui caresse son ventre en pensant à la vie qui grandit en elle. Je ne sais pas encore comment vont s’appeler nos enfants mais nous avons encore le temps.

Nous sommes bien ici et j’ai l’impression que rien ne peut nous arriver. Je donnerais n’importe quoi pour rester ici, dans cette salle de bain pour toujours.

***

Aujourd’hui, nous avons décidé de suivre un planning similaire à celui de la veille. Nous sommes allées nous baigner avant que le soleil ne soit à son zénith car il fait trop chaud. Ensuite, nous sommes allés à l’aquarium pour observer les créatures marines. Nous avons terminé par un survol de l’île avant le coucher du soleil

Comme la dernière fois, une voiture vient nous chercher pour nous conduire à l’hôtel. Je prends sa main dans la mienne puis je me tourne vers l’avant de la voiture.

Je remarque alors qu’elle n’est pas comme la première que nous avons prise et je ne reconnais pas le chauffeur. Il porte des lunettes noires et je ne peux pas l’identifier.

La voiture s’arrête brusquement au beau milieu de la route. La portière s’ouvre brusquement et tire ma femme en arrière.

Mes réflexes sont bons et je me jette sur elle pour la retenir. Malheureusement, je suis moi aussi tiré mais dans l’autre sens. Mes doigts glissent sur la peau de Marina et je la lâche.

- Non ! je crie.

Je finis par terre, hors de la voiture. Je n’ai pas le temps de voir ce qui se passe car plusieurs individus se jettent sur moi pour me donner des coups d’une violence inouïe.

- Vicente ! hurle ma femme.

Impossible de me relever, ils sont trop nombreux. Je dois attendre que mes ennemis déguerpissent pour pouvoir me relever.

Une camionnette bleue démarre et je cours derrière elle comme un dératé. Malgré ma vitesse fulgurante dopée par l’adrénaline, je ne parviens pas à rattraper le véhicule. Je m’effondre sur le bitume comme une masse.