Chapitre 28 - Le mariage

7 minutes de lecture

Marina
Le grand jour est enfin arrivé. Après plusieurs semaines de travail, le mariage va se passer dans le luxe et la bonne humeur.
Afin de respecter les croyances et notre héritage, nous allons nous marier dans la cathédrale de Veracruz. Mes parents et ma sœur sont arrivés hier soir mais ils ne veulent pas loger chez nous alors ils vivent à l’hôtel.
L’ambiance entre nous n’est pas excellente même si je parle toujours à ma sœur au téléphone. Cette dernière accepte mieux ma décision que mes parents et je le comprends. Ma mère n’est plus autant contrariée mais elle ne veut pas parler à Vicente plus que nécessaire.
Ma robe de mariée est constituée d’une couche de tulle et de satin. Elle a des manches en fine dentelles qui recouvrent également le dos. La ceinture blanche n’est pas serrée à la taille mais au-dessus de mon ventre. On ne voit pas que je suis enceinte sous cette couche de tissus mais les médias l’ont dévoilé. Vicente m’a assuré qu’une fois le mariage et le voyage terminés, ils n’en parleront plus et nous serons tranquilles.
Mon père m’aide à sortir de la limousine avec un sourire crispé. Je sais que ses anciens associés de Mexico ont critiqué ma relation avec Vicente Alcarón. En effet, il ne constitue pas un allié pour eux car il ne prend pas la direction de leurs intérêts. En revanche, mon fiancé est beaucoup plus proche du gouvernement.
Mon voile dégringole sur mes épaules lorsque je me redresse. Les portes de l’église sont face à moi et il n’y a personne d’autre. Le périmètre a été balisé pour ne pas que la cérémonie soit perturbée par des individus extérieurs.
- Je n’imaginais pas du tout ce moment comme ça, je chuchote pour moi-même.
- Et moi donc ! s’exclame mon père qui a attendu.
Un silence se fait entre nous et je commence à marcher sur le tapis rouge. Mon géniteur me retient par le bras qu’il a lâché quelques instants plus tôt.
- Ce n’est facile pour personne, soupire mon père. Nous sommes très inquiets pour ton avenir Marina. Je ne veux pas que tu aies des problèmes avec les autorités parce que Vicente s’est mêlé à des magouilles.
- Ce n’est pas le moment de parler de ça ! je m’agace. En plus, je t’ai déjà expliqué qu’il n’est plus le chef de El Barrio. Je sais qu’il a encore une relation avec l’un de ses généraux mais ils sont comme père et fils. Tu devrais comprendre ça.
Mon père a un mouvement de recul avant de revenir vers moi. J’ouvre la porte du bâtant pour signifier que je suis prête.
La musique retentit et je commence à avoir peur. Je sens la main de mon père sur mon bras et je serre le bouquet contre mon ventre. Les portes s’ouvrent et je regarde droit devant moi.
Je vois du coin de l’œil qu’il y a du monde. Je sais que je ne connais pas la moitié des personnes. Je peux citer mes proches facilement : Lina, maman, papa, mamie, papi, Palma et Estella. Cette dernière a été choisie comme témoin tandis que Vicente a choisi Sam. Il est près de Vicente et se retient de sauter de joie dans l’église.
Après une marche interminable je suis près de mon futur mari qui me lance un sourire radieux. De nombreux flashs éclatent dans mon dos mais je n’y fais pas attention. Les paroles de l’évêque m’emportent dans un autre monde et il n’y a plus que nous devant l’autel. Il récite la première lettre de Saint-Paul apôtre aux Corinthiens utilisés traditionnellement dans les mariages. Ensuite, nous récitons une prière que nous avons composée ensemble au préalable.
L’attente est interminable et je commence à avoir mal au pied. Nous arrivons à la fin de la cérémonie et nous devons échanger nos vœux et nos alliances.
Lorsque nous nous embrassons, un tonnerre d’applaudissements se fait entendre. Je sors de l’église aux côtés de mon mari sous des pétales de fleurs.
Une fois l’émotion passée, de nombreuses personnes, familles et couples que je ne connais pas viennent nous féliciter. Vicente se montre toujours très poli avec eux et me chuchote leurs noms à l’oreille.
Je commence à être fatiguée et nous montons dans la limosine pour faire le trajet jusqu’à un palais privé ayant appartenu à une grande famille noble pendant la période coloniale.
- Je suis si heureux pour nous, se confie-t-il une fois au calme dans le véhicule.
Vicente serre ma main puis laisse un baiser dessus. Malgré ma grosse robe, je parviens à me serrer contre mon mari. Je me repose quelques instants contre lui le temps d’arriver dans la salle de réception.
Le château est immense et nous sommes accueillis par des dizaines et dizaines de personnes engagées pour l’événement. Une spécialiste coiffure m’invite dans une petite pièce presque cachée. Elle me retire le voile des cheveux sans abîmer ma coiffure puis elle retouche rapidement mon maquillage. Mon mari est appuyé contre le mur en attendant que je sois prête.
J’attends beaucoup de bruit de l’autre côté de la tapisserie, signe que les invités entrent par groupe dans le domaine. Les tables étaient disposées à la fois dans la salle de bal et dans le jardin parfaitement entretenu. Il y a presque une centaine de personnes présentes dont une partie sont venues de l’étranger.
Nous avons engagé un traiteur et des cuisiniers français et mexicains pour symboliser nos deux cultures. Car il s’agit aussi de cela pour les invités et les médias du Mexique : un échange, une alliance entre nos deux pays, la possibilité d’un mélange ethnique basée sur une culture similaire. Un média a même parlé d’une réconciliation entre les dominants et les dominés de l’époque coloniale.
Assise sur la table principale avec mes proches, je suis blasée par tout ce faste. Je souhaitais quelque chose de sobre mais comme il s’agit de se montrer, nous devions faire quelque chose de grandiose. Je pique un fard en imaginant que de nombreuses femmes auraient aimé être à ma place et que je ne suis pas satisfaite de mon mariage. J’aurais préféré une cérémonie plus intime et moins luxueuse.
Vicente se lève pour faire un discours et les invités se taisent pour l’écouter :
- Merci à vous d’être venu assister à l’événement le plus important de ma vie. Notre couple a beaucoup été critiqué, par des personnes de tous les milieux. Malgré notre différence d’âge et la jeunesse de ma femme, nous nous aimons et nous sommes prêts à relever les défis de la vie.
Ce discours fut bref mais il fut acclamé avec enthousiasme. J’observe les invités à ce moment précis. Ils semblent tous heureux et insouciants. Je me demande vraiment si je suis encore au Mexique. Je suis si loin de la réalité, si loin de la misère et de El Barrio. Parfois, je regrette cette vie secrète mais j’aurais été obligé de l’abandonner dans tous les cas pour pouvoir élever mes enfants.
Vicente me serre la main et je sors immédiatement de ma rêverie. Je me concentre alors sur les entrées qui sont devant moi. Je n’ai pas très faim mais je mange.
A la fin du repas, on nous conduit dans une autre salle où trône la gigantesque pièce montée. Mon mari coupe habillement des pars avec un couteau et le champagne est servi par des employés. L’un d’entre eux me serre un verre et je fronce les sourcils lorsque sa manche de costume se relève sur un tatouage. Il me semble le reconnaitre mais je ne sais pas d’où.
Malheureusement, je n’ai pas le temps de réfléchir car la musique jouée par un orchestre retentit et Vicente m’entraine au centre de la pièce. Nous devons commencer la première danse en signe d’inauguration.
Une fois la chose faite, j’ai la tête qui tourne et je décide de m’asseoir sur une chaise en velours. Mon mari me rejoint rapidement en s’inquiétant de mon état. Je serre mon gros ventre d’une main mais ce n’est pas lui le problème.
- Il faudrait que tu prennes l’air, commente-t-il en m’aidant à me relever.
Il y a peu de monde dans les jardins et l’air est beaucoup plus respirable qu’à l’intérieur même si les températures sont douces.
Je m’assois sur un banc avec mon mari puis j’observe le paysage. Je ne sais pas quelle heure il est, mais le soleil m’indique que le temps est avancé.
- Il y a quelque chose qui te préoccupe ? me demande-t-il. Je vois bien que tu n’es pas dans ton assiette.
Je lâche un soupir avant de me tourner vers lui.
- J’aurais aimé une autre cérémonie.
- Je sais ma chérie et je t’ai promis un moment avec plus d’intimité.
Je pose ma tête sur son épaule.
- Je ne me sens plus à l’aise dans cette robe, je souhaiterais partir. Notre vol pour les Seychelles part dans quelques heures.
- Nous serons très en avance, confirme Vicente, mais nous pouvons prétexter un malaise. Ce ne serait pas étonnant, c’est difficile de porter deux enfants.
Je hoche la tête puis je me relève avec lui.
Dans la salle de bal, ma mère vient à ma rencontre. Une ride d’inquiétude barre son front mais je lui fais signe que je vais bien.
- Tu t’en vas ? demande-t-elle.
- Je ne suis pas à l’aise dans ce genre de circonstances, je me justifie.
Ma mère semble déçue de ne pas passer plus de temps avec moi. Lina discute avec mes amies et vient de voir quand elle comprend que je quitte le château.
- Je viendrais en France après l’accouchement, j’explique en faisant un câlin à chacune.
- Tu devrais venir en France, les services sont meilleurs, tente de me convaincre ma génitrice.
Je secoue la tête avant de m’éloigner avec mon mari.

Annotations

Vous aimez lire WrittenByChloé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0