Chapitre 26 - Nouvelle année

7 minutes de lecture

Marina

Noël est là et notre mariage approche à grands pas. Les derniers détails ont été réglé par notre wedding planner Lauren. Nous avons eu du mal à nous décider sur la date exacte qui n’arrêtait pas de changer. Il aura finalement lieu le 5 et 6 février.

Je suis assise sur le canapé près de l’immense sapin décoré et illuminé. Une cheminée moderne chauffe le salon dans lequel je me trouve.

C’est la première fois que je ne suis pas avec ma famille pour ce moment-là. C’est étrange, je ressens un peu de mélancolie. J’ai toujours été plus mature que les personnes de mon âge, plus sage qu’Estella. Même si j’ai l’impression d’avoir pris de l’âge rapidement, je me sens encore une adolescente.

J’observe mon ventre en soupirant. Maintenant, je suis obligée de me comporter comme une adulte, je n’ai plus le choix. Avec mon gros ventre, je ne suis plus capable d’aller à l’université alors je bénéficie d’aménagement particulier.

J’observe les magazines sur la table. Plusieurs d’entre eux comportent un article concernant mon couple avec Vicente. Ce dernier a servi aux journalistes sur un plateau tout un tas d’informations concernant notre rencontre. Cette idée d’affichage me met mal à l’aise après avoir passé beaucoup de temps dans l’ombre avec La Pantera.

Ma grossesse se déroule pour le mieux mais j’ai peur pour mon ventre car je sais qu’il deviendra énorme avant l’accouchement. C’est pour cela que j’ai prévu une robe de mariée évasée qui cache au maximum mon état.

J’appelle mes parents de temps en temps. Quand j’ai annoncé à ma mère que nous allions avoir des jumeaux, elle a pleuré. Je ne sais pas si c’est de tristesse ou de joie. Moi, je prie pour qu’il n’y ait aucune complication car avoir deux enfants en même temps ce n’est jamais facile.

Je me redresse pour monter à l’étage. J’ouvre la porte où se trouve la chambre des jumeaux. Vicente a fait peindre les murs en rose et bleu. Deux berceaux identiques et de chaque couleur trônent près de la fenêtre. Il y aura bientôt deux bébés à l’intérieur.

- Marina ? appelle mon fiancé.

Il est allé chercher une bouteille de vin dans le garage et doit sûrement s’inquiéter de ne plus me voir sur le canapé.

Je descends les escaliers pour le rejoindre dans le salon. Habillé d’un polo rouge à manche longue, il agite la bouteille de la main en souriant.

- Où étais-tu passé ?

- Personne ne m’a kidnappé, je le taquine.

Vicente lâche une grimace et me tire une chaise pour que je m’assois sur la table que j’ai décorée. Nous avons acheté beaucoup de décoration pour l’occasion.

Mon fiancé observe la table en ayant l’air pensif puis ouvre rapidement la bouteille pour nous servir.

- Qu’as-tu pensé ? je lui demande.

- Je n’ai jamais fait ça, explique-t-il l’air pensif.

- Ouvrir une bouteille de vin ?

- Non, s’esclaffe-t-il. Je ne n’ai jamais fêté Noël comme ça. J’étais soit à des galas spéciaux soit avec mes amis.

Je comprends qu’il parle des généraux du gang. Eux non plus ne doivent pas vraiment avoir de famille.

- Je suis heureux de ce changement, reprend-t-il en me prenant la main.

Je lui rends un sourire puis je me lève de table pour aller chercher les fruits de mer dans le frigo. Mon fiancé lève la main pour me faire rasseoir puis se dirige vers la cuisine.

Nous n’avons pas voulu cuisiner et avons commandé la veille plusieurs plats chez un traiteur réputé de Veracruz. Au menu il y a bien sûr les fruits de mer avec du foie gras, un rôti aux pommes de terre ainsi qu’une bûche de Noël. Je voulais absolument que mon fiancé ait un repas français.

- C’est très luxueux, commente-t-il en revenant avec les crustacés et les huîtres disposées élégamment sur un plateau en bois. Je ne pensais pas que les français mangeaient pour un événement pareil.

- La présentation est trop bien faite, ce n’est pas forcément comme ça chez tout le monde, je le rassure en me servant des huîtres.

Le bruit de nos couverts alimente nos conversations. Nous sommes seuls dans cette grande maison aux lumières tamisées. J’ai beaucoup de mal à me faire à l’idée que ce sera comme ça. J’ai peur que ma vie devienne trop normale, sans but ni rêves. J’ai déjà tout, un fiancé, de l’argent à volonté et bientôt deux enfants. Je lâche un ricanement en pensant que j’ai fait exactement la même chose que Kylie Jenner.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demande Vicente avec étonnement.

- J’espère que notre vie ne sera pas trop ennuyante, je partage en faisant claquer ma fourchette sur l’assiette en porcelaine.

Mon futur mari laisse échapper un rire franc.

- Est-ce que tu t’es déjà ennuyée une seule fois avec moi chérie ? questionne-t-il en lâchant un clin d’œil.

S’il fait référence à sa vie de criminel c’est clair que ne peux pas me plaindre qu’il n’y a pas d’action. En revanche, nous n’avons pas fait grand-chose de palpitant depuis que nous sommes le couple Alcarón. Je me contente quand même des moments simples que nous partageons.

- Non, je réponds en souriant.

Vicente aura beaucoup de travail après le mariage et la lune de miel, je dois me trouver une activité et un projet hors des cours. Je ne peux pas voir Estella et Palma comme je le voudrais alors je fais beaucoup d’appels vidéo avec elles.

- La vie de La Pantera ne te manque pas ?

Il semble tout d’abord troublée par ma question et hésite à répondre.

- Parfois, oui, avoue-t-il. J’aimais l’adrénaline et le danger mais je préfère ma vie avec toi. Nous n’avons pas besoin de nous cacher et nous pouvons vivre comme nous le souhaitons.

Mon fiancé observe son assiette en pleine réflexion. J’ai l’impression qu’il ne me dit pas tout, mais même si c’est le cas, je ne vais pas le braquer en le forçant à parler.

Nous discutons de choses amusantes et de la vie de tous les jours. Mon téléphone bipe trois fois m’indiquant un message de Sam. Ce dernier m’envoie une image de lui sous le sapin avec un bonnet de père Noël sur lui. Il est parti voir sa famille aux Etats-Unis pour les fêtes.

Lorsque nous avons fini de manger, Vicente me prend amoureusement dans ses bras. Il respire mon parfum avec avidité.

- C’est l’heure des cadeaux ! s’exclame-t-il.

- Quoi ? je m’écris en me retournant brusquement vers lui. C’est le vingt-cinq qu’on doit ouvrir les paquets.

Mon fiancé est surpris par ma remarque mais ne dit rien. Il semble contrarié par ma remarque et se tourne vers la table pour s’en débarrasser. Je lui prends rapidement le bras pour serrer son corps contre moi.

- Tu peux m’offrir ton cadeau maintenant si tu veux, je me rattrape.

- Ce n’est pas grave Marine, je peux te le montrer demain.

- Me le montrer demain ? je relève.

Vicente lâche un sourire énigmatique et m’offre un clin d’œil.

- Je veux le voir tout de suite ! j’ordonne en lui sautant presque dans les bras. Tu sais très bien que je ne tiendrais pas jusqu’à demain.

- Puisque tu insistes, ricane mon fiancé.

Il s’éloigne avant de revenir avec nos manteaux en laine. Il fait frais le soir et personne ne veut attraper froid dehors. Je ne sais pas ce qu’il veut que je voie mais je suis excitée comme une puce. Si ne n’avais pas un gros ventre, je serais en train de sauter partout dans la maison.

Mon futur mari me prend la main lorsque nous sortons sur la terrasse. Nous contournons la piscine puis nous nous éloignons au fond du jardin qui n’est pas éclairé. Je distingue tout de même un énorme drap blanc qui recouvre quelque chose sur sa hauteur.

Vicente allume une grosse lampe mobile de jardin pour que je puisse examiner de plus près. Je ne vois pas du tout ce que cela peut être mais c’est très grand.

- Est-ce que tu as une idée de ce que c’est ?

- Absolument pas.

Mon fiancé ramasse un bout de drap puis me le tend.

- Je te laisse le découvrir.

Je lui lance un sourire puis je tire dessus pour le faire glisser. Je reste quelques secondes perplexes avant de comprendre de quoi il s’agit.

- Est-ce que ça te plait ? demande-t-il l’air nerveux.

- Oui beaucoup, mais je ne pensais pas que tu aurais une idée aussi originale.

- L’amour donne des ailes.

Vicente me prend dans ses bras puis me donne un baiser sur les lèvres. Je jette un œil à la statue qui représente Vicente en Apollon et moi avec les traits de Vénus. D’une main immaculée il me tient par la taille et me montre quelque chose devant lui : l’avenir je présume. Nous sommes tous les deux à moitié couverts par un drap comme les statues grecques. Dans mes bras je tiens deux nouveaux nés et regarde l’avenir avec mon Apollon.

- Je voudrais mettre la statue dans la ligne de la piscine et diriger mon bras vers l’océan même si on ne peut pas bien le voir du jardin.

- Ce sera parfait, je souris.

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