Chapitre 22 - Vivre à nouveau

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Vicente

J’ai pris un jour de congé pour accompagner ma fiancée faire son échographie. Je suis en train de faire les cents pas dans le salon en attendant qu’elle vienne.

- Marina ! je l’appelle du bas des escaliers.

Quelques instants plus tard, elle descend les marches. Elle est vêtue d’une robe à fleur et de sandales plates. Sa veste en jean lui recouvre les bras tandis que son sac marron me hérisse le poil.

- On ira faire les boutiques pour choisir un nouveau sac, je grommelle en fusillant l’objet du regard.

- J’aime beaucoup ce sac, réplique-t-elle en me le balançant sous le nez. Je l’ai eu pour mes quinze ans.

Je l’attrape au vol pour qu’elle arrête puis je lui rends.

- Cette vielle serpillère n’a pas de place dans cette maison. Regarde, le cuir est en train de s’effriter et de perdre sa couleur. Enfin, je dis ça mais c’est du synthétique, tu mérites beaucoup mieux.

Ma fiancée me donne un coup d’épaule avant de se diriger vers la porte d’entrée. Je la suis puis je monte dans ma berline pour aller jusqu’à la clinique.

- Dans tous les cas, nous devons aller en ville pour nous occuper d’organiser notre mariage, je reprends.

- Je préfère aller à Mexico pour voir Palma et Estella, me contre-t-elle. J’ai envie d’acheter ma robe avec elle. Pour le reste, nous pouvons demander à ton organisatrice de venir nous soumettre des propositions.

J’aime tout contrôler et le nouveau plan de Marina me mets en colère. Je sais que je ne peux pas la forcer à faire des choses mais je souhaiterais qu’elle accepte plus facilement mon organisation.

Elle me lance un regard amusé et l’énervement retombe immédiatement. Je desserre mes doigts sur le volant puis je pénètre dans le parking de la clinique.

Nous n’attendons pas longtemps pour être reçu mais je ne suis pas de nature patient. Ma fiancée pose une main sur mes doigts qui n’arrêtent pas de jouer entre eux.

- Du calme Vicente, tu es plus nerveux que moi, s’amuse-t-elle.

- Je suis juste impatient, je grogne.

Le docteur vient nous chercher dans la salle d’attente.

- Bonjour messieurs dames, commence-t-il. Madame, je vais vous demander de vous asseoir sur la table d’examen.

Marina s’exécute tandis que je m’installe près d’elle. Le médecin est en train de trafiquer je ne sais quoi sur une machine. Je me balance d’un pied sur l’autre en attendant que l’examen commence.

- Relevez votre robe s’il vous plait, demande-t-il.

Ma fiancée ne se fait pas prier et dévoile une culotte en coton blanc. Les mains dans les poches, j’observe les mouvements du docteur avec attention.

Il pose un liquide transparent bleu sur son ventre arrondi. Ensuite, le médecin place un drôle de machin sur son ventre pour étaler le liquide. Quelque chose s’affiche à l’écran mais je regarde Marina qui observe les gestes du spécialiste.

- C’est surprenant, commente l’homme en blouse.

- Quoi ? je m’écris en agrippant la table d’examen.

Marina me regarde comme si j’étais fou et m’intime de me taire.

- Ne vous inquiétez pas monsieur Alcarón, le rassure le médecin. D’après ce que je vois il n’y a aucun problème de développement…

- Alors quoi ? je demande en lui coupant la parole.

- Il n’y a pas un mais deux fœtus, répond-t-il. Ce sont des jumeaux.

Je basculerais en arrière si je n’avais pas agrippé la table. Choqué, je m’assois sur la chaise qui se trouve derrière moi. Marina me regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes.

Pendant quelques secondes, un silence s’installe dans la pièce. Je finis par me redresser pour observer l’écran.

- Nous ne pension pas accueillir deux enfants, mais c’est une bonne nouvelle si tout va bien, dis-je d’une voix plus aigue que d’habitude.

Ma fiancée serre ma main dans la sienne en souriant.

- Voulez-vous connaître le sexe des bébés ? nous interromps le docteur.

Je regarde Marina l’air nerveux. Je ne sais pas pourquoi je réagis comme ça alors qu’il s’agit que quelque chose de normal.

- Oui, je confirme d’une voix grave.

- Il y a une fille et un garçon, nous indique-t-il.

- Nous allons devoir faire deux chambres alors, sourit ma future femme.

Après quelques instants de discussions avec l’homme en blouse, nous quittons la clinique avec plus de légèreté. Je n’arrive pas à me faire à l’idée que je vais être papa deux fois. Une première c’est déjà un gros changement mais maintenant ça va faire beaucoup.

Je tiens ma fiancée par la taille puis je l’aide à monter dans la voiture. Je lui ai conseillé de se reposer aujourd’hui et de retourner en cours demain.

- Tu pourras t’occuper de choisir les décorations pour les chambres, je lui indique. J’ai des goûts de merde en la matière. J’ai laissé des catalogues dans la commode du salon.

- D’accord, mais j’aimerais que tu approuves mes choix, réplique-t-elle.

- Si tu veux.

A peine suis-je descendu de la voiture que mon téléphone professionnel sonne. Je grogne en le retirant de ma poche de costume.

- Je suis en repos aujourd’hui qu’est-ce qu’il y a ? je demande sur un ton un peu trop agressif.

- C’est au sujet de Felipe Salazar, m’indique Maximo mon nouveau directeur adjoint.

Après sa bourde avec le contrat, mon suppléant m’a donné sa démission.

- Je croyais que ce problème avait été réglé quand j’étais à Paris, je grogne.

- Après réflexion, il n’accepte pas de négocier.

- Très bien, je le coupe. Je vais m’occuper de cette histoire moi-même. Appelle-le pour lui dire de ramener gentiment ses fesses car je ne serais pas capable de le faire.

Je raccroche puis je pénètre dans le salon pour prévenir ma future femme.

- Je dois partir pour une urgence ma chérie, je lui indique en repassant mon costume avec mes doigts.

- Ah…

Elle baisse la tête, l’air ennuyée. Pour me faire pardonner, je dépose un baiser sur son front en lui caressant la tête.

Je quitte la villa d’un pas rapide, prêt à en découdre avec l’homme qui me sort par les yeux. Sur le chemin, je me demande pourquoi je n’ai pas fait attention à ce contrat. Salazar, n’aurait jamais dû devenir un associé de cette entreprise.

J’ai ouvert un service juridique il y a quelques mois avec des avocats compétant qui me servent à moi et à mes clients. Il n’a pas non plus utilisé l’expérience de mes traders. D’après ce que j’ai compris, Salazar ne cherchait pas un avocat mais a signé un contrat pour investir dans mon entreprise.

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond et je vais rapidement découvrir de quoi il s’agit. A toute allure, j’arrive dans le parking de l’immeuble. Dès que je pénètre à l’étage, Maximo m’accueille en me tendant un dossier lourd et épais.

Je le balance sur mon bureau sans y jeter un coup d’œil. Mieux vaux entendre les paroles de ce salop de Salazar, et je sens que ça ne va pas me plaire.

De nombreuses minutes plus tard ma porte s’ouvre. Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s’agit. J’attends quelques secondes avant de pivoter vers la face de rat de mon invité pour le saluer froidement.

- Je ne vais pas passer par quatre chemins, je commence en contournant mon bureau. Mes avocats m’ont assuré qu’il n’y avait aucun problème dans le contrat qu’ils ont rédigé. La plupart sont sortis de grandes écoles américains et canadiennes alors ne vous fichez pas de moi.

Je sais que je me montre grossier car je ne l’invite pas à s’asseoir ni à boire un verre mais je veux qu’il comprenne que je ne suis pas son ami. Toutefois, Salazar ne semble pas surpris par mon comportement. Il est même très calme et arbore un petit sourire énervant : c’est très mauvais signe.

Je n’ai pas pour habitude de me faire prendre par derrière mais si je ne trouve pas rapidement la couille dans le pâté, c’est ce qu’il va m’arriver. Salazar se déplace lentement pour s’approcher de moi. Sa simple présence me donne envie de vomir mais changer de position serait un aveu de faiblesse.

- Bien, je suis content que nous ne passions pas par tout un protocole d’hypocrisie, répond-t-il enfin. Comme vous le savez, je suis en affaire avec Nuñez et Anderson.

J’aurais dû être sûr à cent pour cent que ces deux-là étaient dans le coup.

- Percy Anderson a investi dans le pétrole et depuis plusieurs mois, vous essayez de lui mettre des bâtons dans les roues.

- Nous n’avons pas les mêmes principes, je me défends. A l’instar d’Anderson, j’investit dans les énergies renouvelables. Je ne vois pas où vous voulez en venir.

En fait si, je sais très bien ce qui m’attends. J’ai engagé une guerre directe contre lui mais ce n’était pas mon intention. Ces derniers mois, je me suis assurée qu’il ne représentait pas une menace pour les mexicains les plus pauvres. En effet, ça fait plusieurs années qu’il me gêne dans mes entreprises. En l’espionnant, j’ai découvert un trafic parallèle dans la recherche scientifique. Je savais qu’il était un adepte du progrès mais il enlève des pauvres pour faire des expériences sur eux. C’est inhumain, inadmissible et contre tout ceux contre quoi je me suis toujours battu.

- Quel est votre plan ? je demande.

- On a tous une faille Alcarón, et nous trouverons laquelle. Il ne fallait pas s’en prendre à nous.

- C’était pour ça toute cette petite comédie ?

- Il fallait attirer votre attention.

Je tape du poing sur la table alors que mon ennemi se détourne. Lejos, je vais avoir besoin de toi.

- On se reverra bientôt, termine-t-il avant de quitter mon bureau.

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