Chapitre 18 - Ma belle famille

7 minutes de lecture

Vicente

Marina m’a expliqué en détail ce qu’il s’est passé avec Oscar et ses parents au téléphone. Je comprends que ces derniers ne veulent pas qu’elle me voit. Je ne serais pas étonné d’apprendre que son père a payé les services d’un homme pour surveiller ses déplacements.

Ce soir, je vais rencontrer les parents de la femme que j’aime. Je ne me fais pas trop d’illusion à leur sujet. Après tout, j’ai kidnappé et blessé leur fille. Je ne m’attends pas à ce qu’ils m’adorent mais cette entrevue pourrait les aider à se faire une idée de qui je suis vraiment. Pour le moment, ils me voient comme le pire des criminels, et ils n’ont pas tort. Toutefois, je ne suis pas seulement ça.

Afin de mettre les meilleures chances de mon côté, je dois apparaitre en Vicente Alcarón et non en Pantera. J’opte pour un costume sombre, une chemise blanche bien repassée, une cravate grise et des chaussures en cuirs parfaitement ciré. Je peigne ma tignasse sombre à l’aide d’une brosse et de cire pour maintenir mes cheveux en place. Je me suis rasé la veille donc on voit à peine ma barbe qui repousse et c’est parfait.

Aujourd’hui, je vais être Vicente Alcarón, le financier mexicain qui parle bien et propre sur lui. Antoine Portier va me reconnaître, j’en suis certain. Une fois qu’ils auront fait le lien entre l’organisation de La Pantera et moi, ça deviendra délicat. Même si je pense qu’ils ne vont pas me dénoncer grâce à Marina, rien n’est sûr à cent pour cent.

Je me regarde une dernière fois dans la glace de la salle de bain de l’hôtel puis je quitte l’établissement. Il se situe dans le même arrondissement que l’appartement de ma future fiancée alors je peux faire le trajet à pied.

Il fait nuit dans les rues de Paris mais il y a encore du monde qui passe. Bordel, je n’ai pas pensé à prendre un manteau dans ma valise. Au Mexique ça aurait été parfait mais ici je me les gèle. J’essaie de retenir mes frissons et de ne pas penser au froid qui rafraîchi ma peau.

Beaucoup de femmes se retournent sur moi en chuchotant. Il est vrai que les françaises n’ont pas l’habitude de voir un homme avec mon physique. Certains de ces messieurs semblent jaloux tandis que d’autres tiennent leur compagne bien fort. Aucune femme ne vient m’aborder peut-être parce que je dégage encore un peu de Pantera et que je suis intimidant.

Je trouve facilement la maison haussmannienne dans laquelle vie ma future femme. Une dame âgée sort de l’immeuble et je lui tiens galamment la porte en lui offrant mon plus beau sourire. Elle est tout d’abord étonnée mais finit par hocher la tête pour me remercier.

Je grimpe rapidement les marches jusqu’à l’appartement de Marina puis je sonne à la porte. Je n’ai pas à attendre longtemps avant qu’Antoine Portier vienne ouvrir celle-ci.

- Bonsoir monsieur, je lance en espagnol d’une voix assurée en lui tendant la main.

Il écarquille les yeux et reste bouche-bée quelques secondes, signe qu’il saisit parfaitement mon identité. Il se reprend rapidement en me serrant la main un peu trop fort. Ok, ce repas s’annonce plus difficile que prévu.

- Monsieur Alcarón, répond-t-il simplement en serrant les dents.

D’un signe de la main, il m’invite à entrer. Je dois bien avouer qu’en réalité, je ne suis pas entièrement à l’aise.

Juste derrière lui, se trouve sa femme et ses deux filles. La première est tirée à quatre épingles avec une robe en satin vert émeraude. Elle me jette un regard sévère à l’inverse de Lina qui est intimidée. Et bien sûr, Marina qui éclaire la pièce avec son sourire rayonnant.

Je ne sais pas vraiment comment l’accueillir alors je ne fais rien. C’est elle qui s’approche de moi et me fait un léger câlin sous le regard de sa famille.

- Je suis Vicente Alcarón, j’annonce à tout le monde, plus connu sous le nom de La Pantera.

A ces mots, Lina se renfrogne et madame Portier semble faire une attaque. Son mari l’attrape pour ne pas qu’elle trébuche avec ses talons.

- Pardonnez-moi pour le choc, je m’excuse, mais je pense qu’il est préférable que vous connaissiez ma véritable identité.

- Je n’aurai jamais pensé que vous étiez derrière cette organisation, mentionne son père d’une voix dure.

Un silence gênant s’installe quelques secondes avant que Marina propose de passer au salon pour l’apéritif, chose très courante en France d’après ce que j’ai compris.

Je m’installe sur le canapé près de Marina mais je ne la colle pas trop. Elle fait signe à sa sœur de se mettre à côté d’elle tandis que ses parents prennent un fauteuil chacun.

En silence, on me donne une coupe de vin français. Ma future fiancée me propose des olives et des fromages coupés en dés. Je refuse car je préfère me concentrer sur ce que je vais dire.

- Monsieur et madame Portier, je commence, je ne vais pas passer par quatre chemins. L’aversion et le dégoût que je vous inspire est tout à fait normal. Je ne vais pas revenir sur les évènements qui se sont déroulés au Mexique cet été. Je regrette une partie de ce que j’ai fait mais si ce n’était pas arrivé, je n’aurais pas rencontré la femme de ma vie.

A cette dernière phrase, mes beaux parents ne semblent pas attendris. En voyant le regard de madame Portier, je sais qu’elle ne croit pas un mot de ce que je raconte et je ne peux pas lui en vouloir.

- J’estime qu’il est important que vous connaissiez un peu ma vie, je reprends. J’ai grandi dans les quartiers défavorisés de Mexico. Mon père a intégré ce qui deviendra plus tard El Barrio, mon organisation. Il en est devenu le chef et m’a quelque peu initié. Toutefois, je n’avais pas les mêmes objectifs que lui et les autres gangs. Lorsque je suis devenu La Pantera, je voulais aider les pauvres en empêchant les deals et la violence.

- Pourtant, vous êtes bien dans le trafic de drogue, me coupe monsieur Portier.

- En effet, mais il est très encadré et ne dépasse pas le cadre de l’exportation vers le Canada, les Etats-Unis voire l’Europe. Je ne nie pas que je fais des choses très mauvaises et répréhensible mais je le fais le but d’aider les pauvres. Je sais à quel point cette vie-là est dure. L’entreprise de finance que j’ai montée est alimentée par ce trafic mais elle me sert de bouclier.

- Vous devez vous faire à l’idée qu’il y a ce que montre les films et la réalité, intervient Marina.

L’apéritif semble terminé car la famille se lève sans rien répondre. Nous passons à table où une entrée aux saveurs de la mer nous attend.

- Tu veux dire que je dois le considérer comme un invité normal ? demande monsieur Portier avec scepticisme.

- Outre le fait de sa position sociale et de son passé, je pense que oui, répond Marina.

- C’est difficile pour nous de vous considérer simplement comme monsieur Alcarón, concède sa femme. Vous avez quand même fait beaucoup de mal à notre fille et par extension à nous-même.

Un nouveau silence pesant s’installe dans la pièce. Antoine Portier semble réfléchir tandis que sa femme pince les lèvres sans cacher son mépris.

- Sachez que je ne cautionne pas votre relation, je la pense nocive, reprend le père de Marina. Mais, c’est le choix de notre fille donc, elle peut partir faire sa vie au Mexique avec vous. Elle apprendra de ses erreurs et lorsqu’elle se rendra compte que vous êtes une personne toxique, elle reviendra ici.

Madame Portier se tourne vers son mari en écarquillant les yeux et en reposant brutalement son verre sur la table.

- Comment peux-tu la laisser partir ? s’écrit-elle.

- Pourquoi tu dis une chose pareille sur Vicente ? s’exclame ma future fiancée.

Monsieur Portier boit tranquillement une gorgé de vin puis se tourne vers sa famille. Même si nous avons carte blanche dans notre relation, ses parents ne l’accepteront jamais.

- Je pense que cette décision est juste et je ne veux plus avoir de problème, explique-t-il.

Sa femme pousse un soupir puis repose brusquement sa fourchette sur la table.

- Allez-vous vraiment laisser ma fille tranquille si je ne vous avais pas donné mon accord ?

- Je l’aurais fait si elle me l’avait demandé.

- Bien, vous ferez votre petite vie tranquille je l’espère, insiste-t-il en me jetant un regard insistant. Nous assisterons au mariage et au baptême du bébé.

- Car avec un démon pareil comme mari, il est préférable que ce malheureux soit entre les mains du Seigneur, grommelle ma mère.

Je ne sais pas quoi penser de cette soirée mais ça aurait pu être pire. Je ne saurais dire si c’est le bon moment pour ça mais je veux que ses parents y assistent.

Je me lève de table sous le regard soupçonneux de sa famille. Je prends un coffret dans ma veste puis je me mets à genoux devant Marina. Du coin de l’œil, je vois sa mère presque tomber de sa chaise alors que Lina est envieuse.

- Marina, acceptes-tu de devenir ma femme ?

Ma fiancée a les larmes aux yeux mais elle se lève.

- Oui, répond-t-elle.

Annotations

Vous aimez lire WrittenByChloé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0