Marina

J’ai mon cours de yoga aujourd’hui mais je vais le l’annuler pour passer du temps avec Oscar. Je dois lui avouer ma décision même si je sais que je vais lui briser le cœur. Etant donné que je sais ce que ça fait, je me sens encore plus mal.

A l’université mes amies me trouvent très nerveuse mais ne me disent rien. Depuis action et vérité, elles ont toujours peur de me contrarier ou de dire quelque chose qui me fasse du mal sans le vouloir. J’avoue que je devrais être plus transparente avec elles mais mon passé est difficile à gérer.

Je suis en train de boire un chocolat chaud dans un café de mon quartier. Lorsque je vois Oscar entrer dans l’établissement, mon cœur se serre. Je suis nerveuse à l’idée de lui annoncer ma décision mais je lui dois bien ça.

Je me lève pour le saluer lorsqu’il arrive devant ma table. Je ne sais pas comment l’accueillir alors je le laisse me donner un baiser sur la joue.

- Bonjour Marina, dit-il en me souriant.

- Je suis contente que tu aies pu venir.

Ma voix n’est pas très assurée et je noue mes doigts entre eux à plusieurs reprises. Comme d’habitude, Oscar éclaire la pièce et c’est d’autant plus difficile de le regarder dans les yeux.

- C’est à propos de l’autre jour ? Tu disais que tu ne pouvais pas m’en parler maintenant.

Son sourire s’est effacé mais il ne montre aucun signe de nervosité.

- Il s’est passé quelque chose qui a chamboulé ma vie, je complète.

Oscar est assis en face de moi et m’observe avec attention. Impossible de savoir ce qu’il pense mais je sais que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il soit blessé.

- Mon ex petit ami Vicente est revenu, je lui avoue.

Quand je lève la tête vers lui, je constate qu’il est étonné. Malgré tout, il ne laisse rien paraître.

- Je l’ai très mal pris mais j’ai dû lui dire que j’étais enceinte, je poursuis. Je ne vais pas te cacher qu’il veut que je reparte avec lui au Mexique.

Oscar serre légèrement les poings comme pour se contenir.

- S’il n’avait pas débarqué, nous aurions pu être heureux et j’aurais tout oublié. Malheureusement, je dois avouer que mes sentiments envers lui sont encore présents. Je suis dégoûtée parce que j’aurais tellement aimé être amoureuse de toi.

Des larmes coulent sur mes joues tandis qu’Oscar passe ses mains sur son visage.

- Tu vas partir avec lui ? demande-t-il d’une voix blessée.

- Il est le père de mon enfant et je l’aime.

Cette dernière phrase balaie tous les espoirs de mon interlocuteur.

- Je ne suis pas assez bien pour toi, je complète.

Il passe ses doigts dans ses cheveux blonds et je vois des larmes perler sur le pourtour de ses yeux.

- Est-ce que vous vous êtes embrassés ? questionne-t-il à nouveau.

Le blesser était déjà trop compliqué, je ne peux pas lui raconter que je l’ai trompé de la pire des manières, c’est au-dessus de mes forces. Ce simple silence répond par l’affirmative, je n’ai rien eu à dire.

- Je suis tellement désolée, je parviens à dire une dernière fois.

J’essuie les larmes sur mes joues au moment où Oscar se lève.

- J’espère que tu seras plus heureuse avec lui que tu ne l’as été avec moi. Je t’avoue que je suis déçu de ton choix après ce qu’il t’a fait mais je suis impuissant.

Sur ces mots, il quitte définitivement le café. Je sais que c’est la dernière fois que je le verrais et ça me fait un pincement un cœur. J’aimais vraiment beaucoup cet homme et je sais que j’aurais pu tomber amoureuse de lui si Vicente n’était pas revenu.

Je suis consciente que je me suis comportée comme une salope avec Oscar. Je n’ai pas pensé à lui lorsque j’ai couché avec le criminel. Quand il est là, j’ai l’impression d’être une autre personne, c’est comme si plus rien n’existait à par lui. Je ne sais pas si j’ai fait le meilleur choix mais maintenant les dés sont jetés.

Je pleure jusqu’à ce que je me sente mieux. Ensuite, je quitte l’établissement pour rentrer chez moi. Je suis accueilli par ma mère qui est d’une humeur massacrante. Elle voit que j’ai pleuré mais ne dit rien sur ce point.

- Alors, comment ça s’est passé ? demande-t-elle d’une vois froide.

- Ça aurait pu être pire mais je l’ai quand même énormément fait souffrir.

- Evidemment, raille-t-elle.

Ne supportant pas la présence de ma génitrice alors je grimpe dans ma chambre. Je me change pour être plus à l’aise puis je prends mon portable pour écouter de la musique.

Un instant plus tard, je suis attirée par un mouvement près de la porte. Je tourne la tête pour observer ma sœur qui n’ose pas entrer. Je lui fais signe de venir puis je coupe ma musique.

- Qu’est-ce qu’il y a ? je lui demande.

- Tu crois que c’est une bonne idée de revenir au Mexique ? Ce garçon t’a fait beaucoup de mal et en plus c’est un criminel dangereux.

Je pousse un soupir puis je me redresse sur mon lit.

- Tu sais, même les pires personnes ont des sentiments et une vie personnelle, je lui explique. Vicente n’est pas n’importe quel criminel, il fait le sale boulot pour aider les populations pauvres de la capitale et diminuer la violence.

- Je ne sais pas si je dois te croire.

Lina hausse les épaules puis croise les bras.

- Je sais que c’est difficile pour toi de l’imaginer mais il n’est pas si horrible que ça. Nous allons être heureux au Mexique, commencer une autre vie.

- Tu vas encore me laisser, se plaint-t-elle.

Je prends ma sœur dans mes bras pour la consoler. En partant de nouveau au Mexique, je laisserais ma famille derrière moi. Après ce qui vient de se passer, ma mère ne reposera jamais un orteil dans ce pays.

- On pourra quand même se voir, je reviendrais en France souvent, je lui promets.

- Tu es sûre ?

Pour seller notre accord, je lui donne un baiser sur le front. Ma sœur est plus rassurée et elle retourne dans sa chambre.

Bien, je vais retourner au Mexique et après ? Je pense qu’il va quand même falloir que je continue mes études malgré mon état. Je pense que c’est possible de gérer une licence et un enfant. De plus, Vicente sera avec moi pour m’aider. J’espère aussi pouvoir revoir Estella et Palma.

Je ne sais pas du tout comment ça va se passer mais j’espère que le criminel fera tout pour me rendre la vie facile. Je pense aussi à Sam et j’ai hâte de pouvoir retourner au bureau.

J’envoie un message à Vicente pour lui dire que j’ai parlé avec Oscar mais pas encore avec mes parents. J’ai peur que ma mère fasse une crise cardiaque si je lui avoue qu’il va venir rencontrer toute la famille. Pourtant, je ne dois pas tarder à le faire.

Lorsque je descends pour manger, mes parents sont tendus. Ils ne parlent pas entre eux et Lina n’ose pas engager la conversation. Cette ambiance me rend nerveuse et je ne sais pas quoi faire. Ma mère me jette un coup d’œil de temps en temps et je commence à transpirer.

- Que se passe-t-il Marina ? demande-t-elle. Je sais que tu veux me dire quelque chose mais que tu n’oses pas. Alors lance-toi, rien ne peut plus nous étonner après la scène que tu nous as faite hier.

Je relève la tête en regardant mes parents comme s’ils étaient complètement fous. Ma mère n’aime pas mon comportement et a bien failli péter les plombs.

Je me redresse puis je pose ma fourchette. Lina me regarde aussi et tout le monde attend que je lance la nouvelle bombe.

- Vicente souhaite vous rencontrer demain soir.

- Dîner, tu veux dire ! s’exclame ma mère en sautant presque au plafond.

- Comment ose-t-il ? s’énerve mon père.

Ils sont en train de s’agacer et de grommeler dans leur coin quand ils sont interpellés par ma sœur.

- Je pense que c’est normal qu’il vienne se présenter. Après tout, il va se marier avec Marina et ils vont avoir un enfant ensemble.

Mes parents écarquillent les yeux en entendant ça. Ils ne savent plus quoi dire et se taisent un moment.

- Bon, c’est d’accord, accepte mon père. De toute façon nous n’avons pas trop le choix et je préfère voir enfin de qui il s’agit en chair et en os. Après toute la merde qu’il a mise dans nos vies, c’est bien normal.

Ma mère lève les yeux au ciel et quitte la table excédée. Même si l’ambiance n’est pas au beau fixe, c’est déjà un pas en avant.