Chapitre 16 - Décision décision

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Marina

Le psychologue a raison, je dois prendre une décision et je suis la seule à pouvoir le faire. Mais dans tous les cas, il faudra que j’en parle à mes parents rapidement. Je ne pourrais plus cacher ma grossesse très longtemps.

Je suis assise sur mon lit pour réfléchir à ce que je vais décider. Ma sœur écoute de la musique dans sa chambre alors que ma mère prépare à manger. Personne ne viendra donc me déranger.

Malgré les sentiments forts que j’éprouve pour Oscar, je suis encore amoureuse de Vicente. J’ai quand même trompé mon nouveau petit ami même pas deux jours de relation. Je ne veux pas vivre avec ça alors que la culpabilité me ronge. Je dois avouer qu’il m’est impossible de le regarder dans les yeux si je ne lui dis pas. De plus, il ne me pardonnera pas.

Une partie de moi est heureuse car le choix parait plus simple. J’ai tout gâché avec Oscar depuis que Vicente est revenu et ça me met quand même en colère. Toutefois, c’est ma faute si je suis allée trop loin avec le criminel.

Ils me promettent tous deux une vie très différente et alléchante. Pourtant, je ne pourrais dire oui qu’à une seule personne. Mon cœur penche pour mon premier amour mais la raison me pousse vers Oscar et une vie plus facile. Mais si tout est fini avec lui alors je n’ai plus rien car un homme normal ne me pardonnerait pas. Sauf qu’il n’est pas comme les autres, c’est un ange venu des Cieux.

Peut-être que je peux aussi choisir d’être seule. Dans ce cas, il n’y aura pas de père et je serais mal vue par tout le monde. Après tout ce que j’ai vécu, ce détail ne me semble pas important. La solitude est également une option à réfléchir puisque je n’ai pas confiance en Vicente.

Il m’a brisé le cœur une fois et je ne veux pas qu’il recommence. Le criminel m’a promis une vie heureuse et un beau mariage mais ça me semble trop parfait pour être vrai.

Je suis actuellement déchirée entre ces trois solutions. Vicente m’inspire à la fois la passion et la douleur tandis qu’Oscar m’offre l’amour et la simplicité. Est-ce que j’ai vraiment envie d’une vie bien carrée dans un appartement chic et une famille propre sur elle en apparence.

Je ne sais pas s’il pourra me donner l’aventure et de la nouveauté. La vie parisienne est vraiment nulle et j’ai la sensation que les gens avancent comme des robots. Malgré mes nouvelles habitudes, j’aimais bien l’action qu’il y avait dans ma relation avec Vicente. Mais au contraire, je n’aimais pas la violence et le danger qui rodait autour de nous.

Le choix est si difficile et je sais que je vais jouer une étape importante de ma vie. Quel que soit mon choix, il aura un impact sur le long terme. J’aimerais connaître la bonne carte à tirer mais je sais qu’il n’y en a pas. Chaque décision aura ses points positifs et ses points négatifs.

Assise en tailleur sur mon lit, je ferme les yeux et je passe au scanner les trois choix qui s’ouvrent devant moi. Je ne sais pas combien de temps je reste dans cette position mais j’ai la sensation d’entrer en transe.

La voix de ma mère devant les escaliers me sort de mes pensées. Mes membres se sont engourdis pendant ma réflexion et je bouge lentement pour ne pas me faire mal. Vêtu d’un sweat à capuche et d’un legging, je rejoins le salon. Mon père a terminé de travailler et lit les gros titres du journal avant de le poser.

Ma génitrice nous a servit une salade de légume avec une vinaigrette maison. Lina n’est pas très enchantée par le menu mais elle ne dit rien.

- Comment s’est passée votre journée les filles ? demande ma mère avec un sourire jovial.

Je ne réponds pas mais je regarde ma sœur pour lui dire de commencer. J’ai enfin pris ma décision mais je redoute de leur annoncer.

- Un garçon s’est fait renvoyer parce qu’il harcelait une fille de sa classe.

Ma mère fronce les sourcils en entendant cela. Je pourrai presque voir les rouages de son cerveau qui se mettent en place.

- J’espère que personne ne t’embête au collège, intervient-elle. Si c’est le cas, il faut absolument que tu nous préviennes.

- Mais non pas maman, soupire ma sœur en levant les yeux au ciel. Personne ne m’a harcelé mais je suis quand même compatissante pour cette fille. Heureusement que le directeur a fait son travail car ce n’est toujours le cas.

Mon père lève un sourcil en entendant cette dernière phrase.

- Les directeurs ont parfois beaucoup de pression, dit-il. C’est déjà bien qu’il soit intervenu pour quelque chose d’aussi grave.

Un silence s’installe entre nous puis ma génitrice m’observe. Je me racle la gorge puis je prends une bouchée de salade. Rien n’y fait, elle me regarde toujours et je crois que c’est à moi de raconter ma fabuleuse journée.

- Mes cours à l’université ce sont bien passés et le docteur Méjean m’a bien aidé.

- Que t’a-t-il dit ?

Je vois mon père faire un signe discret à ma mère. Elle fronce à nouveau les sourcils puis secoue la tête. Voilà de qui je tiens ma curiosité. Elle ne manque jamais une occasion de grapiller des informations sur mes séances avec le psychologue.

Nous continuons de manger dans un silence pesant. Cela devient de plus en plus difficile et si je ne dis rien maintenant, je sais que je n’aurais pas le courage plus tard. Je pose ma fourchette, je me redresse puis j’observe ma famille. Je n’ai jamais été très douée pour les annonces alors je décide de ne pas passer par quatre chemins.

- Je suis enceinte.

Tous les yeux me fixent et ma mère laisse tomber ses couverts sur l’assiette dans un fracas. Elle se redresse brusquement puis se lève.

- Qu’est ce que c’est que cette histoire encore ? Oscar ne sait donc pas ce que c’est un préservatif ?

Sa remarque acide ne me perturbe pas car j’y suis habituée.

- J’ai fait un déni de grossesse, je suis enceinte depuis plus de trois mois, j’explique calmement. Le père est la personne qui m’a enlevée.

Si ma génitrice était en train de manger quelque chose à ce moment-là, elle se serait étouffée. Elle ne cache pas sa colère et serre les poings. Lina ne sait pas où se mettre alors elle baisse la tête. Mon père a les mains croisées, les coudes posés sur la table et il secoue son visage comme si toute la misère du monde c’était abattue sur lui.

- Ce n’est pas possible, c’est une blague que tu nous fais ! s’exclame ma mère hystérique.

- C’est la vérité, je clame d’une voix assurée.

Ma génitrice a les larmes aux yeux et est en train de réfléchir.

- Il est revenu…

Tout le monde se tourne soudainement vers moi. Ma génitrice est en train de paniquer tandis que mon père est nerveux.

- Il m’a proposé de partir vivre au Mexique avec lui et j’ai accepté, j’avoue en me levant. Nous allons nous marier est être heureux.

- Être heureux ? répète-t-elle avec indignation.

- Comment a-t-il pu venir ici à Paris ? demande mon père une pointe de colère dans la voix. Nous faisons attention aux mexicains qui viennent sur le territoire depuis cette histoire.

- Ma décision n’est pas négociable, je suis majeure et j’ai le droit de choisir, je termine. Ne faîte rien contre lui où vous me perdrais pour toujours.

Mes parents sont scandalisés et ne savent même plus quoi dire.

- Je ne vais pas rejoindre Daesh en Syrie, je me défends pour les faire réagir.

- C’est hors de question ! s’écrit ma mère.

Je fais comme si elle n’avait rien dit et je me dirige vers ma chambre.

- Marina ? m’appelle mon père d’une voix forte.

Je grimpe rapidement les escaliers puis je ferme la porte à clé. J’ai l’impression d’avoir couru un marathon. Je retire mes vêtements pour me mettre en pyjama. J’entends mes parents parler très fort dans le salon alors je mets des écouteurs sur mes oreilles. Je lance de la musique entrainante pour ne pas déprimer.

La bombe est posée et je n’ai toujours rien dit à Vicente. J’appuie sur le contact « Vincent » puis je lui envoie un message concernant ma décision. La réponse ne se fait pas attendre et le criminel ne cache pas sa joie.

Son second message me laisse perplexe et je suis plus qu’étonnée qu’il le propose.

Il faut que je rencontre tes parents.

Quoi ? Tu es devenu fou, ils sauront qui tu es.

Ça n’a plus d’importance, ton père peut faire ce qu’il veut, c’est toi que j’aime.

Très bien, quand veux-tu venir ?

Le plus tôt sera le mieux donc demain soir.

Je pousse un soupir en me demandant comment mes parents vont réagir en entendant ce que je vais leur dire.

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