Chapitre 15 - Vérité ?

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Marina

Je suis terrifiée, je ne bouge plus. Ma mère a compris que je lui avais menti et Oscar se demande sûrement pourquoi. J’imagine très bien ma génitrice lui demander les raisons de ma non présence à ses côtés. Mon compagnon répondra forcément qu’il est venu chez moi pour me voir. Tous les deux ont alors compris que quelque chose ne tournait pas rond.

Je suis raide comme un piquet et j’ai l’impression que mes muscles vont me lâcher. Mes parents et Oscar me font face en attendant une réponse. Je ne sais pas quoi leur dire parce que je ne sais pas comment expliquer ce nouveau bouleversement dans ma vie.

Dire la vérité provoquerait un nouveau scandale dans la maisonnée. Un nouveau mensonge me fera gagner du temps pour réfléchir. Dans tous les cas, une bombe finira par éclater.

- J’étais avec des amis de l’université en ville, je déclare d’une voix qui se veut assurée même si je suis morte de trouille.

- Pourquoi avoir menti ? demande ma mère sur le point de perdre son calme.

- Tu allais encore t’inquiéter et dès que je te parle d’Oscar tout va bien, j’explique.

Je range mon manteau puis je dépasse ma famille pour monter dans ma chambre. Je veux fuir cette situation avant que je ne craque. Je ne pourrais pas supporter la réaction de mes parents si je leur disais pour Vicente et le bébé. Je dois d’abord prendre une décision.

- Je ne veux plus jamais que tu me mentes ! hurle-t-elle. La confiance est une chose très importante et si elle n’est plus là, il y aura de gros problèmes entre nous.

Je sais que ma mère a raison sur ce point mais je ne peux toujours pas lui avouer. J’adopte une tactique défensive pour en finir le plus rapidement possible.

- Je suis désolée, je ne voulais pas t’inquiéter, je m’excuse pour en finir au plus vite.

Ma mère pousse un soupir de désespoir alors que mon père qui ne disait s’approche de nous.

- Je sais que tu as traversé des choses difficiles mais tu dois prendre tes responsabilités et le mensonge ne fait pas partie des valeurs que j’ai appris à mes enfants, clame-t-il

- J’ai compris mes erreurs, je concède. J’ai passé une journée mouvementée, j’aimerais me reposer maintenant.

Je grimpe les escaliers et cette fois-ci, mes parents me laissent partir. Oscar est plus coriace et décide de me suivre dans ma chambre. Je n’ai pas très envie de le voir mais je ne vais pas le jeter dehors. De plus, je l’ai trompé après un jour de relation, difficile de faire pire.

Je m’allonge sur mon lit et il s’assoit près de moi. Je suis très mal à l’aise avec lui et je n’ose pas le regarder dans les yeux. J’ai tout fait capoter pour les beaux yeux de Vicente. Je n’arrive pas à croire que j’ai craqué aussi rapidement mais je suis forcée de reconnaître que je suis encore amoureuse du criminel.

- Qu’est-ce qui te tracasse Marina ? demande Oscar d’une voix douce.

- Il y a effectivement quelque chose qui me perturbe, j’avoue. Mais, j’ai besoin de temps pour réfléchir avant de t’en parler.

Impossible pour moi de mentir complètement à mon « petit ami ». Je culpabilise assez pour ce que j’ai fait alors qu’il s’est montré si gentil avec moi.

- Je comprends, je ne te demande rien, concède-t-il. Si tu ne veux pas me parler maintenant, je respecte ton choix.

Je ferme les yeux quelques secondes et je sens le matelas bouger. Oscar dépose un baiser sur mon front puis quitte la pièce.

Je pousse un soupir désespéré avant de me lever pour me mettre en pyjamas. J’ai envie de rien faire à par dormir. J’ai besoin que cette journée se finisse le plus vite possible. Je n’ai même pas le désir de réfléchir à la proposition de Vicente. Que tout le monde aille se faire voir.

Je ne reste pas longtemps en paix car ma sœur entre dans ma chambre sans frapper. Je grogne pour montrer mon mécontentement mais je me calme lorsque je vois qu’elle m’apporte un plateau repas. Dessus, il y a des spaghettis à la bolognaise et un yaourt.

- Je sais que tu ne vas pas très bien depuis que tu es rentrée, dit-elle. Maman m’a raconté et je lui ai proposé de venir te donner à manger.

- Merci Lina, je suis touchée par ton geste.

Je me redresse sur le lit puis je prends le plateau pour le poser sur mon bureau. Je m’installe sur ma chaise puis je contemple quelques secondes le plat pour savoir si j’ai envie de me nourrir ou non. Ma sœur ne bouge pas et m’observe. Quand elle est comme ça, je sais qu’elle attend quelque chose.

- Qu’est-ce qu’il y a ? je demande.

- Je suis un peu triste de ton comportement, se confie-t-elle. Tu n’es plus la même depuis que nous sommes ici, j’aimerais retrouver ma sœur.

Je ne pensais avoir fait autant de mal à Lina. Elle est souvent dans sa chambre en train de jouer ou de regarder des séries. En bref, elle se comporte comme une adolescente normale. Jamais je n’aurais imaginé qu’elle dirait ça un jour. Ma sœur ne comprend pas trop et veut des réponses. Je vais lui en donner sans lui mentir.

- J’ai une décision très importante à prendre, je lui explique. Lorsque ça sera fait, je te le dirais et aux parents aussi. Ma vie va encore changer et des personnes vont souffrir. Mais peu importe ce que je choisie, je serais toujours ta sœur et constamment là pour toi.

Lina hoche la tête mais je vois qu’elle n’est pas totalement convaincue.

- Demain, après mon rendez-vous chez le psychologue, on pourrait faire de la pâtisserie comme autrefois, je lui propose.

- On fera des cookies ? demande-t-elle.

- On pourra faire ça bien sûr.

Ma sœur me sourit puis me prend dans ses bras. Je suis heureuse de la retrouver, ça fait un moment que nous ne nous étions pas confiées l’une à l’autre. Je me suis éloignée de Lina parce que j’étais trop concentrée sur moi et le passé.

A présent, l’avenir me tend les bras et je vais devoir choisir une nouvelle fois si ce sera avec ou sans Vicente. Je ne sais pas comment trouver la bonne solution alors je suis contente d’aller voir mon psychologue demain après les cours.

***

Le docteur Méjean, psychologue et psychanalyste m’accueille dans son cabinet qui se trouve dans le deuxième arrondissement. J’aime bien venir ici chaque semaine car ses conseils m’aident beaucoup. J’ai fait pas mal de chemin depuis ma première séance.

Je m’assois dans le fauteuil en face lui. Il est confortable et d’une couleur chaleureuse. La lumière est tamisée dans la pièce ce qui donne une sensation de proximité et de confiance avec le spécialiste.

Le docteur s’installe tranquillement dans son siège. Il est toujours calme avec une voix douce et ses lunettes lui donnent un visage avenant. Il récupère ma fiche puis prend un stylo avant de me demander :

- Comment vous sentez-vous depuis la dernière séance ?

Ma relation avec Oscar m’a beaucoup aidé à avancer et le psychologue était heureux de constater ce changement positif dans ma vie. Toutefois, j’ai l’impression que ce moment de confiance est bien loin. Vicente est apparu comme une bombe et a tout fait voler en éclat. Je me suis préparée avant la séance pour ne pas dire n’importe quoi qui puisse nuire au criminel. Le docteur est la seule personne à pouvoir m’aider à prendre une décision.

- J’ai découvert que j’ai fait un déni de grossesse, je lui confie un peu tardivement. C’était il y a presque un mois que je l’ai découvert en allant chez le généraliste.

- Comment avez-vous géré cette nouvelle ? questionne-t-il d’une voix posée.

- Mal au début puisque l’enfant est de mon ex petit ami mexicain, je reprends en essayant de ne pas trembler. Oscar a finalement accepté de m’aider à s’occuper du bébé même si ce n’est pas le sien. Je savais que je finirais par sortir avec lui mais maintenant je ne sais plus ce que je veux.

Mes mains commencent à trembler et je perds peu à peu le calme que j’ai gagné en arrivant ici. Le docteur Méjean me laisse reprendre contenance avant que je ne reprenne :

- Le père de l’enfant est revenu me voir et il souhaite m’offrir une nouvelle vie à trois sans aucuns problèmes d’argent. Pour ça, je dois une nouvelle fois tout quitter.

Le psychologue n’est pas au courant de la véritable histoire. Je lui ai dit que Vicente appartenait à un gang mexicain et qu’il m’avait kidnappé. Il m’a expliqué certaines choses sur le syndrome de Stockholm et de Lima mais ça ne m’a pas beaucoup aidé.

Pendant toute la séance, j’extériorise mes pensées et mes émotions. Le docteur marque des choses dans son carnet et m’explique des trucs de temps en temps. A la fin de la séance, il pose son carnet puis se frotte les yeux.

- Votre histoire est assez étonnante Marina mais c’est la vôtre et le choix vous appartient. Je pense que vous savez quoi faire même si je pense qu’Oscar est bon pour vous et votre ancien compagnon une personne qui manque d’équilibre.

C’est sur ces derniers mots que je quitte le bureau du docteur Méjean.

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