Chapitre 7 - Oscar = espoir ?

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Marina

Je rentre chez moi le sourire aux lèvres. Ma bonne humeur est vite mise en péril par ma mère qui déboule dans le hall d’entrée.

- Je me suis fait du souci pour toi tu avais quinze minutes de retard, s’exclame-t-elle. Où étais-tu passé ? Tu devais rentrer directement à la maison.

- J’étais avec un nouvel ami au café, je réponds mollement.

- Ce n’est pas un problème mais n’oublie pas de me prévenir.

Je hausse les épaules avant de grimper les escaliers.

- C’est toujours la même chose avec toi, tu penses toujours être la seule à souffrir, reprend-t-elle d’un ton dur.

Je me retourne brusquement pour contempler son visage triste.

- Ce n’est pas toi qui as vécu ce que j’ai vécu, je réplique une pointe de colère dans la voix. Vous ne saviez même pas que j’ai été kidnappé alors qu’est-ce que ça change ?

Ma mère ne dit plus rien et je monte dans ma chambre. Je claque la porte derrière moi, toute ma bonne humeur envolée.

Je sais que ma famille culpabilise de ne pas avoir su la vérité plus tôt mais ça ne m’empêche pas d’être en colère par les propos de ma génitrice. Mes parents aimeraient que je leur raconte ce qu’il s’est réellement passé mais après avoir avoué une partie de la vérité sur l’homme que j’aime, c’était impossible pour eux de comprendre.

Le psychologue m’a un peu parlé du syndrome de Stockholm mais ça ne m’a pas beaucoup aidé. Il a bien voulu me croire malgré l’invraisemblance de cette histoire complètement folle. Pour une fois, quelqu’un m’a écouté et ne m’a pas traité de dégénérée ou de menteuses. Même si la DGSE était au courant de ce que je racontais pendant les séances, ils ne seraient pas plus avancés.

Je n’ai rien dit de l’identité de Vicente, je ne leur ai même pas dit qu’il s’agissait de La Pantera. Je préfère qu’elle reste un mythe bien caché. J’ai également omis volontairement des détails qui pourraient compromettre l’homme que j’aime. Je ne donne pas non plus trop de spécificités sur les lieux où je me trouvais.

Grâce à lui, j’ai appris la méfiance et à ne faire confiance à personne. Je me méfie des services de renseignements comme de la peste. Même si je ne cautionne pas toutes les actions de l’organisation criminelle, je ne pourrais jamais le trahir.

Le son de mon téléphone interrompt mes pensées. Je viens de recevoir un message d’un numéro inconnu. Je sais immédiatement qu’il s’agit d’Oscar.

Coucou, j’espère que tu es bien rentrée chez toi. J’aimerais te proposer d’aller à un musée d’art privé quand tu es disponible car j’ai deux tickets.

Cette attention me touche plus que je ne le pensais. Je suis peut-être en manque d’attention et d’affection. J’accepte sa proposition et je lui propose d’y aller dimanche puisque samedi je vais au Louvre avec ma famille.

Quelques instants plus tard, je reçois un nouveau message. Ce jour-là l’arrange car la veille il fait du bénévolat dans une association. En plus d’être gentil, Oscar est généreux et serviable. Décidément ce garçon est parfait. J’espère qu’il ne l’est pas trop et qu’il ne cache pas quelque chose.

***

Ma mère est de meilleure humeur aujourd’hui depuis que je lui ai parlé d’Oscar. Peut-être pense-t-elle que je vais me mettre avec lui et que je redeviendrais une personne vivante ? Pour ma part, je n’ai pas encore pensé à cette possibilité. Cela ne veut pas dire que ça ne va pas se réaliser.

Nous sommes sous la pyramide du Louvre. Lina veut aller voir La Joconde tandis que je suis le mouvement. Ma mère a même accepté d’acheter un paquet de chocolat dans l’une des boutiques du carrousel du musée.

- Le tableau est si petit, remarque ma sœur les yeux brillants d’admiration.

- Il est moins impressionnant, commente ma mère.

Je marche derrière elle comme un fantôme qui ère dans le musée. Malgré ce moment agréable, il fait un temps de chien et ma bonne humeur est entravée. Je n’arrive vraiment pas à m’habituer à ça et je comprends pourquoi les parisiens font souvent la gueule. Difficile d’être contente avec une météo aussi pourrie.

Je pousse un soupir en me promettant de faire un effort pour passer une meilleure journée. Je pense à Oscar qui doit être en train d’aider des personnes. Je l’imagine en train de trier des vêtements puis de distribuer de la nourriture aux sans-abris. Cette pensée me fait sourire malgré moi.

- Tu es amoureuse ou quoi ? demande ma sœur qui m’observe.

- Pas du tout ! je contrecarre.

- Laisse ta sœur tranquille, insiste ma mère. Ce n’est pas tous les jours qu’elle nous offre un sourire.

Je me détourne vers un tableau pour couper court à cette conversation. C’est une toile qui représente la crucifixion de Jésus. Elle a quelque chose de mélancolique et de beau. Elle me fait penser à ce que j’éprouve pour Vicente : à la fois l’ombre et la lumière, le meilleur et le pire.

Ma famille se dirige vers un autre tableau et je quitte celui-ci. Je commence rapidement à m’ennuyer. En tant normal, je serais la première à traverser le musée de long en large pour pouvoir observer toutes les œuvres. Mais maintenant, tout me parait si fade et inutile. Je dois retrouver un sens à ma vie et je sens qu’Oscar pourra m’y aider.

Je reçois un message sur mon portable me disant que le cours de yoga du mardi soir est annulé car le professeur est malade. Dommage, j’aimais bien ces moments de détente.

Je me rassure en me disant que je verrais Oscar au moins une fois par semaine au cours de pâtisserie. J’espère que les conseils du psychologue vont porter leurs fruits. J’ai fait à peu près tous ce qu’il m’a demandé. Je mérite vraiment d’être heureuse et de retrouver l’amour un jour.

A la fin de la journée, je suis en train de regarder les souvenirs dans la boutique. C’est horriblement cher mais je craque pour un stylo et une jolie trousse brodée. Ma mère n’hésite pas à me laisser acheter ce que je veux si ça peut me redonner le sourire.

La visite au musée était sympathique mais je pense que je vais plus m’amuser avec Oscar. Toutefois, il m’arrive de culpabiliser d’être presque absente dans la famille. Je pense qu’il faudrait que je fasse des jeux de sociétés avec ma sœur le week-end ou les jours où elle n’a pas école.

- Tu veux jouer au Uno ? je lui demande lorsque nous rentrons.

- C’est vrai, tu veux bien ?

Ses yeux s’illuminent et je sais qu’elle adore ce jeu parce qu’elle est douée. Il est rangé dans un meuble du salon alors je le sors pour le poser sur la table de la salle à manger.

Ainsi, nous passons une partie de la soirée à rire et à s’amuser. Finalement, mon idée était excellente. Ces moments avec ma petite sœur m’avaient manqué. Je vais proposer des soirée jeux plus souvent et pourquoi pas intégrer mes parents.

Depuis que nous sommes ici, quelque chose s’est cassé dans ma famille. Mon père est toujours un bourreau de travail et ma mère adore soudainement faire la cuisine. Quant à Lina, elle passe beaucoup de temps à jouer à la Nintendo ou à lire. En bref, nous nous sommes tous éloignés. Les parents se font moins de tendresse qu’avant et moi-même je ne fais plus de câlin à ma sœur.

Je ne dois plus vivre dans le passé et je dois réparer ce qui peut l’être. Je ne veux pas que ma famille subisse mon chagrin et en fasse les frais. Tout le monde est présent, ici à Paris. Je dois apprendre à revivre au jour le jour et définitivement tirer un trait sur le passé.

Ma rencontre avec Oscar ma fait comprendre ça et je sais qu’il va m’aider à atteindre cet objectif. Vicente finira par devenir un doux souvenir du passé. Je préfère me souvenir de lui ainsi plutôt que de me remémorer les sales moments.

Je sais que je ne rencontrerais jamais quelqu’un comme lui et d’ailleurs, je ne le veux pas. Une personne aussi lumineuse qu’Oscar me convient très bien. Il a une personnalité très intéressante et des qualités en ors. En plus de ça, il est attirant sans avoir une beauté exceptionnelle. Physiquement, il est l’opposé de Vicente et je suis rassurée car je ne veux plus rien qui me le rappelle.

Pourtant, un sentiment étrange me gagne. J’espère que je n’ai pas de mauvais pressentiments. En tout cas, je suis certaine de ne jamais revoir le criminel de ma vie. Il a été très clair sur le fait que nous devons faire notre vie chacun de notre côté car ni l’un ni l’autre ne sont compatible.

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