Chapitre 8 - Nouveau bonheur

7 minutes de lecture

Marina

Je rejoins à pied Oscar dans une rue du centre-ville où se trouve le musée d’art dont il m’a parlé. Le hall n’est pas très grand et je pense que les pièces qui accueillent les œuvres non plus. De ce fait, nous aurons rapidement fait le tour.

Mon compagnon donne les tickets à l’employé de l’entrée puis nous grimons à l’étage pour commencer la visite. La décoration n’a pas été refaite depuis un moment car les tapisseries et les parquets sont abîmés.

- Merci pour l’invitation, je prononce avec gratitude. Tu aurais pu y aller avec quelqu’un d’autre, tu n’étais pas obligé d’inviter une inconnue.

- Si je t’ai invité c’est pour apprendre à te connaître. En plus, je n’ai pas de frère et sœur.

Oscar m’offre un sourire chaleureux qui me réchauffe le cœur.

- Pourquoi veux-tu en apprendre plus sur moi ? je demande.

Le jeune homme semble mal à l’aise et se balance d’un pied sur l’autre devant un petit tableau du XVIIIème siècle.

- Tu m’as plu dès la première fois que j’ai croisé ton regard, finit-il par dire.

Surprise, j’écarquille les yeux puis je joue avec les manches de mon pull. Je ne pensais pas qu’il allait se montrer si direct. Mais d’un autre côté, il n’hésite pas à dire ce qu’il pense et l’honnêteté est importante pour moi.

- J’ai envie de passer du temps avec toi et que nous devenions d’abord ami, se dépêche-t-il d’ajouter. Je n’ai pas envie de te braquer en disant ça.

- Tu me plais aussi, je lui avoue les joues rouges avec une petite voix comme une gamine de treize ans.

Le visage d’Oscar s’éclaire encore une fois et des étoiles brillent dans ses yeux. Nous sommes tous les deux contents que le coup de cœur soit réciproque. En effet, je ne pensais pas qu’un homme allait me charmer aussi rapidement après mon retour en France.

Nous continuons la visite au premier étage. Nous découvrons une pièce avec un mobilier ancien datant de l’époque moderne. J’ai envie de m’asseoir dessus pour tester la confortabilité du canapé mais des chardons sont disposés dessus pour empêcher quelqu’un de le faire.

- Quelle est ta musique préférée ? me demande-t-il lorsque nous arrivons vers une vieille boîte à musique.

- Je n’ai pas vraiment de style et toi ?

- J’aime beaucoup la musique classique, répond-t-il en se grattant la nuque. Je sais que ça peut faire ringard mais j’aime aller voir des concerts.

- Le classique c’est mieux que le rap, plus authentique…

- Avec plus d’émotions.

Nous nous lançons un sourire complice avant de poursuivre notre chemin. Nos bras se frôlent et je me rends compte que nous nous sommes rapprochés physiquement. Je n’ai pas retiré mon manteau mais je peux sentir la chaleur de son corps et le rayonnement de son âme.

- Quelle est la ville que tu préfères ?

- Madrid est une très jolie ville, je réponds, et toi ? Je suppose que tu vas répondre Paris.

- Non, fait-il semblant de s’indigner. J’ai beaucoup aimé Berlin, j’ai visité cette ville lors d’un voyage scolaire.

Nous plaisantons au sujet de ce que nous avons trouvé étrange dans les villes que nous avons visitées et ce que nous avons apprécié. Nous avons rapidement fait le tour du musée alors Oscar m’invite à faire un tour dans un parc.

Nous marchons côte à côte sur le trottoir pour rejoindre un autre parc qui se trouve un peu plus loin. Il y a un marchand ambulant avec un petite caravane où il sert à boire et à manger.

- Cette fois, laisse-moi te payer quelque chose, j’insiste en commandant une gaufre au chocolat bien chaude.

- Je prendrais pareils que toi.

Nous dégustons notre goûter sur un banc. Je ris lorsqu’Oscar se met du chocolat sur la joue. Je prends ma serviette puis j’essuie la tâche. Surprise, il me regarde quelques secondes avant de hocher la tête et de rire aussi.

- Je suis content de passer l’après-midi avec toi, me confit-il en souriant.

- Moi aussi.

La route va être longue mais je pense qu’il faut que je dise la vérité à Oscar sur ce qu’il s’est passé au Mexique du moins en partie. S’il veut se mettre avec moi, il faut qu’il accepte cette partie de moi qui a connu le pire. J’ai l’impression de le connaitre depuis des mois alors ça ne me dérange pas de me confier.

Le jeune remarque que j’ai eu un moment d’égarement car il pose une main sur mon épaule. Mon sourire s’est effacé mais je le repeints rapidement sur mon visage.

- Est-ce que ça va Marina ?

- J’ai quelque chose d’important à te dire, je réponds. Ça s’est passé au Mexique et je pense que ce secret ne doit plus rester entre moi et ma famille. Même si je ne dois pas en parler, il le faut pour que je puisse avancer.

Je vois l’inquiétude se peindre sur le visage d’Oscar.

- Un jour, je me suis baladée dans un quartier de Mexico et je me suis perdue, je commence. J’étais sur le point de me faire agresser lorsque j’ai été sauvée par un homme masqué. Enfin, c’est ce que je pensais avant de comprendre qu’il n’était pas le gentil dans l’histoire. Il avait une arme puis il m’a menacé. Prise de peur, je lui ai donné un coup de pied dans les parties intimes.

Je fais une pause de quelques secondes tandis que mon compagnon se rapproche de moi.

- J’en ai parlé à Estella, une amie du lycée et elle a de suite compris qu’il s’agissait d’un membre de l’organisation criminelle de La Pantera, je poursuis. Mon amie m’a prévenu qu’il y aurait des représailles car ce tatouage-là est porté par des personnalité important du gang. Je n’ai rien dit à mes parents, j’ai trouvé une excuse pour partir chez mes grands-parents. Mais il m’a rattrapé et je me suis réveillée dans le sous-sol d’une cave.

Des larmes coulent sur mes joues et Oscar peine à croire qu’un truc aussi horrible puisse arriver.

- Au début c’était horrible mais ensuite j’ai commencé à me rapprocher de mon geôlier et j’ai à avoir des sentiments pour lui. Pendant un court moment, nous sommes sortis ensemble avant qu’il me rejette. Je sais qu’il a fait ça pou me protéger mais c’est très difficile. Je vais un peu mieux depuis que je t’ai rencontré et je sais que j’arriverais à faire le deuil de ma vie d’avant.

Mon compagnon semble surpris par ces révélations mais il ne dit rien.

- Je n’ai pas envie de me justifier ni de lui trouver des excuses mais nous nous aimions, point. Et maintenant, je veux pouvoir vivre normalement sans le poids du passé. Et je sais qu’à tes côtés j’y arriverais.

- Je serais là pour t’aider, me dit-il en m’offrant un nouveau sourire.

Oscar me prend la main et la serre quelques secondes avant de la lâcher. Ce que j’aime avec lui, c’est qu’il n’est pas pressé. Malgré le fait que nous avons eu un coup de cœur l’un pour l’autre, il veut prendre son temps avec moi.

Une certitude m’explose au visage à ce moment-là. Je suis sûre que je peux être heureuse avec lui et faire le deuil de Vicente. Le temps sera ma seule arme contre le passé.

Je sèche les quelques larmes qui avaient coulé puis je me redresse. Je suis encore toute agitée mais très contente d’avoir pu discuter de mes péripéties au Mexique avec Oscar. J’ai confiance en lui pour garder le secret et j’espère qu’il aura aussi confiance en moi. Je ne connais cet homme que depuis deux jours mais nous nous sommes beaucoup rapprochés.

- Je te raccompagne chez toi maintenant ? Tu sembles avoir besoin de te reposer, remarque-t-il.

Et en plus, il est attentionné. Comment ne pas succomber à son charme ?

- Oui c’est gentil merci.

Nous marchons côte à côte pendant trente minutes jusqu’à mon immeuble. Arrivée devant, je lui fais la bise puis je m’éclipse dans le hall. Lorsque je rentre, ma mère m’appelle depuis le salon.

- Comment s’est passé ton rencard ? demande-t-elle le sourire aux lèvres.

- Ce n’était pas un rencard, je réplique en jetant mon manteau sur le fauteuil.

Elle me regarde l’air de dire qu’elle ne me croit pas.

- Invite Oscar à dîner un soir, j’aimerais le rencontrer, dit-elle.

- C’est trop tôt, nous venons à peine de nous rencontrer.

- Très bien, mais une fois que tu seras en couple avec lui, présente-le-nous.

- Comment peux-tu être si sûre de toi ?

- Parce que je suis ta mère et que je sens ces choses là.

Une contraction me prend par surprise au niveau du ventre. Il y a deux jours, j’ai eu la même chose mais je pensais que ce n’était rien. Lorsque je touche mon ventre, j’ai l’impression qu’il est un peu arrondi. Je n’ai pas l’habitude de manger des produits aussi consistants que les gaufres. J’espère que je ne vais pas faire une crise de foie. Je me promets de passer voir le docteur si les douleurs reprennent encore.

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