Chapitre 2 - L'université

6 minutes de lecture

Marina

Je suis assise à la bibliothèque de l’université Paris II pour travailler un oral avec Aurélie et Jade. Malgré la fin des inscriptions en ligne, mon aventure particulière m’a permis d’obtenir une place en licence de droit.

Je fais du bruit en tapotant mon crayon à papier sur mon livre. Jade me donne un coup de coude pour me dire d’arrêter. Je suis en train d’écrire au brouillon ma partie pour l’oral concernant un chapitre du Code Civil mais je suis plus perturbée que je ne le pensais.

Je remarque qu’Aurélie gigote sur sa chaise et regarde sa montre toutes les deux minutes. Elle est impatiente d’aller à la soirée étudiante comme à chaque fois. Ma camarade est très sociable et connaît toujours les bons plans pour sortir. Elle me rappelle Estella…

Je cligne des yeux plusieurs fois puis j’écris une phrase sur ma feuille. Même si cette année d’étude ne s’annonce pas aussi passionnante que je l’avais imaginé, je ne veux pas redoubler. J’aurais préféré une autre filière mais j’étais trop dans la brume en septembre pour décider quoi que ce soit. Et surtout, je m’en fichais, rien ne comptait à part lui. De toute manière, je n’avais pas trente-six solution. Le supérieur de mon père connait le doyen de l’université et m’y a fait entrer sans qu’il pose de questions.

Je suis interpellée par Aurélie qui bondit de sa chaise. Elle range ses affaires rapidement puis me fait un signe de la main.

- Je vais essayer de me renseigner sur les mecs qui viennent, chuchote-t-elle avant de s’éclipser.

Jade et moi nous nous regardons d’un air amusé. Je ne souris pas beaucoup mais cet instant me fait lâcher un sourire.

- Tu as presque fini ? me demande-t-elle.

- Non pas encore, je soupire en baissant la tête vers mon cahier.

Jade ne dit rien et hoche la tête avant de plier ses affaires. Elle s’est toujours montrée compréhensive sans jamais me demander pourquoi j’avais un comportement maussade et inexpressif. C’est peut-être pour ça que je me sens plus proche d’elle que d’Aurélie.

- Il commence à se faire tard, dit-elle. J’aimerais me reposer un peu avant de ressortir faire la fête.

En effet, il est dix-neuf heures et ma mère ne va pas tarder à m’envoyer un message. J’ai été enlevé une fois et maintenant elle voit le mal partout.

Je me retrouve seule entourée de quelques étudiants. J’aime ce coin de la bibliothèque car il n’est pas très occupé. Le calme me fait du bien et les livres me donnent une rare impression de paix. Il n’y a qu’ici et dans une église que je retrouve cette sensation que j’affectionne tant pour sa préciosité.

Même si je n’ai pas terminé d’écrire mon oral, je finis moi aussi par quitter les lieux pour rejoindre mon appartement. J’aurais bien aimé prendre un vélo mais c’est un peu dangereux à Paris et ma mère ne veut pas m’en acheter un.

Je rentre alors en métro malgré le court trajet qui me sépare de la maison. En maximum trente minutes, je suis à l’appartement. Je déteste grimper les marches qui grincent jusqu’au premier étage.

Je salue le retraité qui habite en face de chez nous avec son pauvre yorkshire sur le point de décéder. Je suis contente de ne pas avoir un chien de cette race. D’ailleurs, avoir un animal me permettrait de le promener et d’être un peu seule avec un être non humain. Mais je suis certaine que ma mère ne me laisserait pas sortir après les cours alors que la nuit commence à tomber rapidement à cette période.

Lorsqu’arrive dans le hall de notre appartement, je suis assaillie par l’odeur de la cuisine. Nous n’avons plus de domestique et je suis contente que ma génitrice se débrouille bien pour faire à manger.

Mon père est absent ce soir et des fois, je le soupçonne de faire exprès de rentrer tard. Aujourd’hui sa seule excuse est qu’il est en voyage. Depuis le Mexique rien n’est plus comme avant. Mes parents font des messes basses dans le salon le soir. Ma mère est sur ses gardes alors que mon géniteur s’en veut de ne pas m’avoir sauvée plus tôt des griffes de La Pantera. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que je suis heureuse qu’il ne l’ait pas fait.

Je sais bien que ma sœur est un peu triste de ne plus faire d’activité avec moi. Je n’ai pas repris la pâtisserie avec elle depuis un moment. Au lieu de ça, je prends des cours qui me rappelle à quel point je devrais faire ça avec Lina. Le problème, c’est qu’il me faut un créneau avec un professeur pour que je tienne mes engagements. En effet, si je ne fais pas cela, je ne pourrais tenir mes activités régulièrement.

Le dîner se fait dans un silence de mort où tout le monde semble plonger dans ses pensées. Je me force à manger un peu plus que d’habitude puis je me lève pour débarrasser mon assiette.

Quand je regarde mon téléphone, je tombe sur un message d’Aurélie. Elle veut qu’on se rejoigne à vingt-deux heures dans un bar dont je n’ai jamais entendu parler. D’après elle, la fête se déroulera au bord de la scène.

Je pense que c’est le signal pour que je commence à me préparer même si j’ai encore du temps. Je n’ai aucune envie particulière alors je regarde sur mon téléphone pour me donner des idées de maquillage. Mon doigt ripe sur la touche « Contact ».

Mon cœur manque un battement lorsque je tombe sur le nom de Vincent. Après m’avoir rendu mon smartphone, j’ai remarqué ce nouveau contact et j’ai rapidement deviné la traduction du nom d’un certain criminel. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas supprimé.

Mon doigt tremble au-dessus de mon écran. Je parviens à sélectionner le contact puis la poubelle. Je reste quelque seconde à visualiser « Voulez-vous supprimer définitivement ce contact ? ». Je ferme les yeux tout en cliquant sur « oui ».

Le nom français du criminel n’apparait plus et des larmes coulent sur mes joues. Je n’aime pas ces moments-là où la douleur revient. Ça fait si mal d’être abandonnée de la sorte sans plus aucun espoir.

Perdre son premier amour est terrible et j’espère ne plus jamais souffrir comme ça. Même si j’ai l’impression qu’aucun autre homme n’est à la hauteur de Vicente, je devrais pourtant me remettre en couple un jour. Je sèche rapidement mes larmes puis je me concentre sur ma première tâche.

Je pioche quelques vêtements dans mon armoire mais rien ne me satisfait. Je décide finalement de garder mon jean et mon pull gris. Puis, je me recoiffe rapidement sans me maquiller. Mes cheveux sont un peu ternes et je regrette le soleil du Mexique qui les mettait en valeur. Mes yeux verts-marrons ont subis le même sort et semblent moins expressifs.

Je prends un petit sac pour ranger de l’argent et un paquet de mouchoir. Ensuite, je m’allonge sur le lit pour me reposer. L’ambiance parisienne est si épuisante et bruyante. J’entends les voitures claxonner et les badauds rire dans la rue. Si je le pouvais, je serais perchée en haut d’une montagne où personne ne pourra venir me déranger.

Je finis par fermer les yeux et me replonger dans les méandres de mes pensées.

Brrrr Brrrr Brrrr

Le son des vibrations et amplifié par le contact avec le bois de ma table de chevet. J’attrape mon téléphone puis je décroche.

- T’es où ? crie Aurélie par-dessus la musique. Ça fait quinze minutes que nous t’attendons.

- Et merde, je me suis endormie, je grogne en me levant péniblement.

- Dépêche-toi, il y a déjà du monde ! s’exclame mon amie.

Je marmonne quelques mots puis je raccroche. J’enfile des chaussures, je prends mon sac puis je descends les escaliers qui mènent au salon. Cet appartement est hyper mal foutu, c’est incompréhensible. Les architectes ont monté un étage, grignotant ainsi de la place dans l’appartement du dessus qui est désormais plus petit.

- Je vais à ma soirée, j’indique à ma mère qui regarde la télé avec Lina dans le salon.

- Envoie-moi un message quand tu arrives et quand tu rentres, m’ordonne-t-elle sans lever les yeux de son écran.

Le froid de novembre m’atteint en plein visage et je ferme mon manteau. Je prends le métro pour rejoindre le centre historique puis je marche en suivant mon GPS. Je passe à quelques mètres de la cathédrale Notre Dame qui s’élève avec majestueusement.

Je suis attirée par les cris et la musique qui doit déranger les voisins. Des tables ont été installé dans toute la rue et des étudiants sont en train de s’amuser au bord de la scène. Je soupire en me demandant comment retrouver mes amies dans ce bazar.

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