Libère-toi

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Il était une fois un petit garçon qui vivait confiné. Chaque jour, il se désespérait de la quotidienne routine dans laquelle il se sentait enfermé. Trop à l'étroit, il ne supportait plus de rester ainsi dans cet endroit clos. Alors, discrètement, il décida de sortir et d'enfreindre toutes les règles qui lui avait été apprises.

Chaque jour, il explorait les environs, une jolie petite forêt dans laquelle il se perdait et rencontrait toute sorte d'animaux. Un matin, un renard, une après-midi, un cerf. il avait l'impression de les entendre parler. Ils lui disaient toutes sorte de choses insensées, l'appelant à se libérer des contraintes d'un monde qui ne le satisfaisait pas. Le petit gars s'enhardissait chaque jour un peu plus et allait toujours plus loin.

Par une belle journée ensoleillée, il s'amusait à écraser les champignons qui produisaient une petite fumée blanche. Il leva les yeux pour observer les rayons du soleil qui transperçaient la cime des arbres. Une lueur surnaturelle flottait dans l'endroit. À force de cheminer tête baissée, il était arrivé dans une clairière. Au beau milieu s'y trouvait un homme. La chevelure grisonnante, une barbe épaisse, maigre, habillé d'un pantalon de velours noir et d'un col roulé blanc remonté au niveau des bras. Il fumait une pipe appuyé contre un chêne. Son premier réflexe fut de reculer. On lui avait enseigné à ne pas parler aux inconnus et de respecter des distances pour éviter le pire. Il remarqua que l'homme avait fixé son regard sur lui. Ce dernier lui adressa la parole, d'une voix bienveillante.

- Que fais-tu là, bonhomme ?

- J'ai pas le droit de parler aux étrangers !

- Je ne suis pas un étranger et, en plus, tu me parles.

- Je ne vous connais pas.

- Si, tu me connais.

- Alors, vous êtes qui ?

- Je suis ton père.

Le petit d'homme sentit le sarcasme s'emparer de son esprit.

- On est pas dans un mauvais remake de Star Wars, vous êtes pas mon père.

Le barbu tendit son bras et désigna la clairière.

- Ne reconnais-tu pas cet endroit ?

- Ça me dit vaguement quelque chose.

- C'est normal, nous venions nous promener souvent ici.

- Ça suffit, je vais rentrer, j'en ai marre d'entendre des âneries.

Un sourire se dessina sur les joues de l'homme, puis se transforma en un air désespéré.

-Tu n'es pas bien ici ? Le lieu n'est-il pas propice à la rêverie ? N'es-tu pas content de me revoir ?

L'enfant sentit la peur se frayer un chemin depuis le bas de son dos jusqu'aux tréfonds de son âme. Quelque chose l'inquiétait, il avait peur et voulait rentrer. Paradoxalement, il souhaitait rester là, à contempler cette forêt dans laquelle il s'évadait quotidiennement et qui lui permettait de tenir. L'adulte continua.

- Si tu continues à te cacher dans ta maison, qu'adviendra-t-il de toi ? Tu te confines parce que tu es terrifié par ce qui se passe dans le monde extérieur, pourtant, tu viens ici tous les jours.

- Je m'y sens bien.

- Si tu continues à fuir et à te murer dans cette boîte, tu passeras à côté de tout ce qui fait le sel de cette vie, crois-en ma parole.

- Mais, on m'a dit que je n'avais pas le droit de sortir !

- Pourquoi écouter celles et ceux qui veulent t'empêcher d'exister ?

- Ils ont dit que si je sortais, je pourrais me perdre.

- Il n'est rien de plus agréable que de se perdre ici.

- Mais où est-on, ici ?

- Ici, c'est toi, mon fils. Tu le sais. Ça fait bien longtemps que je ne suis plus à tes côtés.

Le petit remarqua la mine triste de l'homme et il lui sembla apercevoir une larme. Il le vit se désagréger lentement, se ratatiner et s'évaporer dans un nuage de poussière, emporté par une brise soudaine. Il se mit à pleurer et sangloter, s'agenouilla au sol. Les odeurs, les couleurs, la sensation de la terre mêlée à l'herbe dans ses mains, tout lui semblait si réel. Il essuya les larmes qui s'épanchaient de ses iris sur ses manches et se releva. Le soleil réchauffa son corps.

Malgré ce souvenir douloureux, il avait envie de rester, de s'égarer ici, dans son imagination. Trop longtemps, on lui avait enseigné qu'il fallait renier ses rêves et vivre une vie rangée. Désormais, il allait vivre cette vie qui lui tendait les bras et se libérer des carcans trop étroits du monde dans lequel il se sentait prisonnier.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il passa une main sur ses yeux et découvrit, stupéfait, les gouttes qui perlaient sur ses doigts. Le souvenir passé d'un père arraché par la mort pesait encore sur ses épaules déjà bien affligées par les années. Il se mit alors à griffonner quelques lignes sur un vieux cahier. Il était à nouveau dans la clairière...

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