Croix rouge

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 Une fois sur le parking, sur le bitume, je sens mes forces paranormales me quitter. Peut-être a-t-elle bien raison, je ne peux utiliser ma dague que lorsque je suis entouré de plantes et non de constructions humaines. Nous repérons rapidement la voiture et restons accroupis autour, pour minimiser les risques de se faire attraper. Massue à la main, Sophie se fait un plaisir de briser vitres, pare-brise et cabosser la carrosserie pendant que je m’attelle à mettre à plat les quatre pneus de la voiture, lame en main. Notre petit jeu dure quelques longues minutes sans encombre. Personne n’est alerté par le bruit des coups remplis de haine que ma partenaire prend plaisir à porter.

 Je regarde l’heure avant de repartir. Il nous reste trente minutes avant le début de la récréation. Nous devons êtes prêts à nous fondre dans la masse à ce moment.

பிற்பாடு

 Notre plan se déroule à merveille. Les élèves sortent de cours, personne ne nous reconnaît et nous arrivons à entrer dans l’administration sans encombre. Nous montons au premier étage à l’aide des escaliers, en prenant soin de ne croiser personne. On essaie d’ouvrir l’armoire que nous avions identifiée lors de notre planification, mais elle refuse de s’ouvrir. La panique monte, nous n’avons pas réfléchi à une alternative. Un rapide coup d’œil aux alentours nous indique qu’il n’y a pas d’autres solutions. Pendant que Sophie essaie de débloquer la serrure, je fais le guet, en espérant que personne ne se promène dans les environs, car nous n’avons aucune stratégie de repli en cas de problème. Je regarde par-dessus les escaliers, je me promène rapidement dans les couloirs pour prévoir une éventuelle arrivée d’un adulte, mais le bâtiment est désert.

 La clé tourne, la porte s’ouvre. Je cours vers Sophie et nous nous asseyons à l’intérieur. Il n’y a pas beaucoup de place, mais nous avons chacun notre étage. On referme difficilement le meuble avant d’entendre des voix s’élever au loin. Notre timing est parfait, les employés commencent leur pause.

 La douleur se fait ressentir, enfermé dans un espace aussi petit, mais je prends mon mal en patience. Nous n’osons pas dire un mot, Sophie et moi. Nous entendons des bribes de conversations à mesure que les différents personnels font des allers-retours devant notre cachette. Malgré quelques difficultés, notre plan est parfait, personne ne se doute de rien. Nous sommes situés en face du seul escalier, le principal se fera forcément entendre. Avec un peu de patience, nous reconnaissons son ton hautain lorsqu’il s’adresse à une secrétaire. Il est en train de partir vers la salle du conseil.

 Nous sortons de notre cachette et nous ruons vers le troisième étage sans même prendre le temps d’étirer nos muscles. Sophie se met directement au travail et je vérifie que l’étage soit vide. Personne. Tous les bureaux sont verrouillés. Je n’ai même pas le temps de revenir que la porte est déjà ouverte. Je ne savais pas qu’elle cachait autant de talents pour tout ce qui était illégal. Pourtant, je lui fais toujours pleinement confiance. La Sophie que je connais n’est en rien différente de celle que je découvre aujourd’hui.

 Nous refermons soigneusement l’entrée avec l’une des clés que nous trouvons à l’intérieur et entamons le début de notre deuxième mission. Tout est différent du reste du lycée. Le bois ici est noble, laisse une couleur sombre. Une odeur flotte dans les airs, rappelant les maisons anciennes. L’atmosphère n’est pas scolaire. Au contraire, elle est chaleureuse. Les différents tableaux de famille du proviseur renforcent cette sensation. Ce sont les premiers que nous attaquons. Cadres brisés, photos déchirées, c’est une offense directe que nous effectuons ici. L’attaque est personnelle.

 Nous renversons tous les dossiers, les papiers importants, mélangeant tout ce qu’il avait soigneusement classé par date, par thème. Nous vidons les armoires au sol, avant d’arriver sur celle des élèves. Tous nos dossiers sont classés ici et je repère immédiatement celui de Sophie. Il a été utilisé récemment. Je l’appelle et nous inspectons son contenu. Rien de spécial, jusqu’à ce que nous trouvions une petite note écrite à la main, sur du papier rapidement déchiré.
Très bonne élève. Pas mal non plus, physiquement. Mais une vraie peste lorsqu’elle s’adresse à son proviseur. Il va falloir lui faire comprendre que c’est lui qui dirige, et que sa position d’élève préférée de tout le personnel enseignant ne lui confère aucun pouvoir particulier. Je vais lui détruire sa vie, détruire ses espoirs, détruire sa confiance en elle. Ou peut-être la garder pour moi… comme un trophée.

  Un trophée ? Je la regarde et vois de la haine sur son visage, mais elle ne dit rien. Ce principal a un réel problème et cette découverte est choquante. Mais nous n’avons pas le temps de nous attarder sur ce mot, alors nous récupérons son dossier ainsi que ceux des autres filles du lycée pour les inspecter. Nos sacs sont trop petits pour tous les prendre, alors nous les observons et conservons ceux qui contiennent des notes manuscrites. Dix, pas un de plus. Toujours avec des petits mots similaires à celui de Sophie. Un dossier contient également le visage d’une élève portée disparue, avec une croix rouge sur sa photo. Notre proviseur pourrait bien être très différent de tout ce que nous imaginions, il est peut-être bien plus dangereux que ce que nous envisagions.

 Un cliquetis dans la serrure se fait entendre. On fait quoi maintenant, Sophie ?

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