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Une minute de lecture

Ce n’est pas de la colère qui scintille dans les iris d’obsidienne de ces méchantes filles, ni des cris de démons qui déforment leurs visages jadis enjoué : c’est la peur qui s’incarne, qui marque au fer rouge, la frayeur qui possède du profond, qui fige, tétanise, la terreur enfin, absolue, despotique, qui condamne la raison.

Et Yumi d’aboyer, en douceur féroce, en prise avec ce sortilège qu’elle ne comprend pas alors qu’il lui suffirait de baisser les yeux, de regarder ses mains, qui ne sont plus humaines, de caresser sa peau autrefois si douce pour y découvrir la pilosité rugueuse, infâme et dérangeante, d’un animal. D’une créature peut-être.

Soudain, au son des cris tempêtes, la danse reprend, surprend alors que le soleil en orange se couche sur les flots calmes du lac paisible : les six filles reprennent vie, loin des stridulantes envolées de leurs bouches paniquées. Elles se mettent à courir, égrenant leur peur au vent des pétales de sakura et, chacune de leur côté, s’engouffrent à la lisière du bois, pour retrouver dans la clairière le village tranquille, la douceur affable et lénifiante de leur noka, le visage rassurant de leur chère famille, devant l’irori.

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