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Elles crient, hurlent, s’épouvantent et figent le temps de leur stridence folle, paralysent Yumi comme acculée à sa plus grande frayeur : celle d’être confrontée à des monstres, des monstres tels que ceux qui se dressent devant elle.
Quelle est cette haine ? Pourquoi ces cris ? Que font-elles ? Ce n’était qu’un jeu, un simple jeu du lointain. Sont-elles devenues folles au point d’avoir cédé par ces incantations à quelques forces obscures ? Sont-elles toujours… humaines ? Que se cache-t-il, sous ces apparences de petites filles fragiles ?
Yumi ne sait plus quoi penser. Yumi a peur, une peur plus profonde que celles dessinées par les ombres au vent du soir sur les murs froids de sa chambre.
Les petites filles se ressemblent toutes. De leurs étoffes bigarrées, poussiéreuses, des visages dépassent, semblables, blafards, menaçants : ce sont elles, les oni, toutes et Yumi, affolée par l’effroi qu’elle ressent, s’arque sur ses pattes, et s’apprête à hurler à son tour. Et là, elle aboie : c’est un son de canidé qui s’échappe de sa bouche ! Elle aboie, encore et encore : les mots ne se formulent plus, comme envolés, dérobés peut-être par ces oni qui détiennent, dans leurs prunelles sournoises, les syllabes de sa voix !
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