Kagome Kagome chantent les souris en cercle, fendant l’air de leurs petites pattes, tournoyant à des vitesses variées pour troubler Yumi, aux yeux bandés. Hantée par l’écho de ces voix psalmodiantes qui la mènent au trouble dans un mystère de voile, Yumi plus perdue encore dans le jeu, se dit fort en elle : Yumi, tu vas y arriver ! Concentre-toi, et tu sauras !

Mais lorsque la chanson s’arrête, que les pieds cessent de battre l’ocre de la terre, Yumi ne sait toujours pas quelle tortue ou quelle grue se trouve derrière elle, laquelle de ces six souris se juche sur ses petits souliers. Et cette fois, elle ne souhaite pas se tromper, prononcer le mauvais prénom, car elle ne veut plus être oni. Elle veut voir le vrai : celle qui le deviendra, couronnée comme tel, qu’elle imagine avec des cornes, et fumant des naseaux.

Alors, elle dit, convaincue : « Izumi. »

Mais, hélas, c’est Miya qui se découvre à ses yeux lorsqu’elle recouvre la vue. Elle n’a point le temps de profiter des nuages d’estampes, des stries mauves qui se déroulent à perte d’horizon que déjà elle retourne dans l’obscurité de l’étoffe, charriée par ses pairs qui inventent pour elle une mélodie nouvelle, au chœur de pierre :

« Yumi est l’oni. Honnie pour la vie.

Yumi est l’oni. Honnie pour la vie. »