Ainsi plongée dans le noir, à l’écoute du chœur qui entonne ce chant psalmodié lentement, Yumi au cœur léger essaye de deviner chaque battement, de traduire chaque mouvement, de deviner où donc ses amies se trouvent pour que l’une d’entre elle devienne oni, mais les voix se confondent en elle, résonnent en ténèbres, se mélangent en écho.

Et, quand la chanson se termine, imposant un silence étrange, quand les pas ont achevé la musique tambour d’une course folle, que les respirations seules deviennent liturgie, Yumi ne sait pas, Yumi ne sait rien : ce pourrait être n’importe laquelle, derrière elle, n’importe laquelle de ces fillettes avec lesquelles elle joue tous les jours, jusqu’aux blêmes lueurs du crépuscule.

Alors Yumi, qui ne veut point faire attendre ses amies, prononce du bout des lèvres le prénom de Sayuri. Quelques rires égrenés soulèvent une montagne de doutes. Eko, amusée, lui retire le bandeau et, se retournant avec entrain, Yumi découvre Izumi : elle reste, pour un tour encore, l’oni - et ce n’est pas bien plaisant.