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Du soleil aux paupières de Yumi : elle file le nez au vent, heureuse de jouer un peu au bord du lac et d’y voir tanguer, lentement, les reflets dorés du soleil, de sentir, de ses petites narines émoustillées, le parfum délicat des fleurs et d’admirer, de ses yeux pétillants, les pétales de sakura, portées par le vent doux, dansant aux confins de l’horizon bleu.
À la voir arriver à grands pas, ses amies jubilent. D’une seule voix, elles entonnent son nom en écho : l’affable transe d’une émotion enfantine. Désormais, elles ne sont plus quatre, mais cinq. Elles pourront jouer à ce jeu qui les hante, ce jeu qui, dans les villes lointaines, au-delà des montagnes, impose son ambiance, ce jeu, enfin, qu’elles ont au bord des lèvres en promesses ardentes quand elles ne frémissent pas, à trop y penser.
Car, chaque soir, il s’invente en pente sombre, en précipice, dans l’obscurité lente, quand les ténèbres échancrent de caresses les contours de leur futon. En ces instants, parfois, l’ombre de la nuit dessine la silhouette chimère d’un oni menaçant. Elle prend vie au blanc du papier, se déplace sur les portes coulissantes : du charbon sur des vitres d’opale.
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