Inutile de dire à quel point je fus déprimée lorsque je fermais la porte derrière lui. Je voulais y croire à cette relation naissante surtout qu’il avait pris mon numéro ! J’avais trouvé ce week-end tellement génial et nos rapports si intenses et utopiques à la fois que ça ne pouvait pas être juste du cul, il y avait forcément autre chose qui nous attendait, j’en était persuadée. Je me laissais aller à ma rêverie d’une future vie commune que lui et moi aurions construites après plusieurs mois d’amour insouciants, avant notre mariage et nos enfants. Je laissais mon esprit divaguer même si je savais au fond de moi que ça ne se ferait sans doute pas, du moins, pas si facilement !

Dans l’après-midi, toujours à rêvasser, mon téléphone fixe sonnait et je me précipitais sur lui dans l’espoir que ce soit Alexandre, mais non, c’était Lilly (en même temps, il n’avait pas ce numéro-là !). Son appel tombait à point nommé, j’allais pouvoir tout lui rapporter.

- Allo ? Jenna ?

- Salut ma belle, comment vas-tu ?

- Ça va, merci, je suis vraiment désolée de ne pas avoir été dispo pour toi ces derniers jours, tu m’en veux ? Me fit-elle d’une voix de petite fille qui voudrait se faire pardonner.

- Bien sûr que non, alors un beau portugais ? Il était comment ? Dis-moi tout !

- Bah, tu sais, beau, grand et fort comme d’hab. Mais on s’en fiche. Ce qui importe c’est ce jeune homme, toi et votre rendez-vous l’autre soir ! Je veux tout savoir en détails.

- Je te dirai tout jusqu’à aujourd’hui.

- Quoi ? Jusqu’à aujourd’hui ? Mais que s’est-il passé ? Elle avait la voix pleine d'excitation et d'impatiente.

Je lui racontais notre premier rendez-vous que je lui avais déjà résumé sur son répondeur et pendant lequel il ne s’était pas passé grand-chose. Elle me félicita encore de ne pas lui avoir donné mon numéro de téléphone car selon elle c’est ce qui l’avait fait revenir deux jours plus tard. Ensuite je lui racontais notre balade romantique et glacée le soir sous les étoiles et bien sur notre premier baiser. Là-dessus elle ne put s’empêcher d’émettre un cri du genre « enfin ! » et je la laissai mijoter quelques minutes en lui disant que nous étions retournés dans la voiture car nous avions trop froid et qu’ensuite il m’avait raccompagné.

- La suite, la suite ! Ne me dis pas que tu l’as laissé partir ?

- Attend la suite tu veux ?

Je lui racontai comment je lui avais proposé d’entrer et comment je m’étais jetée sur lui à la suite du regard plus qu’expressif qu’il m’avait lancé. Elle n’en revenait pas, elle n’arrivait pas à croire à ce que j’avais osé faire et encore moins au fait que j’avais fait l’amour au second rencard, moi la vraie bonne sœur disait-elle ! Il faut savoir que Lilly et moi étions vraiment différentes dans nos relations, donc pour elle, ce que j'avais fait ce soir là avec Alexandre était totalement iréelle, c'est plutôt elle qui aurait fait ça en temps normal. Je continuais alors la description de ma nuit avec Alexandre et celle-ci se mit à me jalouser car d’après elle, jamais je n’avais parlé en ces termes d’une nuit de sexe avec qui que ce soit. Je lui racontais aussi ma surprise au matin lorsque je découvrais la notoriété de celui-ci et le fait que j’en restais dubitative finalement, encore maintenant d’ailleurs ! Ce à quoi elle ne savait pas quoi dire car jamais elle ne se serait imaginé qu’une « star » pouvait s’intéresser à des filles comme nous. Je continuais le récit de notre journée au zoo et de mon imagination débordante quant au fait qu’on le reconnaisse et je continuais sur le fait qu’il m’emmena à l’hôtel sans plus attendre après la fermeture du parc. D’après Lilly, son empressement venait du fait que je l’avais fait attendre en voulant faire d’autres attractions lors de ses avances. Elle m’en félicita et me dit que j’étais finalement un cas moins désespéré qu’elle ne le pensait !

- Et cette nuit à l’hôtel alors ? Raconte-moi tout en détail.

- Je ne sais pas quoi te dire à part que ce fut lors de notre arrivée à l’hôtel que nous avons fait l’amour et c’était juste digne d’un super film d’amour.

Je lui racontais tout dans le moindre détail, nous n’avions vraiment aucun secret et aucun tabou l’une envers l’autre, on se connaissait depuis si longtemps ! Elle était contente pour moi mais elle ne comprenait pas que ce soit la dernière fois qu’Alexandre et moi ayons fait l’amour, car pour elle, il paraissait logique que la nuit aurait dû être torride également, chose sur laquelle j'étais d'accord moi aussi. Je lui fis part de notre réveil, que mon amant avait voulu presser et du trajet silencieux du retour et de toutes mes inquiétudes, même si finalement, Alexandre avait promis qu’on se reverrait bientôt et qu’il avait voulu mon numéro de téléphone.

- Ne t’inquiète pas, il va te rappeler ton chanteur, c’était seulement l’angoisse du départ après ces moments sympas passés tous les deux. Tu as fait ce qu’il fallait pour qu’il ait envie de revenir vers toi et j’avoue aussi, que tu as une pointe de chance, car tu n’as pas l’air d’être tombée sur un coureur.

- J’espère ! J’ai vraiment eu un coup de cœur avec ce mec, je n’oserai dire que ça a été le coup de foudre mais ce week-end était réellement magique ! …… Sinon toi ?

- Ben…. Tu sais moi, c’est toujours pareil ! Fidèle à moi-même ! C’est quoi ce bruit ?

- Euh… Je cherchais, c’était mon téléphone portable, j’avais reçu un texto. C’est un texto de lui.

- Qu’est-ce qu’il te dit ? Me dit-elle avec un air très empressé.

- Il me dit qu’il a passé un très bon week-end et qu’il m’invite à venir passer le prochain week-end chez lui.

- Super ! Tu vois qu’il était sincère et qu’il veut vraiment te revoir ! Je suis trop contente pour toi, tu vas y aller ? Son ton avait plus l’air d’une affirmation voire d’une condition que d’une question.

- Je ne sais pas, j’en meurt d’envie mais ça me fait un peu peur de me retrouver loin de chez moi, toute seule, imagine que finalement ça ne colle pas du tout entre nous, je vais faire comment moi toute seul à Paris ?

- Premièrement, je ne vois pas pourquoi ça ne collerait pas, c’est vrai, ce week-end s’est bien passé, la preuve en est que tu crèves d’envie de le revoir et que tu as couché avec lui en même pas 5minutes !

- Tu exagères !

- A peine. Deuxièmement, si jamais ça devait mal se passer, tu peux toujours profiter d’un week-end à Paris et visiter ! Ou troisièmement, tu es assez grande pour faire le chemin inverse et rentrer chez toi, donc tu y vas.

- Ouai, tu as surement raison, je vais lui répondre que ce sera avec plaisir. J’écrivais un texto à Alexandre pour lui dire ok.

Après notre conversation exclusivement sur ma vie ou presque et une réponse faite à Alexandre, je quittais mon amie Lilly et allais me faire à manger. Après avoir pris ma douche et m’être installée devant la télé, je repensais à ce texto, il voulait me revoir et un week-end romantique plein de sexe m’attendait, j’en étais tellement excitée que je ne pouvais m’empêcher de sautiller sur place. Je partais me coucher avec l’idée que j’avais, peut-être, rencontré un homme bien !

Le lendemain, je devais aller au bureau sans grand enthousiasme car je n’avais qu’une pensée, ce week-end ! Aussi ma semaine fut bien morne et même le mercredi après-midi de cuisine, ne m’avait pas amusé comme à son habitude. Le mercredi soir, j’envoyais un texto à Alexandre pour lui demander son adresse pour le taxi car je comptais monter dans la capitale par le train qui me semblait plus pratique quand on ne connaissait pas Paris comme sa poche. Mon interlocuteur ne me répondit pas tout de suite et je passais les deux heures suivantes à me dire qu’il devait avoir oublié ou pire, avoir changé d’avis. Je commençais bientôt à zapper sur plusieurs chaines de la télé en quête d’une émission de chansons en direct dans laquelle il serait, ce qui expliquerait qu’il ne me réponde pas mais je ne le trouvais pas ! A presque 1 heure du matin et toujours sans réponse de sa part, je partais me coucher sans avoir acheté mon billet de train et avec le moral à zéro. Je me comportais comme une gamine de 15 ans, ces derniers jours, je ne me reconnaissais pas. Ce n'été pas mon genre d'attendre de la sorte après un garçon. Même mes début avec Aaron n'avait pas été comme ça et pourtant j'été tombée sous son charme très vite!

Ma nuit fut agitée, je fis des cauchemars de tout et de rien mais ce que je me souvenais le plus c’était le fait que tout le monde sur mon passage et ce où que j’aille, semblait voir que je m’étais conduite telle une trainée en faisant l’amour aussi vite avec ce garçon et que j’étais bien naïve quant à ses inttentions qui de toute évidence n’était autre que de se faire plaisir.

Aussi, quand je me levais, j’étais fatiguée, pleine de doute et un brin honteuse. La journée commençait bien ! Je vérifiais mon téléphone et rien, pas de texto en réponse à ma question. Dépitée, je partais au travail et commençais ma journée avec une mine affable. Cerise sur le gâteau, je devais m’entretenir avec un jeune auteur rempli d’exigences alors que oui, son livre était bien écrit avec une belle histoire mais pas de quoi se croire le prochain détenteur de bestseller mondialement connus ! Aussi pendant mon entretien avec ce monsieur, je recevais un texto d’Alexandre qui m’informait qu’il viendrait me chercher à la gare. Je ne pus m’empêcher de sourire à pleines dents et d’émettre un petit « yes » de joie. Mon prétentieux client qui se croyait le plus beau et le plus intéréssent crut que c’était pour lui et m’invita à déjeuner avec lui ce midi là et je ne pus m’y soustraire sous peine de perdre ce contrat qu’une boite concurrente aurait récupérée. Ce déjeuner avec Mr Tomas Cheldrec fut des plus ennuyeux au regard de son narcissisme mais surprenant si on considère qu’il croyait que je le draguais avec « mon jolie sourire de tout à l’heure » m’avait-il dit ! Je ne voulais pas perdre ce client car mon patron le considérait comme « un gros poisson » mais je ne pouvais accepter ses avances et le rendez-vous qu’il me donnait pour le lendemain soir pour aller avec lui voir une exposition contemporaine de peinture assurée d’un bon restaurant et d’une très bonne fin de soirée avait-il précisé ! Je lui disais donc que je me voyais obligé de décliner son offre, car, bien que séduisante, je n’étais pas disponible, je partais rejoindre mon petit ami.

- Je comprends, je ne sais pas pourquoi j’ai cru que vous pouviez être célibataire, une belle plante comme vous ! Mais ce n’est que partie remise car je ne suis pas jaloux et je peux attendre votre retour.

- Heu, je crois que vous ne comprenez pas Mr Cheldrec, je suis fidèle en amour, comme dans tout d’ailleurs ….

- Si je comprends bien vous vous refusez à moi alors que vous avez accepté de déjeuner avec moi aujourd’hui. Le rouge lui montait aux joues, je crois que je l’avais mis en colère…

- Je pensais qu’il s’agissait d’un déjeuner amical entre professionnelle. Je devais marcher sur des œufs si je ne voulais pas perdre mon client et perdre mon travail par la même !

- Oh…. Je croyais avoir était plus clair sur la nature de ce déjeuner. Je suis confus mais vous ne devriez pas accepter d’aller déjeuner avec un homme après lui avoir lancé de tels sourires. Vous m’avez induit en erreur.

- Je suis désolée, ce n'était que de simples sourires. Veuillez m'excusez monsieur Cheldrec.

- Hum, oui ..... Après un verre de vin. C'est très gênant, je crois que nous devrions mettre un terme à notre collaboration vous et moi.

- Non, non ! Ce n’est qu’un mal entendu, je suis désolée si je vous ai laissé entendre quoi que soit sur un éventuel … Je n’eus pas le temps de finir de répondre.

- Je vais demander à votre patron de changer de collaborateur. Ne vous inquiétez pas je resterais dans votre compagnie, ça sera mieux pour nous deux et moins gênant surtout. S’il vous plait, ayez l’obligeance de n’en parler à personne, je ne veux pas que quelqu’un pense que je me suis fait jeter.

Je le rassurais avec un sourire bienveillant et nous rentrions au bureau. Le prétentieux monsieur Cheldrec pouvait se rassurer, je ne dirai rien. J'étais soulagée, il restait dans la boite et je ne le verrai plus. Ce qui est certain c’est que je ne sourirais plus jamais à un client !

La journée se terminant, je rentrais à la maison avec le sentiment que le temps n’avançait pas. Je voulais être demain, je voulais prendre ce train, encore mieux, je voulais être arrivée à Paris et le revoir, lui, Alexandre. Après être arrivée, avoir bu un coup, lus le courrier et regardé s’il n’y avait pas de message sur le répondeur, je partais préparer ma valise du week-end. La météo prévoyait des orages, sans doute les derniers de l’année, et il ne faisait pas froid mais pas chaud au point d’être en t-shirt dehors ! Alors qu’allais-je mettre dans ma valise ? Je me creusais la tête car je voulais des tenues sexy mais respectables qui ne soient pas trop chaude mais qui tiennent chaud quand même car je ne savais pas ce qu’il comptait me faire faire. Allions nous aller nous promener ou bien restrions nous enfermés toute la journée sous la couette ? Un quart d’heure était passé et je n’avais mis dans la valise que deux nuisettes et des sous-vêtements, je n’arrivais pas à me décider sur le fait de prendre une jupe courte noire avec mon chemisier bleu et ma veste en sky noire ou un jean moulant avec un pull chenille blanc et ma veste en daim beige. Finalement, j’amenais les deux plus la tenue que je porterais demain. Je bouclais donc ma valise, réservais mon billet et j’allais me doucher. Heureusement que mon billet était réservé car tout de suite, l’ordinateur resté sur cette page indiquant que le train de 17 heures en partance pour Paris été complet ! Je commandais chinois sur allo-resto et je pouvais m’épiler tranquillement. J’avais à peine fini, qu’on sonnait à la porte, c’était mon diner, je donnais l’argent au livreur en lui laissant la monnaie, pas grand-chose mais bon ! Et j’allais manger. Une fois que j’eus terminé de manger, je me fis les ongles et partis me coucher afin d’être en forme le vendredi.