Agatha Petipois a trop d'idées

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 Comme de coutume, le mercredi après l’école, Lisa et Romulus se rendirent chez Agatha pour faire leurs devoirs. Cette fois-ci, hélas, ils allaient devoir se coltiner une petite sorcière excitée par la suite de son enquête, ce qui n’aidait pas à se concentrer.

 — Vous vous rendez compte ? On pourra peut-être découvrir qui est le coupable d’ici seulement quelques heures !

 — Vraiment ? demanda Lisa, sceptique. Je t’avouerais que je ne vois pas trop comment…

 — Grâce à Béa et Juliette, nous savons que quelqu’un est monté à l’étage, car elles l’ont entendu ! Chester nous apprendra peut-être de qui il s’agit, ou bien il va contredire un de nos camarades qui nous aurait menti !

 — Tu vas un peu vite en besogne, soupira Romulus qui tapait des chiffres sur une calculette. Regarde Cléo, il ne sait même plus où il était caché !

 — Et je suis toujours persuadée que Jérémy a fait le coup, reprit Lisa. Je ne vois pas Cléo le faire, et Juliette était cachée dans la salle de bain.

 — Ça, c’est ce qu’elle affirme, reprit Agatha. Les apparences sont parfois trompeuses, Cléo pourrait très bien s’être faufilé et avoir caché la poupée quelque part, peut-être qu’il l’a jetée par la fenêtre ! Elle était ouverte, rappelle-toi, et c’est un des premiers à être reparti. Ou bien, ce sera Juliette qui était à l’étage, mais qui aura dit avoir entendu des bruits, histoire qu’on ne la soupçonne pas ! Ou bien, vous croyez que Jonah aurait eu le temps de voler jusqu’à la fenêtre avant d’être attrapé ? Ou même après, maintenant que j’y pense, il aurait pu y aller avant de rejoindre la maman de Béa !

 — Wow… Tu ne vas pas un peu trop loin ?

 La petite sorcière fusilla le loup-garou du regard et croisa les bras, vexée. Au lieu de répondre, elle se pencha à nouveau sur leur devoir de calcul de périmètre du cercle. Miss Marple, son chat, s’approcha pour réclamer des caresses sans qu’elle n’accède à sa demande. C’est Lisa qui dut abandonner sa règle afin de satisfaire le matou.

 — On verra bien ce que nous dira le majordome, soupira la fille-portrait.

 Cette fois-ci, Agatha se contenta d’hocher la tête. Elle attendait beaucoup du témoignage de Chester. L’ogre les avait tous trouvés et pourrait donc confirmer ou infirmer ses différents soupçons. Qui s’était donc caché à l’étage ? Juliette leur avait-elle menti pour se couvrir ? Et quelle porte Cléo avait-il entendue se refermer ?

 Lorsque leurs devoirs furent terminés, ils rangèrent leurs livrets et leurs plumiers dans les cartables. Comme la maitresse de maison enfonçait sur sa tête son chapeau pointu, surmonté d’un pompon vert, ses deux amis la dévisagèrent.

 — Tu veux déjà y aller ? Il n’est que 14h30, Béatrice ne t’avait pas dit 17 heures ?

 — Si, mais on ne va pas seulement au manoir, aujourd’hui.

 — Ah… Ah bon ? s’étonna Romulus, inquiet.

 — Attends, Agatha, où est-ce qu’on va ? demanda Lisa en rentrant dans son portrait que son amie venait de saisir.

 — Alors, ça, c’est une surprise !

 Romulus et Lisa échangèrent un regard mêlant appréhension et confusion. Cela ne ressemblait pas à Agatha de leur faire des cachoteries. Comme il s’agissait d’une véritable tête de mule, ils n’insistèrent pas. En passant dans la cuisine, ils croisèrent la maman de la fillette. Si la pharmasorcière leur proposa de les emmener en balai, sa fille déclina la proposition. Au grand dam de sa mère, Agatha avait le vertige et détestait se déplacer en volant. Lisa et Romulus, par contre, n’auraient pas été contre ce petit coup de pouce, surtout pour pousser la brouette du portrait.

 Ils marchaient vers le sud d’Halloween, alors que le manoir Grindriz était plutôt situé à l’ouest. La ville avait cette chance, ou malchance selon les points de vue, d’avoir banni les moyens de locomotion des humains. Pas de voiture, ni rien avec un moteur. La plupart des monstres en avaient une sainte horreur. Les routes étaient cependant pavées et il n’était pas rare d’y voir une calèche tirée par un centaure. Ceux-ci assuraient le service de taxi dans toute la ville.

 Tandis qu’ils avançaient à leur rythme, croisant moult créatures sur leur chemin, Romulus devina la destination. Il comprit aussitôt les secrets de la détective en herbe et décida de marcher dans son jeu. C’est après plus de trente minutes de trajet qu’ils arrivèrent enfin là où les attendait une autre étape de leur enquête.

 Lisa en resta bouche-bée. La devanture du magasin regorgeait de mille couleurs chaudes. À la vitrine, des figurines mécaniques faisaient des allers-retours sous une musique joyeuse et des rires d’enfants. Des tas de boîtes de jeu étaient présentés et des peluches étaient disposées comme pour prendre le thé. Sur des écrans, des publicités de produits phares passaient en boucle dans le but d'inciter les plus jeunes à supplier leurs parents. Tout était fait pour que les passants s’arrêtent devant le Broc à jouets.

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