Le commissaire Scotyard

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 La fin du goûter d’anniversaire de Béatrice fut bien triste. Ses parents avaient réussi à la faire revenir pour ouvrir les autres cadeaux avec ses amis mais toute joie l’avait quittée. Elle avait péniblement déballé les paquets de chacun, leur adressant tout au plus un faible sourire et un simple « merci ». Jacky, pourtant sa meilleure amie, ne savait plus où se mettre à cause de la dispute avec son amoureux. Si Lisa et Juliette firent de leur mieux pour trouver des paroles réconfortantes, rien de ce qu’elles disaient n’avait le pouvoir de la sortir de son humeur chagrine.

 Pendant ce temps, Agatha continuait d’inspecter la pièce, à la recherche d’un indice quelconque. Tout ce qu’elle avait, c’était les morceaux d’emballages abandonnés, tel le cadavre laissé derrière lui par le meurtrier. La fenêtre en oscillo-battant lui faisait aussi de l’œil, sans pour autant qu’elle soit convaincue.

 Enfin, la police arriva. Ou plutôt le commissaire Scotyard, le papa de Romulus. C’était pour en savoir plus sur les enquêtes que menait la police d’Halloween qu’Agatha s’était mise à fréquenter le jeune loup-garou, au départ. Quoique harceler était peut-être un mot plus juste ? Elle avait passé des semaines à lui poser des questions auxquelles il ne pouvait pas répondre. Cette proximité pénible avait fini par évoluer en amitié sincère au bout de quelques mois.

 Après s’être adressé en privé quelques minutes avec le couple Grindriz, le commissaire demanda aux enfants de bien vouloir descendre le temps qu’il jette un coup d’œil à la pièce. Bien qu’il soit sous sa forme humaine, il avait une très forte carrure, presque aussi imposante que celle du majordome. Il adressa un clin d’œil à son fils qui attrapait le cadre de Lisa et faillit bien se cogner contre Agatha qui s’était postée juste devant lui.

 — J’ai récupéré les seules preuves que j’ai trouvées ! lança la petite sorcière, fière d’elle, en lui tendant la caisse aux emballages.

 — C’est bien gentil, Agatha, mais je ne pense pas que j’en aurai besoin, lui répondit le policier sous sa barbe hirsute.

 — Mais commissaire, il s’agit là d’une preuve pour retrouver le voleur !

 — Hélas, nous n’avons pas encore d’appareil pour analyser les bouts de papier kraft et nous dire qui les a déchirés, plaisanta le policier en passant sa grosse main dans les cheveux blonds de la fillette. Même si nous l’avions, ce n’est pas pour un petit vol comme celui-ci qu’on l’utiliserait.

 — Mais…

 — Tu peux les garder pour mener ta propre enquête, si tu veux, soupira l’adulte en approchant de la fenêtre ouverte. Romulus n’arrête pas de dire que tu n’attends que ça.

 Alors qu’il passait sa main dans l’ouverture pour voir si on pouvait se glisser par-là, Agatha resta interdite avec la caisse entre les mains. Elle était partagée entre la déception de ne pas pouvoir l’aider et l’excitation de suivre ses conseils. Elle sortit finalement et rejoignit les autres en bas. Cléo et Jonah étaient déjà repartis, Jacky attendait seule dans un coin et la maman de Juliette discutait avec celle de Béatrice tandis que leurs filles étaient assises sur les premières marches de l’escalier. Romulus avait déjà disposé le cadre de Lisa dans la brouette et ils l’attendaient pour partir. Avant de les rejoindre pour rentrer à pied, Agatha s’arrêta devant la gobeline qui était toujours toute tristounette.

 — Je te jure que je vais faire tout ce que je peux pour retrouver le voleur de ta poupée ! lança la sorcière.

 Béatrice ne répondit pas mais lui adressa tout de même un faible sourire. Agatha déposa la boite et étreignit une fois sa copine, obligeant Juliette à reculer pour ne pas que les serpents de ses cheveux la mordent, puis retrouva ses deux camarades. Ils saluèrent tout le monde et sortirent du manoir, Chester leur ouvrant le portail sur leur passage.

 — Ton père n’a pas l’air de prendre cette histoire au sérieux, grommela Agatha quand ils furent sortis de la propriété. Il n’a pas voulu des emballages.

 — Tu sais, c’est juste un vol de jouet, soupira Romulus. Il a sûrement plus important à faire.

 — Ça reste un vol ! s’insurgea Agatha. Je ne compte pas laisser le coupable s’en tirer aussi facilement !

 — De toute façon, ça semble évident, non ? intervint Lisa, accoudée sur le bord de la brouette.

 — De quoi ?

 — C’est forcément Jérémy ! Tu as vu, il ne nous a même pas aidés à chercher, il est resté dans son coin et il a été hyper énervant toute la journée !

 — Il nous faut des preuves avant d’affirmer quoi que ce soit ! répondit Agatha. Si tu en as, je suis toute ouïe.

 — Euh…

 Comme elle ne trouvait rien à redire, Lisa souffla de mécontentement et croisa les bras.

 — Tout ce qu’on a pour le moment, c’est des morceaux de papier cadeau et une fenêtre ouverte, reprit la sorcière. Si, comme je le pense, c’est l’un de nous qui a volé la poupée, il aura forcément agi pendant la partie de cache-cache. Il faudra qu’on pose des questions aux autres, lundi.

 — Tu comptes vraiment enquêter ? demanda Romulus, manifestement peu emballé. On est juste des gosses, comment veux-tu qu’on fasse ?

 — En mettant à contribution nos petites cellules grises ! s’exclama Agatha, contente de replacer ainsi une expression qu’elle avait déjà lue plusieurs fois de la bouche de son détective préféré.

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