Partie de cache-cache

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 — Woah, tu es vraiment gâtée ! lança Lisa.

 — Rien n’est trop beau pour ma petite pucette ! s’exclama Mr Grindriz en s’approchant d’eux pour serrer sa fille dans ses bras.

 Un peu gênée, Béatrice se laissa câliner pendant que ses amis regardaient plutôt tous ces paquets cadeaux avec envie. Leurs propres parents ne leur offraient jamais qu’un cadeau à la fois, d’habitude, aussi cette profusion avait de quoi attiser des jalousies. La famille de gobelins devait pouvoir se le permettre. Cependant, ils savaient tous que cette richesse avait un prix. De toutes les fois où Agatha était venue au manoir, ce n’était que la troisième qu’elle rencontrait le père, alors qu’elle connaissait la fille depuis la maternelle. Son travail à la banque faisait de lui un gobelin particulièrement occupé.

 L’accolade prit fin avec l’arrivée du dernier invité, Jérémy Carotide. C’était un vampire au teint particulièrement pâle, au point qu'on pouvait facilement le confondre avec un fantôme. Il était suivi par l’ogre majordome qui les avait accueillis. Jérémy ricana en exposant ses longues canines pointues et Béatrice se dégagea aussitôt de l’étreinte de son père. Ces deux-là ne s’entendaient pas très bien. La famille de Jérémy était aussi riche que celle des gobelins, mais plus par héritage que par travail. Si Béatrice l’avait convié, c’était uniquement parce qu’il était l’actuel amoureux de Jacky, à son grand désespoir.

 Le jeune vampire déposa son propre paquet dans la pile puis alla rejoindre les autres enfants. Il attrapa la main de l’épouvantail qui vira de l’orange citrouille au rouge tomate. Jérémy adressa à peine un regard aux autres invités, et encore moins à Béatrice qui leva les yeux au ciel et décida de l’ignorer.

 — Chester, tout est prêt ? demanda Mr Grindriz, loin de remarquer le malaise que venait de provoquer cette dernière intrusion.

 — Madame vous attend en bas, monsieur.

 — Bien, les enfants, nous allons démarrer la fête dans le salon, si vous le voulez bien. Nous reviendrons ici après le gouter pour déballer les cadeaux.

 Les invités approuvèrent et se mirent en marche, Béatrice en tête, pour rejoindre le rez-de-chaussée. Mme Grindriz leur demanda d’abord de s’asseoir sur un des tabourets qu’elle avait disposés en cercle afin de démarrer une chaise musicale. Hélas pour Lisa, elle ne pouvait pas participer à ce jeu. Aussi Agatha fit-elle exprès de perdre à la première manche pour lui éviter de regarder les autres s’amuser sans elle. La partie fut mouvementée et Jonah faillit bien y laisser une aile sous le poids de Cléo qui ne l’avait pas vu en s’asseyant. Finalement, c’est Romulus qui l’emporta sur le vampire qui commença à ronchonner, mauvais perdant. Il conserva cette attitude pour les jeux suivants. Mme Grindriz leur fit goûter différentes mixtures qu’ils devaient reconnaitre, ce à quoi Lisa et Juliette excellèrent. D’autres jeux suivirent, comme un parcours d’obstacles dans une pièce regorgeant de bonbons à retrouver, ou une série de petites épreuves et, enfin, des énigmes qui permirent à Agatha de briller à son tour.

 Pour conclure ces jeux, Mme Grindriz proposa aux enfants de faire une partie de cache-cache dans toute la propriété. Comme elle voulait elle-même finaliser le gâteau, elle demanda à Chester, le majordome, de bien vouloir compter et chercher les enfants. L’ogre accepta et leur adressa un sourire entre bienveillance et gourmandise. Aussitôt s’était-il retourné face au mur que tous s’éparpillèrent dans le manoir et dans le parc pour se cacher de cet effrayant employé, motivés autant par le jeu que par l’appréhension.

 Agatha et Romulus, transportant toujours Lisa avec eux, sortirent du bâtiment. Sans un regard en arrière, ils se cachèrent d’abord derrière un grand massif de roses carnivores. Comme ils s’y trouvaient forts serrés, Romulus détala et laissa les filles entre-elles pour se dissimuler un peu plus loin.

 Profitant d’être toutes les deux, les gamines n’eurent que l’attitude de Jérémy en bouche. Le vampire ne faisait que râler et bougonner. Béatrice ne l’avait invité que pour faire plaisir à son amie, elle devait regretter ce choix ! Il faut croire qu’elles n’étaient pas particulièrement discrètes, car une grosse main jaillit soudain des roses carnivores, sans se soucier des plantes qui lui mâchouillaient la peau. De surprise, elles crièrent, effrayées, mais les doigts se contentèrent d’une pichenette sur le front et le cadre.

 — J’ai gagné, mesdemoiselles. Vous pouvez retourner dans le salon. Le gâteau va être servi.

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