Peur

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" Une épouse peut se révéler utile. "

En effet.

L'officier délaissait sa femme, ce n'était un secret pour personne. Mais il la traitait dignement et honorablement.

Elle souriait et répondait aux questions de ses amies avec une prudence qui lui faisait honneur.

Elle savait que le soir, elle allait devoir répondre à l'interrogatoire de son mari.

" Qui ? Quand ? Pourquoi ? Où ? "

Elle se disait que son terrible métier avait dû agir sur lui et le rendre ainsi.

Méfiant et glacé.

Cependant, il pouvait se révéler passionné et fougueux.

Il lui souriait quand il était satisfait d'elle.

Il lui faisait l'amour avec un entrain qui lui faisait honneur.

Bref.

Un couple pas si malheureux que cela en ménage.

Et tout à fait honorable.

Pour son mari, elle se faisait espionne et écoutait les conversations.

Pour son mari...

Et pour son père, qui avait été libéré par manque de preuves contre lui.

Son père, le vieil officier, décoré et reconnu, avait dû faire amende honorable et s'excuser d'avoir osé critiquer l'action du gouvernement.

Le chef lui avait pardonné.

Son père l'avait échappé belle.

Maintenant, l'épouse de l'officier était prudente.

" Qui ? Pourquoi ? Où ? Quand ? "

" Madame XXXX. Elle rencontre un homme étrange dans un café de la rue XXXX. Elle veut des nouvelles de son fils, disparu sur le front et elle est prête à tout pour cela..."

" Le général XXXX. Il a été vu dans les bas-quartiers en compagnie d'une femme de mauvaise vie. Le 2 juin XXXX par exemple, il..."

" Lucie XXXX est amoureuse d'un des officiers subalternes. Ce qui déplaît à sa mère. Ils ont prévu de s'enfuir du pays. Mais il faut des papiers..."

Des informations qu'elle avait glanées, au hasard des conversations et des couloirs.

Elle les rapportait fidèlement à son mari.

Sachant qu'après cela, il serait doux et tendre.

Et elle aurait moins peur de lui.

Et sa famille serait en sécurité.

Mais cela restait provisoire.

L'armée se confondait avec la police et tout était biaisé.

La femme regardait son mari endormi, si jeune et si beau.

Il suffisait d'un couteau...

Seulement, elle avait encore trop peur.

La peur était une limite.

Il fallait apprendre à dominer la peur.

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