La femme de l'officier

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" L'homme a besoin de se sentir utile. "

" L'homme a besoin de se sentir utile. "

" L'homme - a - besoin - de - se - sentir - utile. "

Bien, bien, bien.

ll n'y avait plus qu'à dire oui et...se soumettre...

Se rendre utile.

Le chef les avait présentés. Il avait dressé un portrait flatteur de son jeune officier, son nouveau conseiller, son plus jeune ami.

Car ils étaient amis, n'est-ce-pas ?

Le chef avait été élogieux, dithyrambique, flagorneur même, lorsqu'il présenta à la jeune femme l'officier XXXX.

Car c'était un officier, n'est-ce-pas ?

De bonne naissance, de bonne lignée, de bonne famille.

La jeune femme avait tourné ses yeux scintillants sur les siens.

Car elle n'avait pas le choix, non plus.

" Vous auriez dû refuser, si cela vous déplaît trop, avait-elle murmuré le premier soir.

- De quelle famille venez-vous ?

- De la famille XXXX."

Il avait acquiesçé et s'était rendu utile.

Les jours passaient entre les deux époux et chacun s'observait.

Enfin, elle l'observait, lui la croisait, toujours un peu ennuyé de la voir là.

" Vous avez froid, mon cher ?

- Avez-vous connu la femme de l'officier XXXX ?"

Elle se troubla et le sourire poli qu'elle affichait disparut.

" Oui. C'était une amie.

- Qui d'autre avez-vous connu ?

- Je...je ne comprends pas la question."

Il la regardait comme s'il la voyait pour la première fois.

Lentement, il saisit une chaise et s'assit devant elle, les bras appuyés sur le dossier.

" Parmi les femmes des officiers. Qui connaissez-vous ?

- Mais...mais je connais beaucoup de monde. Je suis la fille de XXXX, forcément."

L"officier avait des yeux clairs, magnifiques et étincelants.

" Qui ?"

Elle eut peur.

Elle répondit et lui donna une liste de noms.

" Qui a tenu des propos interdits par la loi ?"

Elle dut croire qu'il plaisantait, elle se mit à rire.

Mais le rire s'éteignit lorsqu'elle le vit froncer les sourcils.

" Mais...nous sommes des jeunes femmes. Nous ne sommes pas toujours conscientes de ce qu'on dit. Souvent, on répète ce qu'on entend dire à la maison. Son père par exemple...

- Votre père ?"

Elle blanchit et sembla se trouver mal.

Il la contempla froidement alors qu'elle posa délicatement sa main sur sa bouche.

Et lorsqu'elle commença à pleurer, il se leva et quitta la pièce.

" Vous êtes réellement un bourreau ?, avait-elle demandé dans l'obscurité de la chambre.

- Je pense que tu vas gentiment fermer ta gueule. Maintenant !"

Elle se tut.

Et dorénavant, elle garda la bouche fermée.

Un homme avait besoin de se sentir utile.

Mais une femme devenait un poids ou un danger.

Il regarda la jeune femme qui était maintenant son épouse et soupira.

" Je dois rejoindre mon poste," cracha-t-il.

Elle hocha la tête et ne dit rien.

Mais il capta son regard, fou de terreur, qui se posa sur lui.

L'homme avait besoin de se sentir utile.

Et les femmes ?

" Je suis ici grâce à votre fille, informa l'officier chargé des interrogatoires.

- Mon Dieu. Que s'est-il passé ? Elle...elle va bien ?"

Un sourire amical et bienveillant.

" Bien entendu. Cela dépend de vous."

Et le prisonnier se mit à parler.

Parler.

Parler.

Tout compte fait...

Une épouse peut se révéler utile.

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