La louve

2 minutes de lecture

" Mais il fallait garder l'espoir."

Oui.

Et surtout entretenir la haine !

Car c'était par la haine qu'elle allait tous les détruire et les dominer.

Son corps n'était qu'un véhicule de transport.

Elle avait appris à s'en détacher.

Elle l'entretenait et en faisait une arme. Aussi tranchante que l'acier.

Il suffisait de savoir en jouer.

Les hommes...

Sont si faciles...

A duper...

Bien entendu, on lui posa des questions, durement.

On la bouscula, violemment.

On se souvint qu'elle était une femme, nécessairement.

Elle endura tout.

Silencieusement.

Car elle entretenait la haine qui embrasait son âme comme un feu incendierait une forêt.

Elle avait été formée pour cela. Dressée par le poing et par les caresses.

Une belle arme, tranchante et efficace.

Son corps était son dernier atout.

On lui posa des questions sur l'officier XXXX, en charge de la prison de XXXX.

Elle évoqua l'enquête qui se déroulait contre lui.

On lui demanda des noms précis et des cibles à éradiquer.

Elle parla de ceux qu'elle savait intouchables et se montrait conciliante.

Une femme apeurée, égarée dans cette guerre et prête à tout pour survivre.

On la crut.

Les hommes...

Sont si faciles...

A amadouer...

Elle supporta de longues séances de torture, qui n'avaient de torture que le nom.

Des ongles arrachés, des coupures bien saignantes, des cheveux déchirés.

Elle cria, pleura, supplia.

Ils se dominèrent.

Elle songea en riant à son propre parcours.

S'ils avaient su ce qu'elle avait subi pour obtenir son poste actuel.

Elle sut qu'elle avait gagné le jour où un homme vint lui apporter un bol de soupe chaude.

Un sourire rempli de gratitude.

Petit et incertain.

Le terroriste repartit à son poste, tout troublé.

Les hommes...

Sont si faciles...

A tenter...

Des coups et des gifles, elle pleura et donna le nom de ses collègues.

Collègues qu'elle savait informés qu'elle pouvait en dernier recours les vendre à l'ennemi.

C'était simplement des noms de soldats, bien enfermés dans leur caserne ou embrigadés sur le front. Que risquaient-ils ?

On nota avec empressement.

On cessa de la frapper.

Le même jeune homme lui apporta un bol de soupe.

" Auriez-vous une brosse ou un peigne, je vous prie ?, souffla-t-elle alors qu'il aidait ses mains tremblantes à soutenir le bol.

- Je..."

Il la laissa tenir son bol, miraculeusement, et fouilla dans les poches de sa veste élimée. Il en sortit un peigne et lui tendit, content de l'aider.

"Merci, sourit-elle.

- Vous avez encore mal ?"

Inquiet, il la regardait.

Et elle laissa les larmes couler sur ses joues tandis qu'elle peignait ses longs cheveux noirs.

Il était touché.

Les hommes...

Sont si faciles...

A faire tomber...

Elle hésita longtemps.

" Que fait-on de lui ?, demanda l'officier XXXX, jaloux.

- Je ne sais pas. Gardons-le encore quelques jours.

- Perte de temps ! Il ne sait rien !

- Je ne suis pas aussi sûre que vous."

L'officier prit une cigarette et la fuma avec nervosité. Mais la main de sa collègue, emmaillotée de bandages, la lui prit.

Elle se mit à fumer avec plaisir, sa jolie louve.

" Tu as couché avec lui ?, grogna-t-il.

- Mhmmm. Cela t'intéresse ?

- Tout peut se révéler utile !

- Je ne savais pas l'armée si sentimentale ! "

Elle se mit à rire. Un joli rire cristallin qui lui avait manqué.

Il la regarda.

Et d'un geste passionné, il la colla contre le mur et l'embrassa.

" L'armée est sentimentale !"

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