Chapitre quarante-sept

5 minutes de lecture

(Les travaux commencent)

L’homme se présente :

- Bonjour, mesdames, je suis monsieur Noiré, j’ai réussi à me libérer plus vite.

- Bonjour monsieur, lui répond Floriane. Merci d’être venu si vite.

- Je vois que j’ai bien fait de venir dès que possible, le gros orage et le coup de vent de cette nuit ont laissé leurs marques ici aussi !

- Oui ! Quel désastre, lui répond Floriane.

- Je ne suis pas couvreur, mais j’en connais un de très bien. Si vous voulez, je peux l’appeler tout de suite ?

- Oui merci, lui répond Floriane d’une voix éteinte.

Pendant que l’artisan s’éloigne, pour passer son appel, les deux femmes se prennent dans les bras, et Floriane craque. Elle pleure à gros sanglots pendant de longues minutes. Elle finit par expliquer, la voix entrecoupée de sanglots :

- Tu … Tu te rends compte ? … Quel désastre ! Comment allons-nous faire pour les travaux ?

Héloïse lui caresse longuement les cheveux, tout en lui murmurant des paroles apaisantes. Floriane finit par se calmer. Son amie lui prend les deux mains et lui dit :

- Écoute ma chérie, j’ai peut-être une idée pour les réparations…

À ce moment-là, elles entendent une légère toux, celle de monsieur Noiré qui signale son retour :

- Voilà, il va venir en fin de matinée, pour poser une bâche et évaluer le travail à faire.

- C’est parfait monsieur, lui répond Héloïse. Mais comment avez-vous fait pour qu’il vienne aussi vite, nous ne devons pas être les seules personnes sinistrées ?

- C’est mon beau-frère, répond-il dans un grand sourire.

- Ah ok, je comprends, maintenant.

Floriane reprend :

- Avant de visiter la maison, aimeriez-vous prendre une tasse de café ?

- … Oui, avec plaisir.

Tous les trois assis devant une tasse de café fumant, l’artisan leur explique :

- Vous savez mes dames, ça me fait quelque chose de venir travailler dans cette propriété.

- Ah oui ? Expliquez-nous s’il vous plait, demande Floriane, curieuse d’en savoir plus sur ce que lui a légué Élodie.

- Je l’ai toujours connu cette maison. Je venais y jouer, dans le parc, quand j’étais petit. Le portail était ouvert, Monsieur Toutlemonde ne le fermait que la nuit.

Après une longue pause, l’artisan essuie, discrètement, une larme, puis continue :

- Excusez-moi mes dames, mais ça me refait penser à mon frère qui est décédé il y a quelques années.

- Ne vous excusez pas monsieur, nous serions tristes nous aussi, à votre place, répond Élodie, compatissante.

- Merci mademoiselle … Où en étais-je ? … Ah oui, plus tard, jeune apprentie j’ai aidé mon père à installer le chauffage central au gaz ….

Après une pause pour boire un peu de café monsieur Noiré poursuit :

- D’ailleurs, cette maison est si ancienne que je ne serai pas étonné d’apprendre que ce soit une des plus anciennes de la ville. Ni d’apprendre qu’elle est inscrite aux monuments historiques.

Floriane en profite pour abonder dans le sans de l’artisan en expliquant à Héloïse :

- Oui, tu sais chérie, j’ai lu dans l’historique, fourni par le notaire, que notre maison date de mille huit cent trente-cinq.

Monsieur Noiré termine sa tasse de café en disant aux deux jeunes femmes :

- Je vais aller inspecter votre maison, afin d’établir un devis détaillé des travaux à y réaliser. Avant de partir, je viendrai vous expliquer, dans les grandes lignes, ce qu’il y a à faire. Vous recevrez le document, par la poste, dans les prochains jours.

- D’accord à tout à l’heure et bon courage lui répond Floriane.

- Merci.

Une fois seule, Héloïse s’approche de sa femme pour prendre ses mains entre les siennes. Elles se regardent dans les yeux. Dans un murmure, Héloïse lui dit :

- Écoute chérie, je viens d’avoir une idée.

- Dis-moi tout, chérie.

- Ton appartement, et si nous le vendions ? Au lieu de le louer ? … En plus, pour mon agression suivie de l’incendie de mon appartement, je vais surement être indemnisée.

Après quelques instants de silence absolu, Héloïse poursuit :

- Tout cet argent va venir en plus de celui que tu as déjà. Tu me suis ?

Floriane ne peut que hocher la tête en signe d’acquiescement. Aucun mot n’arrive à franchir ses lèvres, tant elle est émue par cette proposition !

Héloïse se lève et sert un autre café. En s’asseyant, elle saisit, de nouveau, avec beaucoup de tendresse, les mains de celle qu’elle considère comme sa femme et ajoute :

- Tu vas voir, chérie, nous allons nous en sortir, ensemble.

- Oui mon amour, tu as raison …. Merci.

Floriane se penche et embrasse tendrement sa femme.

Les cafés terminés, elles font la petite vaisselle, puis rangent la cuisine. Ensuite, elles font le tour du parc pour constater les éventuels dégâts causés par les intempéries de la nuit. Fort heureusement, il n’y a aucun dégât, à part quelques branches cassées. Même la maisonnette est intacte.

À leur retour dans la cuisine, elles entreprennent de lire l’historique de la maison. Elles y découvrent qu’effectivement, la propriété tout entière a été classée aux monuments historiques en mille neuf cent cinquante.

C’est l’arrière arrière-grand-père d’Élodie qui a acheté la propriété pour y faire construire cette grande demeure. C’était un industriel, du nord de la France, qui avait fait fortune dans le textile. Il avait souhaité passer sa retraite en Normandie.

Elles entendent de petits coups frappés sur la porte de la cuisine :

- Entrez, répondent-elles d’une même voix.

La porte s’ouvre sur monsieur Noiré :

- Mesdames, je viens d’avoir mon beau-frère au téléphone. Il arrive dans quinze minutes. Quant à moi, j’ai terminé l’inspection de la maison. C’est un très gros chantier que nous avons là ! Outre le plafond et le parquet de la salle de bain du second étage, il faut refaire l’électricité, le chauffage et l’isolation, dans toute la maison ! Sans compter la toiture et les peintures extérieures !

L’artisan voit les yeux des deux femmes s’agrandirent sous l’effet de la surprise. Il ajoute :

- Je serai à votre place, je ferai des demandes de subvention auprès des services de l’État. J’entends par là la municipalité, la région, les monuments historiques… Pour cela je vous conseille de vous faire aider par quelqu’un de la mairie.

- Très bien… C’est une excellente idée, répond Floriane d’une voix blanche.

Après un long silence, l’artisan ajoute :

- Par contre, mesdames, il faut que je vous dise, tout de suite, que pendant les travaux vous ne pourrez pas habiter la maison.

- Et …. Vous pensez qu’ils dureront combien de temps ses travaux ?

- ….. Au minimum un mois…

- Ah… Dans ce cas monsieur, dans le parc il y a une maisonnette en bois…

- Oui je la connais bien, j’y jouais étant enfant.

- Serait-il possible de l’aménager, un minimum, pour que nous puissions y vivre, ma femme et moi le temps des travaux ?

L’artisan finit par répondre :

- Écoutez, si nous allions la voir, cette maisonnette ? Je vous dirais ce que je peux en faire…

- D’accord, allons-y.

Arrivés là-bas, tous ensemble, ils arrivent à dégager suffisamment l’intérieur pour que monsieur Noiré puisse se faire une idée des possibilités d’aménagement. Son verdict tombe :

- Bon, mesdames, laissez-moi trois ou quatre jours et je pense pouvoir vous faire quelque chose de simple, mais de confortable. La maisonnette sera isolée, il y aura un coin cuisine, salle de bain, toilette … Vous n’y aurez pas froid, mais ce ne sera pas le grand luxe. Vous êtes d’accord ?

Elles échangent un regard, c’est Héloïse qui répond :

- Oui, vous pouvez commencer les travaux.

- Tous les travaux ?

- Oui, ceux de la maison aussi.

- Bien, je fais venir une benne cet après-midi pour débarrasser la maisonnette. Ensuite ce sera la pose de l’isolation, l’eau l’électricité…

Annotations

Vous aimez lire domi59143 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0