(Des travaux en perspective)

La porte n’est pas verrouillée. Héloïse tente de pénétrer dans la maisonnette, mais quelque chose l’en empêche.

Elle passe sa tête dans l’espace libre. À l’aide de sa lampe, elle examine l’intérieur. Celui-ci est encombré par un indescriptible capharnaüm.

En y regardant de plus près, Héloïse réalise que la porte est bloquée par une chaise renversée.

Elle s’en saisit, la remet sur ses pieds puis entre dans la pièce. Au bout de quelques instants :

- Viens voir, chérie ! demande-t-elle.

Floriane, qui était en train d’examiner l’extérieure du bâtiment, arrive à ses côtés.

- Ah oui ! S’exclame-t-elle ! Tu sais chérie, au début je me suis dit que nous allions faire raser ce tas de bois. Maintenant, en y regardant de plus près, je me dis qu’avec une bonne rénovation, il y a de quoi faire une jolie maison, pour les invités.

- Mmmmh … oui… pourquoi pas ?

- Tu n’as pas l’air convaincue ?

- …. Disons que j’ai du mal à l’imaginer rénové. Il y a tant à faire là-dedans que ….

- Bon écoute, ajoute Floriane, nous allons d’abord la vider de tout son capharnaüm puis, nous verrons comment elle est. Tu es d’accord ?

- Ok.

Elles scellent leur accord par un tendre bisou.

Les deux femmes finissent le tour du parc puis se dirigent vers la maison.

Quand elles y entrent, Floriane commence par essayer de retrouver l’emplacement du disjoncteur. Après quelques instants de réflexion, elle claque des doigts :

- J’y suis, je me souviens ! Le tableau électrique se trouve en haut de l’escalier qui mène à la cave !

Une fois le courant remis, elles se retrouvent dans la cuisine. Héloïse achève, juste à ce moment-là, la préparation du thé.

Elles s’assoient l’une à côté de l’autre :

- Alors, que penses-tu du parc ? Demande Floriane.

- Il est magnifique. Quand il sera nettoyé, je me verrai bien, y planter des rosiers. J’ai toujours adoré les roses. Surtout celles de couleurs roses, plus leur teinte est intense, plus je les aime !

- … Pourquoi pas ? Dis-moi chérie, une fois que tout sera rénové, est-ce que tu aimerais t’occuper de l’entretien du parc et de la maisonnette ? De mon côté, je me chargerai de la maison.

- …. D’accord !

Elles échangent un sourire puis s’embrassent tendrement.

Floriane claque dans ses mains :

- Ce n’est pas tout ça, mais nous avons une bâtisse à inspecter ! S’exclame-t-elle.

Elles entament le tour complet de la maison. Floriane continue à prendre des notes sur les travaux à réaliser.

Les deux amies visitent toutes les pièces, de la cave au grenier. Pour être sûres de ne pas entrer deux fois dans la même salle, ou d’en oublier une, en sortant, elles laissent les portes ouvertes. Les deux femmes en profitent pour ouvrir toutes les fenêtres et les volets. Ainsi, l’air frais et la lumière pénètrent à flots dans cette demeure, qui en a un grand besoin !

En redescendant, Héloïse aperçoit une porte restée fermée, elle demande :

- Chérie, tu es allée visiter cette pièce, là-bas, au bout du couloir, celle dont la porte est close ?

- Je n’en suis pas certaine. On y va voir, si tu veux bien ?

- Ok …

Héloïse entre la première et, par pur reflex, appuie sur le commutateur électrique. Il se produit, aussitôt un énorme arc électrique !

Floriane, saisit, par instinct, son amie par la manche de son pull et l’attire vers elle. Les deux femmes tombent sur le plancher, dans les bras l’une de l’autre. Floriane se relève immédiatement puis aide son amie. Elle demande tout de suite :

- Ça va ? Tu n’as rien, ma chérie ?

- Non … Non … Juste un peu secouer, rien de plus, mon amour.

- Bien … J’avais déjà noté de changer le tableau électrique. Finalement, ce sera l’installation entière qu’il va falloir vérifier, voir refaire !

- Oui … Ce … Cela me semble une excellente idée !

Elles restent silencieuses un long moment. Floriane finit par proposer :

- Écoute ma chérie, maintenant que nous avons fini de faire le tour de la propriété, est-ce que tu aimerais boire une tasse de café ? Afin de nous remettre de nos émotions ?

- Oh ça oui, j’aimerai beaucoup ! Cela nos changerai un peu du thé. D’ailleurs, je dois t’avouer, chérie, que je commence à me lasser un peu du thé.

Elles redescendent, main dans la main.

Dans la cuisine, en cherchant un peu, elles finissent par trouver une cafetière Senseo. Floriane pousse un soupir de soulagement :

- Tant mieux ! J’ai pris des capsules en papier, au lieu du café en poudre !

Le soleil tape en plein sur les fenêtres de la cuisine. Les deux amies choisissent de sortir deux chaises, pour profiter du soleil sur la terrasse, tout en buvant le café.

Héloïse demande :

- Tu penses commencer par quoi ? Avec tout ce qu’il y a à faire dans cette maison, je t’avoue que je me sens un peu perdue !

- Je ne sais pas trop chérie, au départ j’avais pensé à un bon nettoyage …. Mais comme tu viens de le dire il y a tant à faire que …

- Oui tu as sans doute raison. De mon côté j’avais pensé commencer par vérifier la toiture et refaire l’électricité …

Un silence s’installe, durant lequel elles finissent leur café.

Héloïse reprend :

- Écoute ce que je te propose, ma chérie. Il est près de dix-huit heures trente … Nous allons passer un bon coup de balai dans la chambre et la cuisine et, refaire le lit. Comme cela nous serons bien pour manger et dormir ce soir.

- Cela me parait une excellente idée. Nous allons nous y mettre à deux, ce sera plus vite fini.

- Allez ! C’est parti ! … Attend ! pour les draps, tu en as des propres ?

- Oui, ne t’inquiète pas, j’ai trouvé toute la literie rangée dans des housses, soigneusement fermées et qui sentent la lavande.

Dans la buanderie, elles trouvent tout ce dont elles ont besoin.

En à peine une demi-heure la cuisine et la chambre sont propres, le lit est refait.

Pendant qu’elles se reposent devant une autre tasse de café, Héloïse demande :

- Tu as faim, chérie ?

- Cela commence, oui.

- Est-ce que tu aimes le cassoulet ?

- J’adore ça ! Tu sais chérie, je mange de tout.

- Super ! J’ai trouvé une boite de cassoulet et une autre de haricots blancs à la tomate. Je vais mélanger les deux, ce sera délicieux !

- Je te laisse derrière les fourneaux alors.

- D’accord chérie.

Vingt minutes plus tard, elles sont attablées devant des assiettes fumantes de cassoulet, agrémentées de quelques feuilles de persil séchées.

Elles choisissent de profiter de la douceur du soir, en buvant une tasse de tilleul dehors. Chacune est plongée dans ses pensées. Héloïse finit par demander :

- Tu sais à quoi j’étais en train de penser, chérie ?

- Non, mais je sens que tu vas me le dire.

- Oui … C’est au sujet de la rénovation de la maison. Pourquoi ne pas demander conseil à quelqu’un de spécialisé dans ce domaine ?

- Ça me parait une excellente idée …. Mais … À qui faire appel ?

Chacune replonge dans ses pensées, à la recherche de la bonne idée. Floriane finit par s’écrier :

- J’ai trouvé ! Écoute bien ma chérie. Je me souviens que le notaire, Maitre Mériadec, m’a dit qu’en cas de soucis ou de questions, je pouvais me tourner vers lui. Je l’appellerai demain matin … En espérant qu’il pourra nous venir en aide.

Quelques minutes plus tard, le vent commence à souffler. Les deux femmes s’aperçoivent que de gros nuages commencent à obscurcir le ciel.

Elles se précipitent pour fermer volets, fenêtres et portes dans toutes les pièces.

Ensuite elles font leurs toilettes et vont se coucher.

Blottie l’une contre l’autre, Héloïse demande :

- Dis-moi chérie, tu aimerais en faire quoi de cette propriété ?

- Une maison d’hôte, nous avons trois grandes chambres, en plus de la nôtre, que nous pourrions louer. Qu’est-ce que tu en penses, mon amour ?

Pour toute réponse Héloïse embrasse tendrement Floriane se blottie un peu plus contre elle et murmure :

- Que du bien ma chérie.

Vaincues par toutes les émotions de la journée, elles s’endorment en quelques instants.

Aucune n’entend l’énorme orage qui s’abat sur Lyons-La-Forêt.