Chapitre trente-huit

6 minutes de lecture

(La maison d’Élodie.)

Elles se hâtent de terminer leurs repas.

La serveuse, qui a accueilli les deux amies, quand elle constate que leurs assiettes sont vides, demande :

- Est-ce que tout s’est bien passé ?

Les deux femmes répondent d’une même voix :

- Parfaitement, merci.

Elles éclatent de rire, tant elles sont surprises, et ravies, d’une telle synchronisation !

L’employée sourit poliment et poursuit :

- Est-ce que vous prendrez autre chose ?

- Un café, s’il vous plait, répondent-elles, toujours d’une même voix.

Avant de partir, elles se rendent aux toilettes. Alors que Floriane est assise sur la cuvette, quelqu’un gratte contre la porte. Elle entend une voix qu’elle connait bien :

- Floriane ? C’est moi ! Ouvre s’il te plait !

Intriguée et légèrement inquiète, elle ouvre tout en se rhabillant.

C’est une Héloïse toute rouge qui entre. Elle referme la porte derrière elle puis s’approche de son amie, en balbutiant :

- Excuse-moi … Mais je ne pouvais pas attendre plus longtemps.

Délicatement, elle lui prend le visage entre ses mains, et l’embrasse. De sage, leurs baisers se font fougueux, passionné.

Leurs mains deviennent entreprenantes, caressantes. Floriane sent celles d’Héloïse passer sous ses vêtements et lui effleurer la peau du bout des doigts. Son corps en frémit immédiatement !

C’est pourtant Floriane qui s’écarte la première, elle demande, dans un sourire :

- Attends, soit patiente, s’il te plait, ma chérie. Nous serons plus à l’aise quand il n’y aura vraiment plus personne autour de nous.

- OK

Elles se rendent présentables puis sortent des toilettes pour regagner la salle.

Les deux amies quittent, le plus rapidement possible, le restaurant. Elles rejoignent ensuite l’autoroute, toute proche, et prennent la direction de la Normandie.

Le voyage est monotone, pour faire passer le temps, elles choisissent une station de radio qui diffuse des chansons françaises, qu’elles reprennent à tue-tête.

Au bout d’un long moment, le GPS finit par demander à la conductrice de sortir de l’autoroute.

Elles sont heureuses, car le voyage leur a semblé beaucoup plus long que prévu.

Leur déception est grande quand elles s’aperçoivent qu’il leur reste encore environ cinquante kilomètres à parcourir avant d’arriver à destination !

Au bout d’une autre heure de route, dans la campagne normande, elles arrivent à Lyons-la-Forêt ! Enfin ! Que cela a été long ! Certes, le paysage normand, vallonné, verdoyant, est magnifique. Mais elles s’ennuyaient tellement, qu’elles ont compté les vaches, dans les prés, pour passer le temps !

Floriane gare la voiture juste devant une imposante grille en fer forgé. Au travers de laquelle, elle aperçoit une longue allée gravillonnée, bordée d’arbres vénérables.

Au premier coup d’œil, les deux amies remarquent que les lieux semblent abandonnés depuis un certain temps. La grille aurait besoin d’un bon nettoyage et d’une couche de peinture. L’allée est envahie par les mauvaises herbes. Les pelouses ne semblent pas avoir était tondues, depuis des semaines.

Floriane commence à douter d’être au bon endroit. Rien n’indique qui réside derrière ces murs, pas de boite aux lettres, pas de plaque indiquant le numéro, rien !

La jeune femme vérifie qu’elle a entré la bonne adresse dans le GPS en la comparant avec celle donnée par le notaire.

Elle entend Héloïse lui dire :

- Regarde, plus bas dans la rue, il y a une dame qui vient vers nous. Nous pourrions lui demander des renseignements ? Qu’est-ce que tu en penses ?

- Oui … Pourquoi pas, après tout, allons-y !

Les deux amies partent à la rencontre de la dame, qui en s’approchant va se révéler bien plus âgée qu’elles ne le pensaient. Elles hésitent un peu à la déranger puis Floriane se décide :

- Bonjour, madame, excusez-nous de vous importuner, mais, connaissez-vous les habitants de cette propriété ? demande-t-elle en indiquant la grille en fer forgé.

- Bonjour mes demoiselles, non pas vraiment, on ne la voyait que très rarement au village. Je sais juste qu’elle est décédée il y a peu de temps.

- Bon … Merci, au revoir, madame, passez une bonne journée.

Elles reviennent vers la voiture, déçues de ne pas en avoir appris plus.

Héloïse voit sa chérie commencer à fouiller dans son sac puis son visage s’illuminer d’un grand sourire.

- Je suis une véritable cruche, s’exclame cette dernière.

- Pourquoi dis-tu cela ?

- La solution à nos questions se trouve au fond de mon sac ! Je l’avais totalement oubliée !

- Ah oui ? Raconte !

- Les clefs que m’a remises le notaire ! Elle brandit fièrement une grosse clef, un peu rouillée.

- Ah oui, en effet, nous aurions pu y penser plus tôt !

Elles regagnent le portail, qu’à leur grande surprise, elles ouvrent facilement. La serrure semble avoir été graissée récemment.

La voiture s’engage dans l’allée gravillonnée. À la sortie d’un virage apparait la demeure. L’imposante maison est dans un style peu commun en Normandie. Elle est entièrement en bois, peint, haut de deux étages. Sa toiture est en ardoise. Sur le devant, une avancée du toit permet de rester à l’abri des intempéries. Un trottoir, en bois également, fait le tour du bâtiment.

En y regardant de plus près, Floriane remarque un peu de restes de peinture jaune sur les murs. Ainsi qu’un peu de bleu sur les volets. D’un regard, les deux amies tombent d’accord sur le fait que le bâtiment a besoin d’un sérieux coup de peinture !

Juste à côté de l’entrée, sous l’auvent, se trouve un banc, peint en blanc. C’est Héloïse qui remarque, la première, le paquet qui y est posé.

Les deux femmes s’assoient sur le banc, c’est Floriane qui prend l’initiative d’ouvrir le paquet. Elles y trouvent une première chemise cartonnée, contenant une copie des plans de la maison. Dans une seconde chemise, elles trouvent un historique de la maison. Floriane place les chemises dans son sac avec l’intention de les étudier plus tard.

Elles se préparent à entrer, Floriane, toujours prévoyante, a pensé à prendre des lampes torches, qu’elles allument juste avant d’ouvrir la porte. Chacune part dans une direction différente, ainsi qu’elles en ont convenu.

Tous les volets sont fermés, l’intérieur est très sombre et sent très fort le renfermé. Au fur et à mesure qu’elles progressent, de pièce en pièce, elles ouvrent volets et fenêtres pour faire entrer la lumière à flots et aérer la demeure.

Au cours de leur visite, les deux femmes vont de surprise en surprise. Elles échangent des regards complices, tant elles sont émerveillées par ce qu’elles voient. Rien ne semble avoir bougé dans cette vaste maison. Il suffirait d’enlever les draps, qui protègent les meubles, de faire le ménage à fond, pour y habiter. Tout est dans un état parfait, des meubles, aux ustensiles de cuisine, en passant par l’électroménager.

À l’étage, elles découvrent les lits faits, dans la salle de bain elles trouvent même des savonnettes encore emballées prêtes à l’usage.

Pendant qu’elles visitent la vaste demeure, chacune d’elles ne cesse d’imaginer comment elles pourraient aménager les lieux. Elles font déjà des projets, se voient dans quelques années avec des enfants qui jouent et rient sur la pelouse.

Dans la cuisine, Héloïse a trouvé de quoi faire une boisson chaude. Une fois le courant remis, il n’a suffi que d’enclencher le disjoncteur, la bonne odeur du café n’a pas tardé à envahir la maison.

Elles dégustent leurs cafés tout en discutant, pour la première fois depuis qu’elles sont entrées dans la maison.

- Que penses-tu de la maison, demande Floriane ?

- Elle est magnifique, nous pourrions presque y vivre dès aujourd’hui, tellement l’intérieur est bien ! Et la cuisine, tu l’as vue ?

- Oui, magnifique ! tu sais ce que je rêve d’y faire installer ?

- Dis-moi tout.

- Un piano de cuisson.

- Et … Qu’est-ce que c’est ?

- Une très grosse cuisinière. Avec cela, tu peux préparer tout ton repas de l’entrée au dessert en une fois. Sur un piano, il y a deux fours, et de nombreux feux….

Floriane est interrompue dans ses explications, car quelqu’un vient de frapper à la porte d’entrée.

Annotations

Vous aimez lire domi59143 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0