Chapitre trente-trois

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Confidences – Dérangement.

Floriane rebondit aussitôt :
- D’accord … Et si nous trinquions ?
- Bonne idée !

Elles lèvent leurs verres, c’est Héloïse qui propose :
- A nos nouvelles vies ?
- A nos nouvelles vies !

Les deux amies se regardent droit dans les yeux au moment où leurs verres s’entrechoquent légèrement.

Un silence s’installe durant lequel elles ne se quittent pas du regard. Leurs mains se cherchent leurs doigts s’enlacent, tendrement.

Après une profonde inspiration, comme pour se donner du courage, Héloïse pose l’une des questions qui lui brulent les lèvres :
- Dis-moi Floriane, quand ou comment, as-tu su que tu aimais les femmes ?
- C’est … C’est, une longue histoire ….

Héloïse regarde intensément son amie et lui répond, avec un grand sourire :
- J’ai tout mon temps, chérie.
- Très bien, dans cas… Tout a commencé chez Maude, une amie d’enfance. C’était avant que nous ne perdions nos parents respectifs dans des accidents de voiture.
Il faisait très chaud, cet après-midi-là. Nous nous étions mises en sous-vêtements, et étions assises, en tailleur, sur le lit de mon amie.
Juste après avoir partagé un fou rire, nous nous sommes regardées. Je me souviens encore du regard de Maude à ce moment-là, plein de tendresse envers moi … Je ne sais pas trop ce qui m’a prise … Bref … Je me suis penchée vers mon amie, je l’ai prise dans mes bras, et j’ai déposé un petit bisou sur ses lèvres, fraiches. Nous étions rouge écarlate d’émotion !
Puis, le plus naturellement du monde, Maude m’a rendu mon baisé, de façon plus intense, plus appuyée.
Voilà … A cette époque nous en sommes restées là. Mais je me souviens que toutes les deux nous avions adoré ce moment de pure tendresse.

Les deux amies se regardent, leurs mains, cachées sous la table, se serrent, Floriane poursuit :
- Après cela … Je n’ai jamais été attirée par la gent masculine. Pas de petits copains, encore moins d’hommes dans mon lit. Avec « leur truc tout pas beau entre les jambes », rien que d’y penser ça me couperait presque l’appétit !

Elles se sourient puis éclatent de rire

L’arrivée du serveur, qui apporte les assiettes, interrompt ce moment de pur bonheur partagé.

Elles savourent leur couscous en silence. Tout en dégustant le vin rouge, capiteux, d’origine nord-africaine, à petites gorgées. Sans vraiment y prêter attention, les deux amies finissent par se partager le dernier verre de la bouteille !

Au moment de se lever pour aller aux toilettes …. Héloïse vacille ! Elle doit se retenir à la table, pour ne pas retomber sur sa chaise. Elle murmure, pour ne pas attirer l’attention :
- Oula, chérie, je crois que j’ai un peu trop bu !

Les deux amies pouffent de rire, comme des adolescentes !

En louvoyant légèrement entre les tables. Héloïse parvient à aller aux toilettes sous les regards amusés des quelques clients présents en terrasse.

Pendant ce temps-là, Floriane termine son assiette. Elle se sent bien, presque pas affectée par la quantité de vin consommée en mangeant. La jeune femme se pose tout de même des questions sur l’état d’Héloïse. Toutes les deux ont consommé la même chose, bu la même quantité de vin …
Floriane consulte sa montre, cela fait déjà près de vingt minutes que son amie est aux toilettes ! … Elle décide d’aller voir si tout va bien !

Floriane prend son sac à main et suit la même direction que son amie. Elle pénètre dans les toilettes pour dames. La pièce, violemment éclairée par des néons, est d’une propreté méticuleuse. On pourrait y manger par terre, se dit-elle.

Un silence absolu règne dans cette partie de l’établissement. Prise d’une soudaine angoisse les mots ont du mal à franchir les lèvres de Floriane :
- Hé…. Héloïse ? Tu es là ma chérie ? Dans quelle cabine te trouves-tu mon amour ?

Elle tend l’oreille est fini par entendre un très léger bruit provenant des portes du fond de la salle. En approchant, elle comprend que le bruit provient de la dernière cabine.
Elle toc doucement :
- Héloïse, chérie, tu es là ?
Pas de réponse.
Elle tente une nouvelle fois, plus fort, sans plus de succès !

Sans trop réfléchir aux conséquences, si une autre personne entrait, Floriane se met à genoux. La tête au raz du sol, elle tente de reconnaitre qui se trouve derrière la porte close.

Elle identifie, en quelques secondes, les vêtements et le sac à main de son amie.
Celle-ci est visiblement assise sur la cuvette des toilettes, totalement immobile !

L’affolement commence à gagner la jeune femme !
Elle tape de plus en plus violemment, du plat de la main, sur la porte. Tout en criant, hurlant, presque, le prénom de son amie !

Une responsable finit par arriver, alertée par les cris de Floriane. Qui, maintenant en larmes, continue à frapper sur la porte et à appeler Héloïse.

Floriane sent une main se poser, doucement, sur son épaule, et une voix, douce et féminine, demander :
- Mademoiselle ? Mademoiselle ? Que se passe-t-il ?

Floriane se retourne et fait face à une jolie brunette aux cheveux courts, habillée de façon stricte, elle répond en bredouillant :
- C’est … C’est mon amie, elle est partie aux toilettes depuis plus de vingt minutes. Elle se trouve derrière cette porte et ne répond pas à mes appels ! Je suis de plus en plus inquiète !
- Je vous comprends, je serais dans le même état que vous, si ce n’est pire, à votre place ! Mais, êtes-vous certaine qu’il s’agit bien de votre amie qui se trouve derrière cette porte ?
- Oui ! Oui ! J’ai parfaitement reconnu ces vêtements ainsi que son sac à main.

La directrice ne dit rien en ce qui concerne la méthode qu’a pu employer Floriane pour apercevoir la façon dont est habillée la personne derrière la porte. Mais son air, soudainement contrarié, parle pour elle ! Elle répond d’un ton un peu plus sec :
- Bon !

La responsable semble se rappeler de son devoir de courtoisie et se présente, tout en tendant la main :
- Au fait, je ne me suis pas présentée, Henriette de Perceval, propriétaire et directrice de ce restaurant.

Floriane, de plus en plus gênée, répond en bredouillant :
- En … Enchantée, Madame, et … Je suis désolée pour le dérangement.

Henriette lui répond d’une voix plus douce et en souriant :
- Ne vous vous inquiétez pas Mademoiselle…. De toute façon je suis certaine qu’il n’est rien arrivé de grave à votre amie.

Et en effet…

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