Chapitre vingt-huit

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(Visite inattendue)

- Excusez-moi Mesdemoiselles …. Bonjour …

Les deux femmes répondent d’une seule et même voix :

- Bonjour Monsieur …

- Je suis l’inspecteur de police Henri Krajewski, du commissariat Saint-Thomas-d ’Aquin, nous sommes situés dans le septième arrondissement de Paris.

Toujours d’une même voix, elles répondent :

- Oui, que puis-je pour vous ?

Ce qui provoque leur premier fou rire de la journée.

L’officier sourit poliment puis reprend :

- J’aimerais parler à Mademoiselle Ducoin ?

Héloïse répond, en le fixant du regard :

- C’est moi-même.

Floriane enchaine aussitôt :

- Je suis Mademoiselle Boudou, nous nous sommes parlé au téléphone il y a peu de temps. Je dois d’ailleurs venir vous voir, plus dans l’après-midi, à votre bureau.

- … Oui, en effet.

L’inspecteur prend le temps de sortir son bloc-notes et son stylo de son sac. Il s’installe confortablement puis, réfléchis quelques secondes, avant de reprendre la parole :

- Si vous le voulez, je peux vous auditionner, toutes les deux, ici même ? Cela épargnera, peut-être, à Mademoiselle Boudou de devoir se déplacer au commissariat.

De nouveau, d’une seule voix :

­- Ce serait parfait, merci.

Le policier sort stylo et bloc-notes de son sac et s’installe le plus confortablement possible. Il commence ensuite :

- Mademoiselle Ducoin, vous souvenez-vous de votre agression ?

- Pas vraiment ! Je me rappelle juste avoir été arraché de mon siège puis jeté par terre ! Je me suis aussitôt mise en position fœtale pour me protéger. Je n’ai donc presque rien vu de mon ou mes agresseurs. Que je suis bien incapable de vous décrire ou même de les identifier.

- Bien !

Dans la bouche du policier, visiblement déçu, cette exclamation est tout sauf une marque de contentement !

Héloïse le remarque et d’un ton sec réplique :

- Excusez-moi de ne pas pouvoir mieux vous aider !

Elle se reprend aussitôt :

- Je … Je suis désolée, je ne sais pas quelle mouche m’a piquée !

L’inspecteur lui répond en souriant :

- Ce n’est pas grave, je comprends, vous vivez une situation très difficile.

Il pousse un grand soupir, et se tourne vers Floriane, le regard plein d’espoir :

- Et vous, Mademoiselle Boudou, que pouvez-vous me dire, sur l’agression dont a été victime votre amie ?

- De loin j’ai vu le début de l’agression, tel que vient de le raconter Héloïse. Rapidement, je me suis approchée. J’ai tenté d’écarter l’agresseur pour qu’il cesse de frapper la jeune femme qui était à terre. C’est à ce moment-là que sont intervenus vos collègues. J’ai pu observer longuement l’agresseur, le temps qu’il était assis par terre les menottes aux mains.

Héloïse hoche la tête en signe de remerciement, les deux femmes échangent un sourire.

La voix de l’inspecteur se fait plus optimiste :

- Donc, Mademoiselle Boudou, vous seriez capable d’identifier l’agresseur de votre amie ?

- Oui.

Soudain, un silence gêné s’installe dans la pièce. Floriane reprend :

- Mais, j’y pense, pourquoi devrais-je le reconnaitre, alors qu’il a été arrêté sous mes yeux. Il a bien été pris sur le fait, n’est-ce pas ?

L’inspecteur répond sur un ton de plus en plus embarrassé :

- Oui, mais, deux choses se sont produites. Premièrement le suspect s’est évadé…

En lui coupant la parole, les deux amies s’exclament en cœur :

- Ah, bravo !

Sans relever la remarque des deux femmes, il poursuit :

- De plus, nous nous sommes aperçus que le suspect et l’un des policiers qui sont intervenus appartiennent à la même famille ! Ce qui signifie que leurs témoignages ne sont pas recevables devant la justice.

Double hochement de tête des deux amies.

À ce moment-là le téléphone de l’inspecteur vibre pour signaler l’arrivée d’un SMS. « Appelle bureau, suspect appréhendé ! »

Il compose fébrilement le numéro de son bureau. Au bout de quelques sonneries, quelqu’un décroche :

- Henri a l’appareil …. Alors, vous l’avez eu ? …. Oui …. Oui !

L’appel dure moins d’une minute.

À son issue l’officier, tout sourire se tourne vers les deux jeunes femmes :

- Une équipe de la Brigade Anti Criminalité, viens d’arrêter quelqu’un qui ressemble à notre suspect ! Mademoiselle Boudou pourriez-vous venir cet après-midi au commissariat afin de le reconnaitre de façon formelle ?

- Bien sûr. Je viendrais en sortant de l’hôpital.

L’inspecteur commence à ranger ses affaires quand il semble se rappeler de quelque chose :

- J’ai failli oublier … Mademoiselle Ducoin, votre véhicule ne pouvait pas rester là où il était. C’est pourquoi nous l’avons fait mettre en fourrière.

Sous le choc, Héloïse se dresse sur son lit :

- Quoi ? En fourrière ? Hors de question que je paie quoi que ce soit ! Je suis une victime, pas l’auteure d’une quelconque infraction ! … C’est un véritable scandale !

L’inspecteur hausse légèrement le ton :

- Excusez-moi, Mademoiselle ! Vous ne me laissez pas terminer ! J’allais vous demander, lorsque vous serez sortie de cet hôpital, de passer me voir au commissariat. Je vous délivrerai un document qui vous permettra de récupérer votre véhicule sans payer aucuns frais ni amende.

L’officier regarde sa montre :

- Je dois vous quitter, mesdames. Mademoiselle Boudou, voulez-vous que je vous conduise jusqu’au commissariat ?

- Non merci, inspecteur, j’ai ma propre voiture. De plus j’aimerais rester encore un peu avec mon amie. Disons que je serai dans votre bureau d’ici deux heures au plus tard.

- Ce sera parfait, alors, à tout à l’heure. Mademoiselle Ducoin, je vous souhaite un bon rétablissement. Au revoir mesdames.

Le policier finit par partir, au grand soulagement des deux jeunes femmes.

Aussitôt la porte fermée Héloïse murmure :

- Qu’est-ce que tu en penses de ce garçon ?

- Bof, bof ! Et toi ?

- Moi non plus, de toute façon les hommes ce n’est pas mon truc !

- Ah oui ?

Un petit voyant s’allume alors dans l’esprit de Floriane. Tiens, tiens, que c’est intéressant ! Voyons ce que je vais bien pouvoir apprendre de plus sur toi, ma belle.

Mais au grand regret de Floriane, Héloïse n’en dit pas plus.

Le silence s’installe dans la pièce. Les deux amies se contentent de s’observer avec bienveillance.

La tranquillité du moment est brisée par un carillon qui retentit dans le couloir. Aussitôt après, une voix féminine annonce « Mesdames, Messieurs, la fin des visites approche. Nous vous prions de vous préparer à quitter le service. Toute l’équipe vous souhaite une bonne soirée. »

Les deux amies échangent un long regard. Avant de se faire la bise, Héloïse demande :

- Quand je sortirai, ça te dérangerait de venir me chercher ?

- Mais, non pas du tout ma chérie.

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