Chapitre vingt-cinq

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(Héloïse)

Au bout de quelques minutes, le médecin pénètre dans la pièce :

- Bonjour Mesdames … Voyons un peu ou vous en êtes Mademoiselle Ducoin.

Héloïse entend distinctement un homme parler. Elle sent qu’on lui touche le visage.

Un éclair aveuglant lui agresse la rétine ! Un flash qui lui aveugle un œil, puis l’autre. Elle tente de bouger la tête, pour fuir cette lumière. Impossible, une main, puissante, l’en empêche ! … Peur panique !

La même voix masculine lui dit calmement :

- Je sais que je vous embête, mais ça ne durera plus très longtemps.

Héloïse sent qu’on écarte doucement le drap qui la recouvre. Quelque chose de froid est posé à plusieurs reprises sur son torse, ses seins. Peur !

Peur ! Puis elle comprend, c’est le stéthoscope pour écouter ses poumons et son cœur ! Quelle cruche elle fait !

Le médecin la recouvre délicatement, puis reprend :

- Voilà, c’est fini, reposez-vous maintenant, je repasserais vous voir plus tard.

L’esprit d’Héloïse se met comme à flotter. Elle entend des murmures lointains, des voix féminines, masculines qui se mélangent et s’entremêlent.

Un long moment s’écoule ainsi. Héloïse est redevenue paisible, calme, apaisée. Parfois, elle sent quelque chose de doux et chaud, effleurer sa main. Elle aime bien se contact, presque intime, qui la rassure, elle ne veut pas que celui-ci cesse.

Floriane voit entrer une jeune infirmière, celle-ci pousse un chariot rempli de matériel médical.

Héloïse sursaute soudain, car elle vient de sentir quelqu’un, ou quelque chose, lui effleurer le bas ! Peur !

Une douce voix féminine demande :

- Mademoiselle Ducoin ?

Héloïse tourne la tête vers l’origine de ce son, si agréable. Elle tente encore une fois d’ouvrir les yeux. Ses paupières s’entrent-ouvrent, avec beaucoup de peine, de quelques millimètres. C’est si difficile, elles semblent collées ! Que cela devient agaçant !

La même voix agréable reprend :

- Mademoiselle, je suis Marie, votre infirmière. Le médecin m’a demandé de retirer le tube qui se trouve dans votre gorge.… Quand je vous le dirai, vous soufflerez, doucement et le plus longtemps possible, d’accord ?

Héloïse acquiesce d’un bref mouvement de la tête, trop contente d’être débarrassée d’un tel instrument de torture !

- Allons-y …. Un … Deux … Trois ….

Après quelques profondes inspirations, mon Dieu, que cela fait du bien de respirer sans ce tuyau !

Marie poursuit :

Je reviens dans quelques instants, je vais vous passer une compresse d’eau tiède sur les yeux. Cela vous aidera à mieux les ouvrir ensuite.

Plusieurs minutes semblent avoir passé, Héloïse sent quelque chose d’humide, tiède et doux à la fois, passer plusieurs fois sur ses yeux. À chaque passage, elle tente d’ouvrir un peu plus les yeux. Au troisième, elle y parvient entièrement.

La jeune femme jette un regard curieux autour d’elle. Outre la présence de l’infirmière, son regard est attiré par une jeune femme assise sur une chaise à côté de son lit.

D’une voix rocailleuse, elle demande :

- Ex … Excusez-moi … Ou …où suis-je ?

- Vous êtes à l’Hôpital Européen George Pompidou, à Paris. Vous ne vous souvenez de rien ?

Héloïse a beau fouiller sa mémoire … Rien ! Elle jette sur les deux femmes un regard angoissé, tout en répondant non de la tête.

Marie lui sourit tout en poursuivant :

- Ne vous inquiétez pas, je vais vous expliquer. Hier après midi vous avez été victime d’une agression. Mademoiselle ici présente (elle désigne Floriane de la main), ainsi que des policiers présents, non loin de là, sont venus à votre secours. Lors de votre arrivée chez nous vous avez été opérée immédiatement. Les chirurgiens ont passé beaucoup de temps pour refaire votre nez. Il était cassé en de nombreux endroits. En plus vous avez dû être transfusée, car vous avez perdu beaucoup de sang. Du fait de votre asthme, vous avez fait un début d’œdème aigu du poumon qui a nécessité de vous maintenir endormie.

Pendant qu’elle écoute l’infirmière parler, Floriane est stupéfaite par la vitesse à laquelle se remet Héloïse. Elle qui semblait encore inconsciente à l’arrivée de Floriane, est maintenant assise sur son lit et discute normalement !

Marie s’aperçoit que les deux jeunes femmes échangent des regards timides.

La jeune infirmière se tait observant tour à tour sa patiente et sa jeune visiteuse. Elle se demande ce qui est en train de se passer sous ses yeux ? Le début d’une histoire entre deux femmes ? Sont-elles lesbiennes tout comme elle-même ?

Après un moment de silence, Marie reprend :

- Mesdemoiselles, je vais vous laisser entre vous. Par contre Mademoiselle (en regardant Floriane) je vous prierai de ne pas rester trop longtemps. La patiente doit encore se reposer, d’accord ?

- N’ayez crainte je ne resterai pas plus de quelques minutes.

L’infirmière sortie les deux femmes restent silencieuses.

Floriane entame la conversation, presque timidement :

- Bonjour Héloïse.

- Bonjour … Mademoiselle ?

- Boudou, Floriane Boudou. Comment vous sentez-vous maintenant ?

- Mieux, beaucoup mieux même, maintenant que je parle et que je vois. Que je vous voie !

- C’est bien.

- Et vous, comment allez-vous ?

- Bien, très bien, même. Maintenant que j’ai de bonnes nouvelles vous concernant.

Un silence s’installe, qu’aucune ne semble vouloir briser. Pendant lequel, elles s’observent, se détaillent, se découvrent.

Maintenant, elles sont les yeux dans les yeux ! Autour d’elles une bulle de tranquillité s’est créée. Tout y est calme, silencieux, pour un peu elles oublieraient qu’elles se trouvent à l’hôpital, dans un service de réanimation.

Sans qu’elle ne puisse rien y faire, les yeux d’Héloïse se mettent à papillonner, puis se ferment doucement. Elle s’allonge.

Floriane attend quelques instants puis se lève silencieusement et s’approche de la jeune femme, tout en la recouvrant avec la couverture, elle lui dit :

- Je vais vous laisser te reposer, je repasserai demain en fin d’après-midi.

À ce moment-là, elle meurt d’envie d’effleurer la main qui repose sur le drap blanc !

Héloïse fixe intensément les yeux de Floriane et murmure en souriant :

- A demain Floriane et merci pour tout.

Avant de s’endormir.

Le temps de se débarrasser de la tenue stérile, de quitter l’imposant bâtiment et il est déjà dix-neuf heures à la montre de Floriane. Que le temps passe vite.

Prise d’une envie pressante, elle entre dans le premier café qu’elle trouve :

- Bonjour, Messieurs, pourriez-vous m’indiquer les toilettes ?

- Au fond de la salle. Mais … Elles sont réservées aux consommateurs.

- Je comprends, pourriez-vous me préparer un thé ?

- Bien sûr.

- Merci.

Elle s’installe à la terrasse pour profiter des derniers rayons de soleil.

Elle en profite pour réfléchir à la nouvelle situation…

La sonnerie de son téléphone portable l’empêche de réfléchir davantage à ce qui vient de lui arriver :

- Bonsoir Mademoiselle Boudou, ici Maître Mériadec. Excusez-moi de vous déranger si tard.

- Bonsoir Maître. Vous ne me dérangez pas, que se passe-t-il ?

- Voilà, j’aimerais savoir s’il vous serait possible d’avancer notre rendez-vous à demain matin dix heures ?

- Laissez-moi réfléchir ….. Oui … Il n’y a pas de problème.

- Parfais à demain matin dix heures, alors. Bonne soirée.

- À demain Maître, bonne soirée à vous.

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