Chapitre vingt

6 minutes de lecture

(La descente aux enfers)

Pendant une longue période, Floriane navigue entre sommeil et cauchemars éveillés.

Elle entend des personnes qui s’adressent à elle. Elle distingue des formes, plus ou moins nettes, des visages inconnus qui la regardent …

Jusqu’au jour où elle se réveille vraiment, son esprit semble plus clair, enfin !

Elle ouvre les yeux et son regard se pose sur une jeune femme, souriante, qu’elle reconnait rapidement, mademoiselle Stanko ! Celle-ci prononce une phrase que Floriane ne comprend pas.

Rapidement, au visage féminin, succède celui du Dr Coutenço, la mine grave.

- Bonjour, Floriane, vous m’entendez ?

Elle réussit à murmurer, la bouche pâteuse :

- Oui, docteur, bonjour. Je suis à l’hôpital ?

- Oui, savez-vous pourquoi ?

Floriane fait signe, non, de la tête.

Le médecin remarque ses yeux qui papillonnent, Floriane l’entend dire à voix basse :

- Laissons là se reposer encore un moment, il sera bien assez tôt pour lui annoncer la nouvelle !

- Oui Docteur.

Floriane se réveille en hurlant. Prise de panique, elle tente d’arracher ses perfusions. Une infirmière, présente, crie :

- Docteur, venez vite !

Le médecin décide de lui mettre les contentions. Elle tente de se débattre, mais est solidement maintenue sur le lit.

Elle sent une brulure dans la fesse puis, plus rien … Le noir.

Floriane ouvre les yeux par une journée ensoleillée. Le Dr Coutenço est à son chevet, tout lui revient en mémoire :

- Bonjour Floriane, dit-il en souriant.

- Bonjour Docteur, elle n’est pas sûre de pouvoir sourire.

- Comment vous sentez vous ce matin ?

- Je ne sais pas Docteur ! Est-ce un cauchemar ?

- Hélas non, mademoiselle, ce n’est pas un cauchemar ! D’ailleurs, nous avons retardé les funérailles jusqu’à ce que vous soyez prête à y assister.

De grosses larmes coulent sur ses joues. Elle ne tente même pas de les sécher ! Elle poursuit :

- Docteur, quand pourrai-je la voir ?

- Pas pour le moment, elle n’est pas présentable. Je ne pense pas que c’est ce souvenir-là que vous voulez conserver d’elle. Laissez-nous le temps de là préparer.

- Bon … D’accord Docteur.

- Je vous laisse vous reposer je reviendrai vous voir plus tard.

- Merci Docteur, à tout à l’heure.

En quittant la chambre, le médecin fait, discrètement, signe à l’infirmière d’enlever les contentions. Ce qu’elle fait aussi tôt. Floriane est de nouveau libre de ses mouvements.

Elle en profite pour se lever et se mettre au soleil. Que c’est bon de sentir les rayons du soleil sur sa peau ! Un fauteuil est à sa disposition, elle s’y installe, elle peut ainsi profiter pleinement du soleil !

Floriane tente de s’occuper l’esprit, mais ses pensées reviennent toujours vers Élodie ! Elle pleure sans même s’en rendre compte !

À ce moment-là, quelqu’un toque à la porte :

- Entrez !

Le Dr Coutenço, accompagné d’une jeune femme, inconnue, pénètre dans la pièce.

- Floriane, je vous présente mademoiselle Eloïse Marchand, chargée d’aider les personnes en deuil.

La jeune femme lui sourit, avance d’un pas :

- Bonjour, mademoiselle, permettez-moi de vous présenter toutes mes condoléances.

À travers un rideau de larmes, Floriane réussit à lui répondre :

- Merci mademoiselle Marchand.

Le médecin reprend la conversation :

- Floriane, j’ai quelque chose à vous demander. En regardant les dossiers, mon équipe et moi-même, nous nous sommes aperçus qu’Élodie et vous êtes orphelines. De plus, nous n’avons pas réussi à contacter d’autres membres de sa famille…. Vous et Élodie, avez-vous déjà discuté de la fin de vie, de l’organisation de vos funérailles ?

- Écoutez, Docteur, je me souviens qu’un soir nous en avions discuté. Il me semble qu’elle aurait aimé être incinérée, en robe de mariée.

- D’accord.

Le ton du Dr Coutenço se fait grave, il prend l’une des mains de sa patiente entre les siennes :

- Floriane, d’après ce que j’en sais, il semble bien que vous soyez la seule famille de mademoiselle Toutlemonde. J’ai une question simple à vous poser, acceptez-vous de vous charger de l’organisation des funérailles de votre amie ?

- Oui bien sûr, mais Docteur pourrais-je compter sur votre aide pour régler les problèmes administratifs.

- Oui, mademoiselle.

Les funérailles se déroulent par un petit matin pluvieux.

Quelques amies sont présentes dont Marielle et Maude. Mais surtout, Floriane a la surprise de constater que la plupart des personnes qui ont participé à la prise en charge d’Élodie sont présentes. Parmi elles le docteur Brune Poison est au premier rang.

Au moment où le cercueil part pour être incinéré, Floriane manque de perdre connaissance. Elle sent deux bras solides la soutenir. Elle entend une voix douce lui parler. Un timbre qu’elle connait. En ouvrant ces yeux, elle aperçoit Brune Poison. Son visage est à quelques centimètres du sien !

- Floriane, Floriane ! Reste avec nous belle ! Tu nous as fait peur !

- Merci … De votre aide Docteur, heureusement que vous étiez là !

La voix de Floriane est encore hésitante. Elle tente de se redresser, c’est alors qu’elle se rend compte qu’elle dans les bras de la jeune femme médecin !

Elle reste encore quelques instants, nichée bien au chaud dans les bras qui la protège.

- Merci docteur, merci pour tout !

- Tout le plaisir a été pour moi, Floriane.

La jeune femme quitte les bras protecteurs, lentement, difficilement, comme à regret.

Ala fin de la cérémonie, Floriane prend le temps de saluer tous ceux qui sont encore là, avant de partir.

Le retour à la maison est difficile. Tout chez elle lui rappelle son amie. Pour se donner le temps de réfléchir à la suite des évènements, Floriane se prépare un thé.

Pendant qu’elle savoure le breuvage brulant, son regard se pose sur l’ordinateur d’Élodie.

Elle s’en saisit, il s’agit d’un modèle grand écran, ultra plat, avec pavé numérique. Elle l’allume, hélas il y a un mot de passe !

Elle songe aussitôt à son ami Alex, propriétaire d’un magasin de réparation informatique. Peut-être pourra-t-il l’aider ?

Floriane décide d’essayer, après tout qu’a-t-elle à perdre ? Elle compose le numéro de son magasin :

- Allo Alex ? Bonjour, ici Floriane Boudou, comment vas-tu ?

- Bonjour Floriane je vais bien et toi ?

- Bof, tu as appris que mon amie Élodie est décédée ? On l’a incinérée ce matin !

- Ah zut ! Je te présente mes sincères condoléances !

- Merci Alex ça me touche beaucoup !

- Que puis-je pour toi ?

- Voilà j’ai devant moi l’ordinateur portable d’Élodie, mais il est protégé par un mot de passe.

- Peux-tu m’aider ?

- Je peux le faire, mais je n’ai pas le droit de te dire comment je le fais ! Ramène-moi l’ordinateur et je te le fais dans l’atelier ça prendra dix minutes.

- Ok je passe dans l’après-midi alors.

Entre temps le ciel s’est dégagé et le soleil brille. Ce qui met un peu de baume au cœur de Floriane.

En début d’après-midi, elle décide de prendre le bus pour aller jusqu’au magasin de son ami. Elle espère ainsi se changer les idées.

À son arrivée au magasin c’est son ami qui est derrière le comptoir.

- Hello toi.

- Hello, ils se font la bise

- Bon, donne-moi la bête, va boire un café, je te préviens quand c’est fait.

- Merci.

Cinq minutes plus tard, elle est attablée au soleil devant un thé fumant. Elle sort son Marie Claire, pour passer le temps.

Elle a, à peine le temps de l’ouvrir que son téléphone lui signale l’arrivée d’un SMS

Alex : C’est fait tu peux venir.

Floriane : J’arrive tout de suite.

Alex : Je t’attends, mais prépare-toi à une surprise.

Floriane avale son thé, range son magazine et file vers la boutique. Au passage, elle manque de se faire percuter par un cycliste imprudent !

Elle arrive encore tout essoufflée dans le magasin. Son ami l’accueille :

- Suis-moi, tu vas être étonnée

L’ordinateur d’Élodie est sur une table, il est allumé.

- Voilà, j’ai désactivé le mot de passe. Mais le plus surprenant c’est qu’il n’y a plus qu’un seul fichier dans cet ordinateur. Un fichier Word, qui porte ton nom.

- D’accord …. Bon je te remercie, je te dois combien ?

- Cadeau

Ils se font la bise. Floriane est pressée de rentrer chez elle pour prendre connaissance du contenu de ce fichier.

Annotations

Vous aimez lire domi59143 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0