Chapitre dix-huit

8 minutes de lecture

(Visite de Lille puis, hospitalisation)

Le lendemain huit heures, les deux amies dorment profondément. La sonnerie insistante du téléphone, sort Élodie de son sommeil :

- Allo ?

- Bonjour, ici le secrétariat du Dr Coutenço, j’aimerai parler à Mademoiselle Toutlemonde ?

- Bonjour, c’est moi-même.

- Une place vient de se libérer dans le service. Le médecin demande s’il vous serait possible de venir dès cet après-midi ?

Pendant la conversation, Floriane s’est éveillée, elle observe son amie pour comprendre ce qui se passe. Elle la voit pâlir, soudainement inquiète, elle lui saisit doucement la main en signe de soutien.

Les deux femmes se fixent :

- Puis je vous rappeler dans quelques minutes ? Le temps que j’en parle avec ma compagne.

- Aucun problème, j’attends votre appel, à tout de suite.

Sans dire un mot, Élodie se réfugie dans les bras de Floriane, elle pleure à gros sanglots.

- Qu’est-ce qui se passe, ma chérie ?

Entre deux sanglots, Élodie parvient à expliquer :

- C’était la clinique. Une place s’est libérée, le psychiatre veut que je sois hospitalisée dès ce soir !

- D’accord, je comprends, et toi qu’est-ce que tu en dis ?

- Je ne sais pas trop, c’est pour cela que je voulais qu’on en discute ensemble avant que je prenne ma décision. Pour tout te dire, ça m’embête de repartir alors qu’on vient d’arriver !

- Oui, mais si c’est pour ton bien, moi j’y suis prête.

- Donc … Tu serais d’accord ?

- Oui. Ce que je te propose c’est de leur demander à quelle heure peux-tu arriver au plus tard. Comme ça on essayera de profiter au maximum de notre dernière journée ici en reprenant le train le plus tard possible.

- D’accord ma chérie.

Sans rien dire de plus elles échangent un long baisé. Les mains se font aventureuses. Élodie s’écarte la première :

- Attend chérie je vais les rappeler.

…..

- Allo ? Le secrétariat du Dr Coutenço ? Ici Mademoiselle Toutlemonde.

- Oui, Mademoiselle ?

- Nous venons de parler au sujet de l’hospitalisation dans le service. J’aimerais savoir à quelle heure je peux arriver au plus tard ? Car voyez-vous, avec mon amie nous sommes sur Lille. Nous aimerions profiter de notre dernière journée dans le Nord.

- Je comprends Mademoiselle, vous serait-il possible de venir entre dix-neuf et vingt heures ? Montez directement au second étage, ils vous attendront. Par contre, une dernière précision, je pense qu’il sera trop tard pour le repas.

- Écouter pour nous cela ne devrait pas poser de problème. Nous prendrons un train vers dix-sept heures. Ce qui va nous permettre d’arriver à la clinique dans les temps.

- Une dernière chose, si vous m’y autorisez, Mademoiselle, est-ce que le Dr Coutanceau vous a informé que pendant les quinze premiers jours, vous ne serez pas autorisée à recevoir de visite ? De même vous ne pourrez pas utiliser votre téléphone portable ?

….

- Ah ? Non je n’étais pas au courant ! Mais si c’est le docteur qui le demande … Une petite question à mon tour, mon ordinateur portable, pourrai-je l’avoir avec moi. Je vous explique pourquoi, actuellement je rédige une thèse et j’aurais aimé profiter de cette période pour essayer d’avancer dans mon travail.

- Je comprends bien, mademoiselle, je vais poser la question au médecin, et je vous donnerai la réponse, à votre arrivée. Je vous souhaite une bonne journée et à ce soir.

- Merci, vous de mêmes.

Floriane qui était occupée à rassembler leurs affaires s’est retournée en entendant le ton de la voix d’Élodie changer.

- Que se passe-t-il, ma chérie ?

- Je viens juste d’apprendre que nous ne pourrons pas nous voir pendant les quinze premiers jours et que je ne pourrai pas utiliser mon téléphone portable !

- Aie ! Ça ne va pas être simple !

- Oui tu l’as dit chérie ! Mais bon si c’est pour que j’aille mieux ….

Pendant qu’Élodie finit de préparer les bagages, Floriane informe le réceptionniste qu’elles doivent écourter leur séjour.

Après un bon petit déjeuner à l’hôtel, les deux jeunes femmes rendent les clefs de la chambre et règlent la note. Pour leur première et dernière journée à Lille, elles décident de visiter la ville.

Elles commencent par demander conseil au réceptionniste. Celui-ci leur suggère d’aller voir le Palais des Beaux-Arts et la Maison Natale de Charles de Gaulle.

Les amies consultent un plan pris en libre accès à la réception. Elles s’aperçoivent que les deux sites sont assez proches l’un de l’autre. Elles choisissent de débuter par le Palais des Beaux-Arts.

En sortant du Métro, Place de la République, elles prennent le temps d’admirer le bâtiment qui abrite la Préfecture du Nord. Elles s’extasient devant les plantes qui ornent la cour, n’hésitant pas à prendre des photos.

En se retournant, elles découvrent le Palais des Beaux-Arts. Elles ont l’impression de se trouver devant un château.

À l’accueil, elles trouvent une brochure qui leur apprend qu’il s’agit d’un des plus grands musées de France.

Floriane remarque une photo des plans-reliefs. Elle s’adresse à l’hôtesse :

- Bonjour, excusez-moi Mademoiselle ?

- Bonjour, que puis-je pour vous ?

- Cette photo, que représente-t-elle ?

- Il s’agit d’une collection de maquettes créée sous Louis XIV. Celles qui nous sont parvenues sont visibles dans une des salles au sous-sol. Vous n’avez qu’à demander aux gardiens ils vous indiqueront.

- Merci

Les deux femmes payent l’entrée et pénètrent dans le musée. Pendant un long moment, elles vont déambuler de salle en salle, s’arrêtant devant les œuvres qui les interpellent.

Floriane s’aperçoit que l’heure avance vite. Elle demande à un gardien de leur indiquer la salle où se trouvent les plans-reliefs.

Une fois arrivées, elles s’émerveillent longuement devant la minutie de ses véritables œuvres d’art. Elles font, lentement, le tour de chaque table, pour bien profiter des effets de lumière sur chaque détail représenté.

Floriane se tourne vers la pendule murale, presque quatorze heures, déjà.

Sur un dernier regard aux magnifiques chefs d’œuvres, elles quittent la salle. Elles prennent la direction du restaurant qui est attaché au musée.

En s’asseyant à tables toutes, deux s’aperçoivent qu’elles ont une faim de loup. Elles choisissent toutes les deux une entrecôte, purée, salade, accompagnée d’un verre de vin rouge. Un plat qui tient bien au corps et qui les tiendra rassasiés, durant le voyage de retour vers la capitale.

Après le dessert, Floriane regarde sur internet l’horaire du prochain train en direction de Paris, dix-huit heures. Un horaire parfait qui va leur permettre d’arriver justes dans les temps à la clinique.

Elles retournent à l’hôtel récupérer leurs bagages. Puis se dirige lentement vers la Gare Lille Flandres.

Elles y arrivent avec presque une heure et demie d’avance. Bien leur en prend, il y a une quinzaine de personnes devant elles. Elles prennent leur mal en patience et s’installent dans la file d’attente.

Elles occupent le temps en discutant de tout et de rien. Elles évitent soigneusement, d’évoquer la cause de leur retour précipite vers la capitale. De crainte de se mettre à pleurer !

Toutes deux vont boire un café dans l’attente de l’heure de monter dans le train. Avec discrétion, sous la table, elles se prennent la main. Élodie se penche vers Floriane et murmure :

- Quinze jours sans te voir ni te parler … Je ne sais pas si je vais y arriver !

- Oui ! Tu vas y arriver ! Nous allons y arriver ! Ensemble, nous allons traverser cette épreuve, ma chérie !

- N’aie aucune crainte je suis et je resterai à tes côtés, mon amour !

Sans ajouter un mot elles se penchent l’une vers l’autre, et partagent un doux et discret baisé.

Le haut-parleur appelle les voyageurs en partance pour la capitale à se présenter au contrôle. Elles s’y rendent, il y a une certaine foule qui se presse. Floriane parvient à glisser discrètement sa main dans celle d’Élodie. Elles se regardent pour se donner du courage.

Elles finissent par embarquer et s’installer à leurs places. Élodie se blottit aussitôt contre celle qui est devenue sa compagne et ferme les yeux.

Le train démarre, doucement Floriane sent qu’Élodie se détend, elle s’est endormie. Tant mieux, se dit-elle, c’est ce qu’il lui faut, du repos.

Le train approche de la Gare du Nord :

- Élodie, ma chérie ?

- Mmmmh ? Réveille-toi mon cœur ! Nous arrivons à Paris.

- Déjà ?

- Oui. Tu as dormi comme un ange durant tout le trajet !

Élodie s’étire comme un chat, elle sourit à Floriane et, comme si elles étaient seules, l’embrasse passionnément.

Elles sortent du train et traversent l’immense Gare main dans la main. Sur le parvis, elles retrouvent avec un certain plaisir, mais aussi de l’appréhension, les encombrements de la capitale, surtout à cette heure. La grande horloge indique dix-huit heures vingt. Elles vont dans une boulangerie s’acheter des sandwiches.

Elles les mangent dans l’attente d’un taxi. Une fois à l’intérieur elles indiquent au chauffeur l’adresse de la clinique.

Aussitôt que la voiture démarre, Élodie se blottit dans les bras de sa compagne. Rapidement, Floriane constate qu’elle pleure en silence :

- Tout va bien se passer ma chérie, fait moi confiance.

- Je sais, c’est juste que j’ai peur de ne pas avoir la force.

- N’oublie pas non plus que tu peux quitter la clinique, quand bon te semble. Tu n’y es pas prisonnière.

- Appelle-moi et je viendrai, d’accord ?

Élodie acquiesce d’un hochement de tête.

Floriane poursuit :

- Je passerais demain t’apporter d’autres affaires. Si tu veux quelque chose en particulier, demande que l’on m’appelle. D’accord ?

- Oui. Pour le moment, je ne vois que mon ordinateur. J’ai demandé si je pouvais l’avoir, je vais avoir la réponse en arrivant à la clinique.

Elles arrivent devant la Clinique, après avoir payé la course, elles sortent du véhicule et récupèrent leurs bagages.

Élodie vient se blottir dans les bras de Floriane. Main dans la main, elles gravissent les marches et pénètrent dans le hall.

Une hôtesse souriante leur demande :

- Bonsoir, mes demoiselles, l’une de vous serait-elle mademoiselle Élodie Toutlemonde ?

- C’est moi, bonsoir, mademoiselle.

- Nous vous attendions. Vous pouvez monter directement au second étage.

Floriane intimidée demande :

- Je peux l’accompagner ?

- Bien sûr, bonne soirée.

- Bonne soirée.

Elles empruntent les ascenseurs, la main d’Élodie serre fort celle de Floriane.

Dans le couloir, elles rencontrent une infirmière :

- Bonsoir, seriez-vous mademoiselle Toutlemonde ?

- Oui, c’est moi, bonsoir.

- Votre chambre est prête, je vous y accompagne.

- Merci.

- La voici, il s’agit de la deux cent douze, l’interne de garde va venir vous voir dans la soirée. Une dernière chose les visites sont terminées, je vais devoir vous demander de ne pas rester trop longtemps.

L’infirmière referme doucement la porte derrière elle.

Une fois seule, Élodie se blottit dans les bras de Floriane. Les deux femmes s’embrassent passionnément :

- Part ma chérie, je ne t’accompagne pas, ça va être trop dur. Je n’y arriverai pas !

- D’accord, je prendrai des nouvelles tous les jours.

Elles se quittent sur un dernier baisé passionné.

Une fois dehors, Floriane s’assoit sur une marche et, pleure à gros sanglots.

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