Chapitre quinze

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(Enfin des nouvelles !)

Le cœur plein d’appréhension elle s’adresse à une infirmière qui passe :

- Excusez-moi, Mademoiselle, pouvez-vous me dire où se trouve Mademoiselle Toutlemonde, la jeune femme qui se trouve dans cette chambre ?

- Bien sûr, en début de matinée les médecins ont stoppé l’assistance respiratoire. Ce midi, comme elle était tout à fait bien, il a été décidé de la transférer dans le service de médecine interne. C’est au deuxième étage sur votre droite en sortant de l’ascenseur.

- Merci beaucoup, je vous souhaite une bonne journée, et un bon courage. Au revoir

Floriane est folle de joie. Elle court vers l’ascenseur, pressée de rejoindre Élodie, de pouvoir la voir, lui parler.

La jeune femme arrive dans le service, elle commence par aller au bureau des infirmières, elle toque, presque timidement, à la porte vitrée :

- Bonjour, mesdames, pourriez-vous me dire dans quelle chambre se trouve mademoiselle Toutlemonde, s’il vous plait ?

L’infirmière consulte ses documents :

- Votre amie se trouve, chambre deux cent dix, la troisième sur votre droite en sortant.

La professionnelle du soin infirmier retourne vaquer à ses occupations.

Pendant de longues secondes, Floriane, immobile, est incapable de détacher son regard du corps de l’infirmière. « Quelle splendeur ! » Se dit-elle.

Floriane se reprend, que lui arrive-t-il ? Pourquoi semble-t-elle flasher sur tout ce qui porte un soutien-gorge ou un string ?

Sur un profond soupir, elle referme la porte de la salle de soins infirmiers.

La tête pleine de questions elle se dirige vers la chambre ou son amie se repose.

Floriane scrute l’intérieur de la chambre par la petite fenêtre de la porte. Élodie y est seule, elle est confortablement installée dans son lit.

Elle entre, la chambre est vaste, lumineuse, un beau bouquet de fleurs trône sur une table.

Les deux jeunes femmes s’observent longuement. Floriane a peur d’approcher de son amie, par crainte que ce ne soit qu’un rêve.

Elles prennent le temps de s’observer se détailler, un peu comme lors d’un premier rendez-vous. De nouveau, elles sont sous le charme l’une de l’autre. Floriane trouve qu’Élodie est magnifique dans son simple pyjama d’hôpital. Élodie craque littéralement devant le tailleur pantalon bleu nuit le chemisier blanc et les ballerines vernies de Floriane.

Floriane franchie les derniers, pas qui la sépare d’Élodie elles s’enlacent longuement, puis, partagent un baisé torride !

Élodie lui demande, presque timidement :

Assois-toi, à côté de moi, s’il te plait.

Floriane :

- J’ai quelque chose à te dire

- Je t’écoute, ma chérie.

- Voilà, hier, au téléphone, une infirmière de l’hôpital m’a demandé le nom des médicaments prescrits par le psychiatre. Je les ai cherchés et en ouvrant l’une des boites, je suis tombée sur un numéro de portable, suivi d’un petit mot « appel moi » le tout signé Agnès. Un numéro que je ne connaissais pas. J’ai cherché dans ton téléphone portable, je n’ai rien trouvé.

À ce moment-là, le visage d’Élodie marque une profonde surprise, mais, elle ne dit rien et laisse poursuivre son amie.

- J’ai ensuite cherché sur internet et je suis tombée sur un nom, Agnès Paparazzi. Qui est-ce ? D’où la connais-tu ?

Élodie réfléchit un petit moment, puis prend une profonde inspiration :

- Je n’en sais strictement rien, ma chérie, je te supplie de me croire ! La seule personne qui me vient à l’esprit, c’est une préparatrice en pharmacie. Elle travaille dans l’officine située à quelques centaines de mètres de chez toi.

- D’accord ma chérie.

- Dis-moi une chose, le numéro était inscrit où ?

- Il était écrit en petit, tout en bas de la notice de l’antidépresseur.

Élodie est perdue dans ses pensées, sans s’en rendre compte, ses doigts pétrissent ceux de son amie tant elle est angoissée. Ses yeux mouillés de larmes cherchent ceux de Floriane :

- Mais, encore une fois, je te supplie de me croire, je ne l’avais jamais vu avant d’entrer dans cette pharmacie. Quand j’y repense, c’est vrai qu’elle m’a beaucoup regardée. Un peu trop pour que ce soit innocent même. Je ne l’ai pas vu manipuler la notice ou même ouvrir la boite. À moins qu’elle ne l’ait fait dans l’arrière-boutique.

Elles se regardent les yeux dans les yeux un long moment, puis s’embrassent de nouveau, scellant ainsi leur amour et leur confiance renouvelés.

Élodie est un peu contrariée que Floriane se soit permis de fouiller dans son portable. Mais si cela lui a permis de clarifier les choses … Après tout pourquoi pas. De toute façon de son côté elle n’a rien à cacher.

Floriane, de son côté, accepte d’autant plus facilement les explications d’Élodie, qu’elle-même se sent un peu coupable de son propre comportement. La manie qu’elle commence à avoir de flasher sur tout ce qui porte une jupe l’inquiète un peu. Que lui arrive-t-il, elle se sent pourtant heureuse avec Élodie ! Pourquoi regarder ailleurs alors ?

Les deux femmes passent l’après-midi à regarder la télévision, gratuite dans le service, et à parler de tout et de rien.

En fin d’après-midi, quelqu’un toque à la porte, Élodie répond aussitôt, un peu contrariée d’être dérangée, alors qu’elle est avec son amoureuse.

- Entrez

À la grande surprise des deux femmes, le Dr Coutanceau fait son entrée dans la chambre.

- Bonsoir mes demoiselles.

Il prend le temps de s’asseoir sur le bord du lit, et demande

- Mademoiselle Toutlemonde, comment vous sentez vous ce soir ?

- Ça va, tout doucement docteur.

- Très bien, lui répond-il, en souriant.

Il se tourne alors vers Floriane :

- Mademoiselle, voudriez-vous nous laisser quelques minutes s’il vous plait ?

Les deux amies échangent un long regard, puis, Floriane se lève, sans un mot, et sort dans le couloir en refermant doucement la porte.

Elle commence par aller se chercher un café. Elle attend l’ascenseur quand elle voit arriver le Docteur Poison :

- Bonjour, Mademoiselle Boudou, vous êtes venue voir votre amie ?

- Bonjour Docteur, oui en effet, en ce moment, son psychiatre est avec elle.

- C’est une bonne chose. Je l’ai appelé moi-même pour lui demander de venir la voir. Et vous mademoiselle comment allez-vous.

- Mieux docteur, beaucoup mieux, maintenant que je l’ai vue.

La doctoresse s’empare d’un mini bloc-notes et griffonne rapidement quelque chose :

- Tenez, voici mes numéros professionnels et personnels. Si je peux faire quelque chose pour l’une d’entre vous, n’hésitez pas !

En prononçant ses mots, la doctoresse plante son regard dans celui de Floriane.

Sans prévenir, la jeune femme médecin pose délicatement ses mains sur les épaules de Floriane et lui fait deux bises appuyées aux coins des lèvres. Elle part aussi tôt après, non sans un dernier regard plein de sous-entendus, accompagné d’un sourire coquin !

Floriane en reste interdite pendant de longues secondes. Elle n’arrive tout simplement pas à croire ce qui vient de se produire ! C’est tellement fou, se dit-elle.

Dans un état de totale confusion, elle descend dans le hall principal jusqu’au distributeur de café. La tête pleine de sentiments contradictoires elle avale son breuvage sans en sentir le gout.

Ensuite, elle regagne, lentement le second étage, hélas la porte de la chambre d’Élodie est encore fermée. Son amie et le Dr Coutanceau n’ont pas fini de discuter.

Elle consulte sa montre, déjà plus d’une heure qu’ils causent !

Elle patiente un bon quart d’heure devant la porte qui reste désespérément close ! Puis, elle se dit qu’un autre café lui fera du bien. Cette fois-ci l’aller-retour se passe sans encombre. À son retour dans le service, elle croise le psychiatre qui se dirige vers la salle des médecins :

- Mademoiselle Boudou, je suis content de vous voir. Si vous voulez bien m’accompagner, je vais vous expliquer, dans les grandes lignes, la situation, et la suite des évènements.

- Je vous suis Docteur.

Le médecin l’emmène dans un bureau inoccupé :

- Installez-vous, Mademoiselle.

- Voilà, j’ai longuement discuté avec votre amie. Il en ressort, que j’ai diagnostiqué chez elle, un important stress post-traumatique.

- Oh mon Dieu ! Dire que je n’ai rien vu !

- Ne culpabilisez pas Mademoiselle. Pour le moment votre amie arrive a vivre avec. Mais j’ai peur que dans les semaines, ou les mois, voir, qui sait, les années qui viennent elle, son état émotionnel se dégrade sérieusement.

- Je comprends bien Docteur, mais que peut-on faire, que puis-je faire ?

- Je lui ai proposé une hospitalisation dans la clinique ou je travaille. Un séjour d’un ou deux mois, durant lequel nous tenterons de lui apprendre à vivre avec son passé. Transformer les souvenirs stressant en quelque chose qui lui permette de vivre le plus normalement possible.

- Et qu’a-t-elle répondu ?

- Elle a accepté. L’hospitalisation démarrerait dans quinze jours. D’ici là, essayez de lui changer les idées et surtout, de l’entourer de beaucoup de bienveillance.

- Bien Docteur je ferai comme vous dite. Merci beaucoup.

- A bientôt Mademoiselle.

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