Chapitre quatorze

7 minutes de lecture

(Hospitalisation)

Floriane prend le temps de boire un café. Comme le lui a expliqué la doctoresse, inutile, de courir ou d’essayer de suivre le camion des pompiers. De toute façon, vous ne pourrez ni la voir ni avoir d’informations, sur son état, tout de suite. Après l’avoir installé, examiné et prescrit les premiers examens et analyses, il nous faudra au moins une heure voir deux, pour avoir les premiers résultats.

Elle ne ressent même pas le goût de ce qu’elle avale. Son esprit est tout entier tourné vers son amie, sa petite amie même ! Comment est-elle ? Que lui font-elles ? Est-ce qu’elle a mal ?

Au bord des larmes, elle décide de regagner sa voiture garée rue Saint-Antoine, donc à une distance respectable.

Elle parcourt les quelques centaines de mètres qui la séparent de son véhicule dans un état second. À tel point qu’elle le dépasse sans s’en rendre compte. C’est en arrivant là où était érigée l’ancienne Bastille que Floriane se rend compte de son erreur !

Elle roule avec prudence, prenant garde à ne pas avoir un accident. Il ne manquerait plus que ça !

Elle ne trouve pas de place dans l’enceinte de l’hôpital. Au bord de la crise de nerfs, elle est obligée de ressortir. Elle s’insère avec difficultés dans la circulation, dense, du Boulevard de l’Hôpital en direction de la Place d’Italie. Après avoir cherché un long moment, elle finit par se garer dans le parking de l’hôtel Ibis.

Comble de malchance, en sortant du parking un énorme orage éclate. La jeune femme est trempée des pieds à la tête avant d’avoir pu s’abriter !

Elle remonte ainsi le Boulevard.

Elle finit par se demander quelle heure il peut bien être. C’est alors qu’elle s’aperçoit que sa montre n’a pas supporté l’orage. En consultant une horloge publique, elle constate que plus de deux heures se sont passées.

Elle accélère le pas impatiente d’avoir des nouvelles de sa petite amie. En quelques minutes, elle est devant l’entrée principale.

L’agent à l’accueil l’oriente et elle trouve facilement les urgences.

Le cœur plein d’appréhensions elle demande à la personne qui accueille le public :

– Bonsoir, Mademoiselle, je suis l’amie d’Élodie Toutlemonde, celle-ci a été amenée par les pompiers il y a environ deux heures.

La jeune femme consulte son terminal.

– Oui en effet, veuillez vous asseoir quelques instants, je vais demander à quelqu’un de venir.

Au bout de quelques instants, la jeune femme de l’accueil vient vers elle et lui tend une serviette :

– Tenez Mademoiselle si vous le voulez, vous pouvez vous sécher un peu, sinon vous allez attraper froid. Si vous le désirez, les toilettes sont sur votre gauche. Je préviendrai le médecin de l’endroit où vous êtes.

- Je vous en remercie Mademoiselle.

Floriane est heureuse de cette attention. Elle se voyait mal se présenter devant le médecin qui s’occupe d’Élodie toute dégoulinante de pluie.

Après s’être séchée du mieux possible elle retourne s’asseoir, non s’en avoir posé la serviette dans un chariot de linge sale. En passant elle adresse un sourire de gratitude à l’agent d’accueil qui lui a si gentiment fourni la serviette.

Celle-ci l’interpelle :

- Excusez-moi, Mademoiselle. La personne qui est assise à côté de vous est là pour vous rencontrer. Je vous présente le Professeur Joyeux, chef de service aux urgences de l’hôpital.

L’homme se lève, il est encore jeune, rasé de près, vêtu, avec beaucoup d’élégance, d’un costume trois-pièces sombre, d’une cravate assortie et de chaussure vernie. Il se lui tend une main ferme :

- Bonsoir, Mademoiselle, si vous voulez bien m’accompagner je vais vous conduire auprès de votre amie. Vous rencontrerez aussi le médecin qui l’a prise en charge.

En quelques minutes ils arrivent auprès d’Élodie :

- Mademoiselle, je vous présente le Dr Brune Poison. C’est elle qui assure la prise en charge de votre amie.

Pendant que le chef des urgences s’éclipse, les deux femmes se serrent la main.

Jusqu’à ce moment-là Floriane n’a pas quitté des yeux Élodie allongée sur son lit branché à tout un tas d’appareils !

- Mademoiselle ? Mademoiselle ? Vous êtes avec moi ?

La jeune femme ne répond pas immédiatement. La doctoresse de sa main lui effleure le bras. Floriane secoue légèrement la tête, comme ci elle sortait d’un mauvais rêve. Elle finit par lui répondre en souriant :

- Excusez-moi, Docteur… Je n’ai pas l’habitude de voir mon amie dans un tel état ! D’autant que quand je l’ai vu dans le camion des pompiers, elle venait de se réveiller et semblait aller bien !

- Ne vous excusez pas c’est tout à fait normal. Tenez, voici ce qu’elle avait avec elle au moment de son admission. (Elle lui tend un grand sac plastique contenant les effets personnels d’Élodie). Vous voyez votre amie bien malade, mais rassurez-vous dans quelques jours elle ira, tout à fait bien. Pour le moment, elle a été placée dans un coma thérapeutique et mise sous dialyse. Dans le but d’aider son corps à éliminer la grande quantité d’alcool qu’elle a absorbée.

- Vous êtes sûr, Docteur, elle va allez tout à fait bien.

- Oui lui répond la doctoresse d’un ton ferme et avec un grand sourire.

C’est à ce moment-là que Floriane remarque à quel point la femme médecin est jolie quand elle sourit !

- Pourriez-vous m’expliquer dans quel contexte cette alcoolisation massive est survenue ?

Floriane explique à la doctoresse la tentative de viol et l’agression qui a eu lieu quelques heures plus tôt. Elle explique aussi le suivi par le Dr Coutanceau. Elle insiste sur le fait qu’Élodie n’a pas pour habitude de boire.

Pendant tout le temps qu’elle parle, Floriane n’a pas détaché ses yeux de ceux de la femme médecin. Des yeux qu’elle trouve de plus en plus magnifiques !

Le médecin réfléchi quelques instants, regarde sa patiente d’un air songeur puis, ajoute :

- Bon très bien, je crois que j’ai assez d’informations pour le moment. Je vais me rapprocher du psychiatre qui la suit pour en savoir plus sur sa prise en charge.

Les deux femmes se séparent sur une poignée de main et un sourire.

Floriane passe une mauvaise nuit. Elle est trop inquiète pour Élodie ! Comment va-t-elle ? Quand va-t-elle se réveiller ?

Un peu avant neuf heures elle appelle son employeur :

- Oui bonjour, ici Floriane Boudou, voilà, j’ai été malade toute la nuit je ne serai pas en mesure de venir travailler aujourd’hui.

- Bon très bien, inutile de venir et de nous rendre tous malades ! Vous allez chez le médecin aujourd’hui ?

- Oui.

- Bon, soignez-vous bien. À bientôt.

Floriane raccroche en souriant tant ça a été facile !

Ensuite, elle téléphone à l’hôpital et demande à parler aux infirmières de la réanimation :

- Bonjour, ici Mademoiselle Boudou, j’appelle pour avoir des nouvelles de Mademoiselle Floriane Toutlemonde ?

- Bonjour, Mademoiselle, votre amie a passé une bonne nuit. Les médecins ont arrêté la dialyse et sont en train de la réveiller doucement.

- C’est une super nouvelle ça !

- Oui, par contre, je vois écrit ici, qu’ils aimeraient connaitre le nom des médicaments prescrits par le Dr Coutanceau ?

- Écoutez je vais regarder, et je vous le dirai cet après-midi en venant la voir. Ça ira comme ça ?

- Parfait, à plus tard donc. Bonne journée.

Floriane est tellement contente qu’elle en saute de joie.

Dans la salle de bain, elle cherche puis trouve les médicaments. Elle commence par ouvrir la boite d’antidépresseur. En ouvrant la boite, elle découvre un bout de papier. Sur lequel est inscrit un numéro de téléphone, suivi du prénom Agnès. Un numéro de téléphone qui lui est totalement inconnu. Qui est cette Agnès ?

Floriane s’empare alors du téléphone d’Élodie. Elle fouille dans le téléphone portable à la recherche de ce numéro, rien, ni, dans le répertoire, ni dans les messages !

Floriane se demande à qui appartient ce numéro de téléphone. C’est une personne obstinée qui cherche jusqu’à ce qu’elle trouve ! Elle a l’idée de regarder sur internet, elle commence par l’annuaire inversé, puis continue sur Google. À chaque fois, elle trouve le nom d’une femme qui lui est totalement inconnue, Agnès Paparizia.

Dans la soirée, Floriane se rend à l’hôpital au chevet de son amie. Elle donne les emballages vides des médicaments prescrits par le psychiatre. Elle reste un long moment assise au chevet d’Élodie. Elle la regarde respirer grâce au respirateur.

Le lendemain Floriane a mal dormi. Elle se pose trop de questions sur cette fille et sur sa relation avec Élodie. Pour tout dire, elle est furieuse.

À tel point que son travail s’en ressent !

Vers midi quand elle appelle l’hôpital, elle apprend qu’Élodie est totalement réveillée, et hors de danger.

Floriane part voir Élodie, elle a la ferme intention de lui demander des explications sur la présence du numéro de téléphone de cette Gabriella sur la notice de médicament.

Hélas mauvaise surprise en arrivant, certes Élodie est réveillée, mais une machine respire toujours pour elle ! Ils ne prévoient pas de la débrancher avant demain ! Donc impossible de lui parler. En plus elle s’imagine mal lui poser ce genre de questions, alors qu’elle encore intubée !

Elle se contente donc de rester à son chevet, de lui raconter sa journée tout en lui caressant la main. Au bout de la demi-heure de visite autorisée, elles se séparent les larmes aux yeux.

Le lendemain soir, Floriane hésite quelques instants devant l’accès à la salle de réanimation. Elle entre, son lit est vide !

Annotations

Vous aimez lire domi59143 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0