Chapitre douze

4 minutes de lecture

(Agression homophobe)

Le lendemain soir.

À l’heure dite, les deux amies sonnent à la porte du psychiatre. Celui-ci les reçoit, sans faire de remarques désobligeantes sur l’oubli de la veille.

Il demande à rencontrer Élodie seule. Floriane s’installe confortablement et,sort son traditionnel magasine Marie Claire, de son sac.

Une fois la porte du cabinet refermée :

– Bonsoir, Mademoiselle, comment allez-vous aujourd’hui ?

– Et bien écoutez, Docteur, l’agression remonte à il y a quelques jours, pourtant je me sens mieux. Mes cauchemars ont nettement diminué. Je n’ai presque pas d’angoisses durant la journée. Je recommence à sortir, d’ailleurs, mon amie et moi allons boire un verre après ce rendez-vous…

– Ce sont d’excellentes nouvelles, dites-moi ! J’espère que vous passerez une bonne soirée. Mais faite tout de même attention vous n’êtes toujours pas à l’abri de complications. Votre état psychologique peut se dégrader rapidement. Au moindre signe, prévenez-moi ! Vous me comprenez bien mademoiselle, c’est très important.

– Oui, merci pour tout docteur.

– Si vous le voulez bien je vous reverrai dans une semaine, à la même heure.

Les deux femmes se rejoignent dans la salle d’attente. Elles regagnent la voiture en se tenant discrètement par la main.

Une fois dans la voiture, elles se font face, Élodie prend les mains de Floriane dans les siennes et presque dans un murmure :

– Merci toi pour tout ce que tu fais pour moi. Je ne sais plus comment te remercier ! Ou plutôt si …

Les mains d’Élodie remontent le long des bras, jusqu’aux épaules. Puis continuent pour venir se placer autour du visage de son amie.

Elles se regardent un long moment les yeux dans les yeux, puis Élodie dépose un baiser tout doux sur les lèvres de son amie. Les baisers se font plus intenses.

Floriane en gémirait tant elle aime ça !

Leurs langues se cherchent, se trouvent, s’affrontent. Elles se caressent les cheveux, les épaules, le dos.

Elles sont interrompues par un bruit sur le carreau ! Un groupe de jeunes femmes les observent un riant bruyamment !

Elles quittent rapidement leur place de parking sous les quolibets des filles.

Pendant qu’elles roulent, Élodie tente de poser une main sur celle de son amie qui la repousse sans ménagement :

– Excuse-moi, mais pas pendant que je conduis !

Élodie ne sait pas qu’elles se rendent au cœur du quartier du Marais, dans un lieu que Floriane connait bien, le 3W Kafé.

Ce qu’aucune des deux ne remarque c’est la Clio noire qui les suit. À bord se trouvent trois des jeunes filles qui leur ont lancé des moqueries, voire des insultes, quelques minutes auparavant.

Elles ne trouvent pas de place proche de leur destination, elles sont obligées de se garer du côté de la place de la Bastille, rue Saint-Antoine. Elles passent devant le Métro Saint Paul, puis empruntent la rue de Rivoli.

Arrivées dans le cœur du Marais, Floriane se sent plus libre de prendre la main d’Élodie. C’est à ce moment-là qu’elles sont rejointes par un groupe de jeunes filles. Ni Floriane ni Élodie ne reconnaissent les personnes qui les ont « ennuyées » quand elles étaient dans la voiture, proche de chez le psychiatre.

– Eh, les filles ! Vous êtes des vraies de vraies, n’est-ce pas ?

Aucune des deux ne répond

– Eh ! On vous parle ! Vous êtes des gouines ? On vous a vu vous embrasser dans la voiture, tout à l’heure !

Elles tentent de faire demi-tour, mais sont bloquées.

Les trois filles commencent à bousculer Floriane et Élodie. Elles veulent forcer les deux amies à s’embrasser. Devant le refus des deux amies, les filles, hostiles, tentent de voler leurs affaires, sacs à main, téléphones portables. Mais les deux amies ne restent pas sans rien faire, elles résistent se défendent, en essayant de repousser leurs agresseurs.

Floriane et Élodie se font alors frapper de plus en plus violemment. Toutes les deux commencent alors à craindre pour leurs vies. Les cris, les appels à l’aide, puis les hurlements des deux amies finissent par mettre les assaillantes en fuite.

Elles restent un long, très long moment, prostrées sur le trottoir, assises, blotties dans les bras l’une de l’autre. Les deux amies sont totalement choquées.

Dans le silence de la nuit, Floriane entend des pas, puis des mots que, d’abord, elle ne comprend pas. Elle commence par se blottir plus fort contre son amie, croyant au retour des assaillantes, mais non.

– Mesdemoiselles ! Mesdemoiselles ! Eh oh ! Vous m’entendez ?

Floriane, incapable de dire un mot se contente de hocher la tête. Elle regarde la jeune femme blonde qui l’observe. Elles se sourient, d’un sourire de soutien qui signifie, que tout va bien aller désormais.

– Venez avec nous, il ne faut pas rester là comme ça dans la rue. Vous allez attraper ce qu’il ne faut pas ! Je m’appelle Marion et voici Coralie. Il y a un café juste en face nous allons nous y installer, le temps de prévenir la police.

Floriane arrive à articuler avec beaucoup de difficultés :

– Non ! Non ! Pas la police ! Nous ne leur faisons pas confiance.

– … D’accord. Que pouvons-nous faire pour vous alors ? Ou vous rendiez-vous.

– Au 3W, situé un peu plus loin dans la rue.

– On va vous y conduire c’est à cent mètres à peine.

– Merci

– Excusez-moi, j’ai quelque chose à vous demander.

– Oui ?

– Mon visage … Est-il ... ?

– Non, ne craignez rien, mademoiselle, votre beau visage est intact.

– Et pour mon amie, qu’en est-il ?

– Aucune de vous ne porte de trace de coup sur sa figure.

Floriane cherche alors son amie du regard. Bien qu’elle la sente contre elle, elle est incapable de la voir !

Elle se retourne lentement et finit par l’apercevoir

– Tu vas bien ma chérie ?

Élodie ne parle pas elle se contente de hocher doucement de la tête. Son regard et fixe, lointain, comme si elle était ailleurs.

Aidée de Marion et Coralie, Floriane se lève la première. Ensuite, toutes les trois aident Élodie à se mettre sur ses jambes. Le corps de celle-ci tremble tant qu’elle doit être soutenue pour parcourir les premiers mètres.

Floriane constate qu’au fur et à mesure des pas, son amie se redresse elle avance plus facilement. Elle adresse un grand sourire à Marion et Coralie. Élodie prononce alors ses premiers mots depuis l’agression :

– Merci à vous, mesdemoiselles, si vous le voulez bien traversons la rue. Nous vous offrons quelque chose au café en face.

Marion et Coralie acceptent avec plaisir.

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