Chapitre cinq

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(Aller-retour)

Samedi matin, Floriane se réveille avec le soleil qui inonde la chambre. Elle s’étire comme un chat. Puis, jette un coup d’œil sur son téléphone portable. Il est déjà neuf heures ! Elle s’aperçoit aussi qu’un SMS est arrivé en tout début de matinée.

Élodie : Bonjour, contacte-moi dès que tu le peux, s’il te plait, c’est important. Bisous.

Elle prend le temps de boire un café, pour avoir les idées plus claires. Puis, réponds au SMS, le cœur plein d’appréhension.

Floriane : Coucou, c’est moi. Que se passe-t-il ma belle ?

Élodie : Je rentre à Paris. Je vais prendre un train à la gare de Lille. Il arrivera en Gare du Nord à onze heures.

Tu peux venir me chercher s’il te plait, j’ai besoin de parler avec toi.

Floriane : Oui, il n’y a pas de soucis. Mais, et ton petit ami, vous ne deviez pas rentrer demain, ensemble ?

Élodie : C’est fini entre nous. Il s’est passé quelque chose de très grave cette nuit. Je ne veux plus jamais le revoir !

Floriane : D’accord, tu peux compter sur moi. Je serai à la gare pour onze heures. Je t’attendrai sur le quai. À tout à l’heure, ma belle. Bisous.

Élodie : Merci pour tout. Bisous.

Floriane arrive avec une avance confortable dans le quartier de la gare du Nord. Elle a horreur d’être en retard ! Après avoir passé quelques minutes à la recherche d’une place de stationnement libre, elle parvient à se garer à côté de l’Hôpital Lariboisière. Elle gagne ensuite à pied la gare toute proche.

Dans le hall, elle commence par s’acheter un exemplaire de Marie Claire. Puis, va s’assoir à une terrasse de café. Tout en dégustant un expresso, elle tente de passer le temps en feuilletant son magazine favori. Mais rien n’y fait. Elle est trop préoccupée par les SMS d’Élodie.

Enfin, la rame du TGV arrive en gare. Pendant de longues minutes, Floriane scrute, attentivement, les passagers qui descendent du train. Elle finit par apercevoir Élodie qui sort de la voiture située tout au bout du train.

Même d’aussi loin, elle comprend que son amie ne va pas bien ! En s’approchant, elle s’aperçoit qu’Élodie est en larmes.

Cette dernière se jette littéralement dans les bras de Floriane, le corps secoué de gros sanglots.

Elle laisse pleurer son amie autant qu’elle en a besoin, tout en lui caressant le dos et en lui murmurant que tout va aller mieux désormais.

Les sanglots finissent par se calmer. Élodie réussit même à sourire faiblement à son amie. Celle-ci lui fait une bise sur la joue, s’empare de son maigre bagage et lui demande :

— Tu veux boire ou manger quelque chose ?

— Oh oui ! En plus, j’ai pas mal de choses à te raconter !

— Dans ce cas, allons à l’Étoile du Nord. Nous en profiterons pour manger, tout en discutant.

Elles s’installent dans un coin tranquille de la brasserie. Isolées des oreilles indiscrètes, elles vont pouvoir parler tranquillement et surtout, librement !

Floriane a une faim de loup ! Elle commande une entrecôte avec de la purée et de la salade.

Élodie, encore bouleversée, se contente de commander une salade composée.

En attendant l’arrivée des plats commandés, les deux femmes restent silencieuses, plongées dans leurs pensées. Floriane est consternée par l’état de son amie. Celle-ci semble très nerveuse, anxieuse même. Le teint pâle et les traits tirés semblent indiquer qu’elle a passé une très mauvaise nuit.

Pendant le repas, Élodie raconte ce qui lui est arrivé.

Hier en fin d’après-midi, David, mon petit ami, et moi avons quitté la capitale, en voiture, en direction de Lille.

Au début, tout se passait bien, nous roulions bien, la musique était bonne. Nous avons même eu quelques bons fous rires.

À un moment, David est redevenu sérieux. Il a alors abordé, pour la énième fois, le sujet des enfants. Comme si cela va suffire à me faire changer d’opinion ! Il aimerait en avoir un assez rapidement. Je lui ai répété que, pour le moment, il n’en était pas question. Tant que je n’ai pas achevé, et surtout, soutenu ma thèse. Ce qui va encore prendre deux ou trois ans !

Il m’a répondu :

- Tu ne comprends pas ! Ça te fera quel âge ? Dans quelques années se sera plus compliqué pour toi être enceinte !

Mes nerfs ont lâché, je lui ai répondu, en hurlant :

- Je n’ai pas besoin qu’on me le rappelle ! De toute façon, c’est mon corps, ma décision, point final ! Si tu n’es pas content, et bien tant pis pour toi.

Il a été tellement surpris par ma réaction, que nous avons été à deux doigts d’avoir un accident. Nous avons vu la glissière de sécurité de très près !

Nous nous sommes fait la tête jusqu’à notre arrivée chez ses parents.

En nous voyant, sa mère a tout de suite compris que quelque chose n’allait pas entre nous.

En plus, David a dû trouver le moyen de lui en parler. Car, un peu avant le repas, sa mère est venue me parler dans la chambre. Elle m’a demandé des explications sur le fait que je ne voulais pas faire d’enfant à son fils tout de suite !

Je n’ai pas desserré les lèvres. Je n’ai pas non plus dit un mot pendant le repas. Je ne te raconte pas l’ambiance autour du rôti !

Juste après le dessert, sans prononcer une parole, je suis monté me coucher. J’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil.

En pleine nuit, je me suis réveillée en sursaut … J’étais… J’étais nue … David était sur moi, en train d’essayer de me forcer !

La voix d’Élodie, déjà hésitante, s’interrompt et, elle se met à pleurer à gros sanglots.

Elle se reprend et finit de raconter ce qui lui est arrivé.

Je me suis mise à hurler, tout en le frappant de toutes mes forces. Il a fini par quitter la chambre. Aussitôt, je m’y suis enfermée à double tour.

J’étais sous le choc, totalement traumatisée. D’autant que cette agression m’a fait revivre d’autres faits subits par le passé !

J’ai fait mon sac, appelé un taxi puis, j’ai trouvé le courage de sortir de la chambre.

Il était près de trois heures du matin quand le taxi m’a déposé devant la Gare Lille Flandre, fermée vu l’heure !

Heureusement, j’ai aperçu un couple sortir d’un hôtel. J’ai tenté ma chance, il restait une chambre de libre.

Je me suis enfermée à double tour dans la pièce anonyme, impersonnelle. Je me sentais salie, trahie, par cet homme, avec qui j’avais envisagé de faire ma vie !.

J’ai pris une longue douche, brulante, je me suis frictionnée jusqu’à avoir la peau couleur écrevisse !

Ensuite, je me suis couchée tout habillée. Sans parvenir à dormir, j’ai attendu que le soleil se lève.

J’ai trouvé un bar déjà ouvert ou j’ai avalé un café. Puis, je suis allée au commissariat de Lille pour déposer plainte contre David. J’avais envisagé que la plainte serait pour tentative de viol. Mais les policiers m’ont affirmé que, pour eux, il s’agissait bel et bien d’un viol, et non d’une tentative !

Ils m’ont envoyée voir le médecin légiste de garde à l’Institut Médico-Légales. Heureusement, c’était une femme, j’étais déjà suffisamment gênée de devoir parler de cela, avec un homme. Ensuite, il a fallu que je subisse un examen gynécologique à la recherche de preuves, pour appuyer mes déclarations. Hélas, la douche en avait effacé une grande partie !

En sortant du commissariat, je suis retourné à la Gare Lille Flandre ou j’ai acheté un billet pour le premier train en partance pour Paris.

J’ai envoyé un SMS à la première personne à qui j’ai pensé … Toi.

Voilà…

Pendant de longues secondes, elles restent silencieuses.

Floriane est atterrée par le récit qu’elle vient d’entendre. Ce qui l’inquiète le plus, c’est le ton monocorde qu’a pris Élodie pour raconter son agression et surtout que cela ne l’a pas fait pleurer ! Comme si elle n’arrivait pas à exprimer son traumatisme, à le faire sortir ! Floriane a eu l’impression que son amie parlait d’une autre fille !

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