Chapitre 1 : Cet homme nommé Helt...

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Trente ans plus tard…

Helt avait atteint l’âge de quarante-deux ans. Une vie bien remplie, qu’il passait à présent dans les montagnes, dans une maison qu’il avait bâti de ses mains loin dans l’est du continent, à tout juste trois jours à cheval de la mer.

Le petit garçon d’autrefois était maintenant un homme vivant seul avec un fils d’une quinzaine d’années. La pauvre mère de ce dernier les avait malheureusement quittés, lorsqu’ils vivaient tous les trois dans un petit village paisible, suite à un incident tragique. À la perte de son épouse, Helt décida de vivre loin des autres pour élever son fils.

Il se fit chasseur et était plutôt bon dans ce qu’il faisait. Les prises qu’il ne gardait pas pour lui et son fils, il allait les vendre au village le plus proche ou aux marchands itinérants qui s’aventuraient jusqu’ici. Ce qui lui rapportait le plus, c’était les fourrures. Surtout celles de renards, très prisées dans les villes.

Il transmit tout son savoir-faire à son fils, pour qu’il soit capable de subvenir à ses besoins. Il lui apprit également à se battre, pour protéger sa vie et celle de ceux qu’il aimait.

Mais au-delà de transmettre un héritage, Helt songeait au fait que son fils allait bientôt être un adulte. Que ce dernier allait devoir songer à gagner sa vie, fonder une famille… Vivre une vie normale.

La nuit était sur le point de succéder au jour. Alors que Helt allumait un feu dans la cheminée, son fils, Hope, finissait de rentrer les quelques poules qu’ils possédaient dans le poulailler avant de rentrer.

Le repas du soir fut simple : du ragoût datant de la veille, un peu de pain et de la viande séchée. Ils s’installèrent à table et mangèrent en silence, comme toujours. Helt n’était pas très causant, même avec son propre fils. Ce dernier, après avoir fini son écuelle, contemplait l’épée accrochée au-dessus de leur cheminé.

-Papa ?

-Hmm ?

-Comment as-tu obtenu cette épée ?

Helt leva les yeux un instant sur l’arme, soupira et répondit sèchement :

-Je te l’ai déjà dit.

-Papa… C’est bon, j’ai passé l’âge. Tu peux me dire la vérité, main…

-Tu connais l’histoire et elle ne changera pas, sous prétexte que tu ne me crois pas ! Maintenant, si tu le permets, je n’ai pas fini de manger, moi…

Helt était susceptible, quand on abordait l’histoire de cette épée. En dehors du cercle de connaissances directes de la Sauveuse, à l’époque, personne ne savait rien de son passé. Hormis feue sa femme.

Quand il lui a raconté tout de sa vie d’avant, avant leur mariage, elle l'a crue sans hésitation. Elle avait décidé qu’il serait préférable de garder cette histoire uniquement dans la famille, car les autres ne comprendraient pas et que leurs réactions pourraient être imprévisible. Chose que Helt à l’époque approuva. Quand leur fils fut plus grand, elle lui raconta que son père avait connu personnellement la Sauveuse, sans donner trop de détails. Mais malgré son jeune âge et à cause de toutes les histoires qu’il avait entendu sur la Sauveuse, Hope n’avait jamais cru que son père puisse avoir vécu autre chose qu’une vie banale et sans intérêt. Le fils avait même avoué à sa mère qu’il pensait que son père était un menteur et qu’il pensait que peut-être son père était un ancien brigand ou qu’il avait volé cette épée. Une pensée partagée par bon nombre de personnes vivant dans le village où ils habitaient autrefois. Ce jour-là, sa mère leva la main sur lui, pour la première et dernière fois, en lui interdisant de parler ou de penser ainsi de son père. Depuis, Hope ne parla plus de l’origine de l’arme de son père ni de son passé. Mais à mesure que le temps filait, Helt arrivait à voir dans le regard de sa progéniture que cette dernière nourrissait toujours ses interrogations et sa quête d’obtenir une vérité crédible à ses yeux.

En allant se coucher ce soir-là, comme bien des autres soirs, Helt soupira. Il désespérait de savoir que son fils, aujourd’hui encore, avait toujours aussi peu d’estime pour lui. Était-ce l’une des raisons qui le fit bâtir un mur entre eux ?

Cela importait peu, à présent.

Hope allait être un adulte dans peu de temps. Helt s’imaginait facilement son fils partir vivre sa vie, sans se retourner. Il s’y préparait depuis longtemps.

Et cela lui convenait. Après une telle vie, finir seul paraissait être le moindre mal…

Sur cette pensée, il s’endormit…

Ce ne fut pas le chant habituel du coq qui le tira de son sommeil, mais le hennissement inattendu d’un cheval.

Il arrivait que des voyageurs se perdent dans ces montagnes et Helt essayait toujours de les aider du mieux qu’il pouvait à retrouver leur chemin. Il était aussi possible qu’il s’agisse de bandits et si c’était le cas, même à son âge, il était encore en état de leur donner une leçon qu’ils regretteraient amèrement.

Il se leva de son lit et enfila ses bottes. Il pouvait entendre les sabots du cheval se rapprocher ainsi que le bruit des roues d’une carriole ou d’une charrette. Hope émergeait à son tour à cause du bruit et demandait ce qui se passait. Helt lui ordonna de rester silencieux, tandis qu’il allait décrocher son épée. Les bruits s’arrêtèrent non loin de la maison. En essayant d’être le moins bruyant possible, Helt accourut à la porte, main sur la poignée de son arme, prêt à dégainer. Hope avait saisi un couteau et fixait la porte, en attendant un signe de son père. Ils entendirent des pas sur le palier. Puis, on toqua à la porte.

Helt choisit de ne pas répondre et fit signe à son fils de se taire. On toqua encore une fois mais tout de suite après, on martela bruyamment à la porte et une voix s’éleva :

-Nom d’un chien, Helt ! Ouvre cette fichue porte ! Il fait un froid mortel, dehors !

Helt reconnu cette voix et poussa un long soupire d’exaspération. Il lâcha la poignée de son épée et ouvrit la porte. Deux personnes se tenaient devant lui : un vieillard avec une longue barbe appuyé sur un bâton, vêtu d’une cape et d’une robe miteuse, et une jeune fille à la chevelure blanche et aux yeux rouges de l’âge de son fils, vêtue d’une cape et d’une robe bon marché et tenant un livre assez épais dans ses mains.

-T'en as mis du temps, gamin ! s’exclama le vieillard en entrant en trombe dans la maison avant d’y être invité.

-Moi aussi, je suis ravi de te revoir, Wise…

Helt invita la jeune fille à entrer aussi et cette dernière le remercia sur un ton monocorde. Le vieux Wise se dirigea de suite vers la cheminée et y mit quelques bûches. Une fois cela fait, il pointa l’extrémité de son bâton. Une flamme en surgit pour embraser d’un coup le bois et ainsi faire du feu. Hope fut plus qu'étonné par ce prodige, à l’inverse de son père qui semblait trouver cela quelconque.

-Tu exagères, Wise, déclara Helt en le poussant et en raccrochant son épée au-dessus de la cheminée. Il ne fait pas SI froid que ça de si bon matin, lui dit Helt tandis qu’il préparait déjà le petit-déjeuner pour quatre.

-La ferme, gamin ! Tu sais que je n’aime pas le froid ! Qu’est-ce qui t’as pris de venir t’installer dans les montagnes ! C’est pour ça que je vis dans un endroit chaud, au bord de l’océan !

-Je m’étonne que tes voisins te tolèrent…

-Par la grâce des dieux, je n’ai pas à supporter la présence d’autrui !

-Les veinards…

-Hormis ma disciple, Meridiem, ici présente.

-Pauvre petite…

-Sale petit morveux !

De son côté, Hope n’osait s’immiscer dans la conversion et à la place, il se contenta de mettre le couvert. Meridiem lui apporta son aide, en restant silencieuse. Le petit-déjeuner fut rapidement servi : un peu de pain, un peu de fromage et de la viande séchée.

-C’est tout ? commenta Wise.

-Si tu n’es pas content, c’est pareil, lui dit Helt.

-Quand je pense que tu as renoncé à la gloire et la richesse pour… vivre comme ça, continua Wise avec dédain tout en regardant l’intérieur de la maison, tandis qu’il se tranchait un morceau de pain.

-Je constate pourtant que ça ne t’empêche pas de manger MA nourriture ! lui fit remarquer Helt en lui arrachant le pain des mains pour se tailler lui aussi une tranche.

-Qui refuserait de la nourriture gratuite ?

-Tu vas me dire que tu es venu jusque chez moi pour piller MA nourriture en TOUTE impunité ?!

-Allons, gamin ! J’ai quand même de meilleurs passe-temps !

-Wise, pour la énième fois, les expérimentations, même de sortilèges mineurs, sur des êtres humains ne sont pas un passe-temps !

-Tu verras ! Le monde sera reconnaissant quand mes recherches changeront sa face !

Helt grogna et se mit à marmonner dans sa barbe :

-Retiens-toi, Helt… Retiens-toi ! C’est juste un vieillard sénile et borné…

-J’ai encore de bonnes oreilles, sale petit morveux !

-C’est bien les seules choses bonnes chez toi, vieillard !

Hope, de mémoire, n’avait jamais vu son père sur le point d’exploser de colère et redoutait un peu de voir ça. Meridiem, pour sa part, se servait sans faire attention aux autres, comme si rien d’incroyable ne se passait.

Un petit-déjeuner bien mouvementé par rapport à l’ordinaire.

Une fois le repas consommé, Hope sortit de la maison effectuer ses tâches quotidiennes, accompagné par Meridiem et l’épais livre qu’elle avait sous le bras. Wise et Helt avaient visiblement encore des choses à se dire…

Wise se tortillait sur sa chaise en bois près de la cheminée, tout en attisant le feu avec le tisonnier. Helt grommelait en fourrant le foyer de sa pipe avec du tabac.

-Et si tu me disais le véritable motif de ta visite, vieux schnock ?

Wise grommela quelque chose dans sa barbe avant de répondre. Probablement une insulte.

-Tu te tiens au courant de ce qui se passe sur le continent ? demanda Wise.

-Le strict minimum.

-Quoi ? Le monde n’est pas assez bien pour toi ?

-Je me fiche de ce qui peut lui arriver, au monde. La seule chose qui compte pour moi, c’est mon fils et rien d’autre.

En entendant cela, Wise poussa un long soupir d’exaspération mais poursuivit :

-Mais j’imagine que tu sais, pour les anciennes armées du Roi Sombre.

Helt alluma sa pipe et tira une longue bouffée.

-Je sais. Et je m’en moque. Ces crétins au pouvoir… Ils n’ont rien fait à l’époque, enorgueillis par des combats qu’ils n’ont même pas menés. Finalement, tout s’est passé comme tu l’avais prédit…

-Ha ! À t’entendre, tu aurais souhaité que je me trompe, à l’époque.

-Je n’étais qu’un enfant. J’étais naïf. Je ne le suis plus…

-Tu restes un gamin. Ton attitude le démontre bien ! Tu pourrais faire quelque chose, là où d’autres ne peuvent rien faire. Mais non ! Tu préfères te cacher derrière une vie médiocre, comme tous ces crétins qui attendent que le monde change de lui-même !

-Je suis fatigué, Wise… Fatigué du monde. Toi, plus que n’importe qui, devrait comprendre ça !

Le vieux Wise resta silencieux face à cette remarque, fixant les flammes dansantes dans la cheminée.

-Tout ce que je veux, aujourd’hui, c’est donner à mon fils une vie honnête et aussi simple que possible. Je veux vivre assez vieux pour le voir prendre son envol. Et mourir en le sachant indépendant, avant que je n’aille rejoindre sa mère…

Le silence régna à nouveau. Helt tira quelques bouffées de sa pipe puis reprit :

-Je commence à comprendre pourquoi tu es venu jusque chez moi, Wise. Tu as besoin de moi pour une de tes basses besognes. Une besogne qui nécessite de gros bras.

-Ravi de constater que tu sais encore te servir de ta tête, morveux !

-Wise ! Je ne suis plus tout jeune ! Je n’ai plus le panache de ma jeunesse !

-Merci, je ne m’étais pas rendu compte ! J’ai encore de bons yeux, gamin !

-J’ai des doutes, là…

-Petit effronté ! Mais tu as raison. J’ai besoin de ton aide.

-Si ce sont ces crétins de l’ancienne Alliance qui t’ont demandé…

-C’est quelque chose que je fais de mon propre chef, avec mes propres moyens ! Et crois bien qu’à mon âge, mes ressources et avec ma réputation, ce n’est pas quelque chose d’aisé !

S’il fallait absolument retenir quelque chose du vieux Wise, c’était d’abord qu’il était de loin le plus désagréable être humain que ces terres avaient porté, mais surtout que dire qu’il était toujours réticent à mettre la main à la poche pour quoi que ce soit était le plus bel euphémisme jamais énoncé !

Alors qu’il avoue de lui-même qu’il avait usé de ses propres moyens pour faire quelque chose, même triviale, cela méritait qu’on lui prête oreille.

-Qu’est-ce que tu manigances, vieux fou ? lui demanda Helt avec une grande suspicion mais toute son attention. Encore quelque chose comme à Parme ?

-Tu sais très bien que pour Parme, c’était un accident ! s’emporta Wise.

Mais alors qu’il était sur le point de poursuivre, il se ravisa et prit le temps de se calmer avant de reprendre cette conversation sur un ton plus calme mais néanmoins sérieux.

-Il se passe des choses étranges à l’ouest, gamin. Des choses inquiétantes même, je dirais.

-« Inquiétantes » à quel point ?

-Te souviens-tu de notre bataille pour la forteresse de Zarant, à l’époque ? Avant que nous ne pénétrions le royaume du Roi Sombre.

Les souvenirs envahirent Helt et se mit à blêmir, en tirant plusieurs bouffées de sa pipe. Des souvenirs de longues batailles, violentes et sanglantes. Des morts à ne plus pouvoir compter aussi bien dans un camp que dans l’autre. Un cauchemar éveillé. Et pour quoi ? Des briques. Un tas de briques assemblés pour former un bâtiment qu’on disait imprenable et qui, depuis une victoire plus que coûteuse dans tous les sens du terme, était à l’abandon.

Une scène qui en aurait traumatisé plus d’un. Alors un jeune garçon, à l’époque…

-Comment oublier cette horreur sans nom… Mais quel est le rapport ? demanda Helt en essayant tant bien que mal de se reprendre.

-Zarant n’était pas qu’une forteresse ennemie imprenable, à l’époque. Elle était la gargouille qui devait effrayer ceux qui étaient assez fou pour tenter de pénétrer dans les terres conquises par le Roi Sombre. En prendre possession a été sans nul doute le plus grand défi de l’Alliance, à l’époque. Rappelle-toi qui leur a fallu au moins deux mois pour que les armées puissent se représenter sur le champ de bataille sans risquer de se faire écraser à la première escarmouche.

-Viens-en au fait, Wise !

-Du contexte, gamin ! Tu dois saisir le contexte pour saisir la gravité de la situation et de mes inquiétudes !

-Alors expose-le plus vite !

Wise grommela et se retenait clairement de couvrir Helt d’insultes face à son attitude. Ce dernier, ne supportant plus de voir Wise tourner autour du pot, perdit patience :

-Bon sang, Wise ! Tu es pénible, à ne jamais aller droit au but ! Crache-le morceau !

Wise détourna le regard, comme tirailler son envie de partager ce qu’il savait et la réticence de le faire. Il poussa un long soupir, comme pour se donner du courage, et se lança :

-La forteresse de Zarant… J’ai appris qu’elle était tombée. Une nouvelle fois.

Un silence pesant s’était installé.

Helt avait du mal à y croire. Il pensait d’abord que c’était une plaisanterie mais Wise n’était pas du genre à rire de ce genre de chose. Bien au contraire. Ainsi, s’il disait que l’imprenable forteresse de Zarant avait était reprise, cela ne pouvait qu’être vrai.

-Par qui ? demanda Helt. Des partisans du Roi Sombre ?

-C’est là que ça devient étrange gamin, lui répondit Wise en adoptant une mine sombre. On savait que malgré la mort du Roi, ses très nombreux partisans continuaient la lutte çà et là. Mais sans dirigeant digne de ce nom, ces groupes n’ont jamais pu faire un front uni digne de ce nom face à l’Alliance de l’époque. Et il y a encore quelques temps, même la plus dangereuse de ces armées n’aurait pas eu la force militaire suffisante pour tenir tête aux royaume frontaliers.

-Que s’est-il passé, alors !

-De ce que j’ai pu apprendre, les innombrables petits groupes se sont rassemblés sous la bannière d’individus d’exception. En quelques temps seulement, des armées se sont levées. Certains pensent qu’elles sont aussi redoutables que celles sous les ordres du Roi Sombre. D’autres pensent qu’elles les surpassent…

-Et comment sais-tu cela, vieil homme ?

-J’ai vécu bien plus longtemps que toi, gamin ! À mon âge, on a tissé pas mal de relations. J’ai mes sources presque partout.

-Et tes sources savent qui dirige ces armées ?

Wise grimaça avant de lui répondre :

-Personne parmi mes contacts ne sait qui est la tête pensante. Je ne connais que le nom d’un des généraux dirigeant l’une de ces armées.

-Qui ?

-Une vieille connaissance… Urzuk, le Brise-Crâne.

-Cet Orc ?! Il était censé être mort !

-Malheureusement, il est bien vivant. Et de ce que je sais, son armée a posé pied il y a peu dans le Royaume de Caasadir.

Helt se leva d’un bond en entendant cela. Caasadir… Cela signifiait qu’ils n’étaient pas loin de la Mer intérieure de Bellam…

-Ils ont envahis la moitié du continent…

Wise hocha la tête pour confirmer avant de poursuivre :

-Les royaumes voisins de Caasadir et ce dernier résistent. Mais nul ne sait combien de temps ils pourront continuer.

-Et les anciens membres de l’Alliance ne font rien pour parer à cette situation…

-Ah ! Ils sont trop occupés à se disputer pour savoir qui a le plus gros ego ! Et avec l’Église de la Sauveuse qui y met son grain de sel, cela n’arrange en rien la situation.

L’Église de la Sauveuse… Entendre ce nom fit bouillir de colère Helt, qui s’empressa de donner un coup de pied dans une chaise pour se calmer un minimum.

Rien n’avait changé. La Sauveuse et les autres… Ils s’étaient battus pour un monde meilleur et uni ! D’innombrables vies ont été perdues pour que les gens ne puissent ne serait-ce que percevoir le commencement d’un changement !

Et tout ça pour quoi ? Pour faire dix pas en arrière…

Helt voyait plus clair dans la demande de Wise. Et pourtant…

-Tu veux repartir en quête. Tu veux repartir sur les routes et recommencer ce que vous avez fait, il y a tant d’années. Tu veux retrouver celui qui menace tout Magnus Terra et mettre un terme à ses agissements…

-Dans d’autres situations, j’aurais laissé les autres se charger de ça alors que je profite de ma tranquillité méritée… Mais les choses prennent une tournure très inquiétante. Et je pense que ce n’est qu’une question de temps avant que nous ne soyons tous touché.

-Les autres ne pourront pas t’aider ! Enfin, ils sont plus vieux que moi ! Certains sont morts, même !

-Merci, je n’étais pas au courant, gamin ! Mais ne t’inquiète pas ! J’ai envoyé des missives et certaines personnes dans la force de l’âge nous aiderons !... Du moins, je l’espère.

-Tu n’es même pas sûr !?

-On ne peut jamais être sûr de tout, gamin ! Depuis le temps, tu devrais le savoir !

-Ce n’est pas une quête, que tu prépares ! C’est un pique-nique !

-Mieux vaut partir avec des incertitudes que rester sans rien faire !

Wise avait bondit hors de sa chaise et se dressait de toute sa hauteur face à Helt. Les deux se foudroyaient du regard, l’un pensant que cette entreprise n’avait aucune chance de marcher et l’autre, que cette entreprise devait être prise malgré les risques.

-Gamin, tu as toujours voulu être un héros…, commença Wise.

Helt déglutit et détourna le regard avant de s’éloigner du vieil homme.

-Tu l’as été, dans une période où être un héros ne voulait plus rien dire. Une époque où le peuple ne méritait plus les héros.

Wise s’approcha et posa sa main sur l’épaule de Helt.

-Aujourd’hui, je viens te demander d’emprunter le chemin qui fera de toi le héros dont le peuple a besoin.

Helt le regarda avec des yeux inconvaincus. Puis son regard se porta sur l’épée. L’épée offerte par la Sauveuse, le matin de son départ. Des souvenirs l’assaillirent. Des souvenirs qu’il pensait enfouis profondément dans son esprit.

Le temps passé avec Elle et leurs compagnons. Les rires, les joies, les craintes, les disputes… Il se rappela la tristesse et le vide qu’avait causé Son départ.

Puis il se rappela de l’après. Ce qu’il avait fait. Ce qu’il pensait être Sa volonté, la somme d’une éducation maladroite pour celle qu’il considérait comme la grande sœur qu’il n’avait jamais eu…

Et enfin, il se rappela pourquoi il avait cessé tout cela…

Toutefois, son regard devint plus déterminé mais son visage ne pouvait cacher une certaine lassitude mais plus que tout, une grande fatigue.

-La dernière…

Wise ne comprit pas les mots de Helt. Ce dernier alla ensuite décrocher une nouvelle fois son épée et la contempla, avant de poursuivre le fil de sa pensée :

-Ce sera la dernière fois que je prends les armes pour ce monde…

Wise hocha alors la tête, comprenant où il voulait en venir.

Alors qu’il caressait le fourreau de son arme, Helt dit les mots suivants, plus pour lui-même que pour quelqu’un d’autre :

-Ce sera ma dernière quête.

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