ANECDOTE AMOUREUSE D’UNE CERTAINE DEMOISELLE

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« Quel est votre nom ? »

Vous êtes l’amoureux anonyme des temps modernes. Quelque chose de disparu depuis des lustres. Vous êtes un jeune homme aux lunettes rondes entouré d’une écharpe rouge autour du cou pour ne pas être étouffé par les charmantes et perfides voix du monde. Mademoiselle dit que lorsqu’elle vous a vu boire un café dans un bar perdu de Paris, elle a eut peur de rire devant vos yeux. Vous lisiez un livre et le calme régnait. Elle savait que les pleurs étaient l’amertume des rires et que vous n’aimiez pas entendre le bruit du bonheur lorsque vous êtes occupé. Vous pourriez ne pas porter son prénom préféré et avoir le plus laid des visages, elle aurait quand même été charmée par une chose invisible chez vous. Lorsque vous parlez, vous avez une voix monocorde et grave qui l’intimide un peu. À part vous étudier, Mademoiselle ne sait point comment s’y prendre. Cette dernière souhaiterait vous conter mille contes cependant, elle semble avoir du mal à manier les mots en votre présence. Parfois, vous l’observez quelques instants, un peu curieux puis, vous dégustez votre boisson, pensif. Il est vrai qu’elle ne vous déplaît pas néanmoins, vous ne voulez pas y songer alors vous retournez à votre roman.

« Parfois en moi, ce petit éclat de toi se réveille »

L’amour est une souffrance exquise lorsqu’elle n’est pas partagée enfin, c’est l’impression qu’elle avait en vous voyant. Mademoiselle a entendu dans le quartier que vous n’étiez qu’ennuie et timidité pourtant, cela l’a conforté à l’idée de mieux vous connaître. Il y a au-delà du jugement, une certaine beauté que parfois, personne n’ose aborder par appréhension. La société n’est qu’un mélange d’hypocrisie et d’absurdité humaine. Une comédie vivante où rare sont les âmes dont la curiosité anime. Derrière l’esprit agaçant, le talent manque. Mademoiselle écrivait des poèmes sur une vieille machine à écrire. Il y a des matins solitaires où celle-ci étouffait son amour pour vous en un éloge à votre existence. Elle aurait aimé vous offrir des fissures d’œuvres légendaires venues de pays où la délicatesse est reine. La dernière nuit de mai après des millénaires d’obscurités, elle a remarqué que la mélancolie d’antan qui s’étalait goutte par goutte sur ses joues n’étaient qu’un opéra onirique plutôt qu’une tragédie véridique.

« Au cœur d’une forêt sombre, toi… »

Les fleurs de cerisier rouges se sont fanées en silence, Mademoiselle avait un arrière-goût de crime dans la bouche. Le jardin miniature du mensonge qu’elle possédait au fin fond de son imagination, voyait en la déclaration d’amour une fabulation indicible. C’est un tas d’absence de preuve, c’est un caprice pourtant, elle est la proclamation de nombreux fallacieux. On ne peut déclarer la passion à haute voix parce qu’elle ne se prononce uniquement par des actes muets. Le désir se perd majestueusement dans le regard toutefois, celle-ci se mortifie au contact des mots. C’est pourquoi Mademoiselle ne pouvait vous dire « Je t’aime ». L’ignorance est une croyance exubérante et l’univers en est frappé de toute part, similaire à une épidémie. Vous ne savez rien néanmoins, vous êtes toujours une partie de quelque chose de plus grand. Mademoiselle vous contemplait de loin sans comprendre votre nature profonde. Dans son esprit réside le mystère de votre existence. Vous êtes une véritable forêt nocturne où elle se plait à se perdre. Elle n’a pas de lanterne pour vous cerner et percevoir votre paysage. La pluie qui paraissait rager à l’intérieur de vos yeux bleus a déployé les foudres des pulsations de son cœur. Et la splendeur de vos traits, l’admiration de ses iris.

« Chacun son chemin… »

Vous avez terminé votre tasse puis, vous avez refermé votre roman. Vous vous dirigez ensuite vers le bar pour payer votre consommation. Derrière la caisse que Mademoiselle peine à garder, elle entretient la nervosité dans le creux de ses mains lorsqu’elle tient votre fragile monnaie. Incertaine, elle vous examine vainement. Vous abaissez votre écharpe pour la remercier, laissant le bruit de l’univers vous atteindre. Mademoiselle aperçoit donc votre sourire narquois, elle se pétrifie de peu pour la simple raison que votre geste anodin a surpris son esprit rêveur. Mademoiselle n’a pas pu vous dire qu’elle vous aimait cependant, vous l’avez découvert par l’acte silencieux de ses prunelles.


Date d’écriture : Juin 2017

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