ÉCLOSION

3 minutes de lecture

J’ignore ce que je suis. Tout ce que je sais, c’est que je me situe entre l’univers et la Terre. Je représente le cosmos ou la curiosité fantaisiste. Je possède un rire incontrôlable qui métamorphose les visages en de jolis masques enthousiastes. Je m’anime de façon enfantine et parfois, j’ai la face triste des artistes maudits. Nuances éclectiques. J’aime me bourrer le crâne de littérature mystérieuse qui emmène mon esprit dans des contrées diverses et à la rencontre des héros éphémères. J’ai la philosophie de l’Homme Anonyme. Un savoir qu’on ne reconnait point en contemplant l’âme dans les yeux de l’Inconnu. J’apprécie les nuits blanches pour leur intime connexion avec l’humain que je suis quand les doux génies sont endormis. C’est un étrange rendez-vous entre les sens et les pensées orphelines. Sans vanité, ni confession, je peux méditer sur des questions dont la réponse demeurent perdue dans la plus pure des ignorances. J’essaye d’aller au-delà des limites de ma propre ouverture d’esprit.

L’âme en peine, la solitude me berce continuellement dans ses bras. La conscience ailleurs, je marche sans savoir où je vais. Pourquoi devrai-je sortir de mon monde pour écouter les charlatans de la société ? Si je ne veux pas aller aux bars, c’est parce que Poésie m’assaille. Je n’ai pas besoin d’alcool pour écrire des rimes dramatiques, j’en compose déjà grâce à mon cerveau empoisonné par le dénis. Ils souhaitent me vendre leurs nouvelles parures, celles dont tout le monde disposent. Ils exigent ne pas vouloir me confier mes propres couleurs. Je n’ai ni le droit au majestueux bleu ni au sensible gris et, même pas au jaune flamboyant. Mon béret est le drapeau de mon existence et ma cape, l’armure du spectre esseulée des Dieux cachés.

A chaque fois que Timidité revient, elle pointe sournoisement son arme sur ma tempe et me défis de parler. Je ne peux pas m’exprimer, le joli voleur se nourrit avec délectation de toute ma confiance et m’assassine tant de fois que je ne perçois plus ma propre mort. J’entends le rire du fou là-haut se moquer. Il s’amuse de mes travers ainsi que de mes torts. Il m’identifie sans gêne à une humoristique victime de son ironie. Je me prétends poème pourtant, j’en ai à peine l’étoffe. Le reflet de mon miroir est mon unique ennemie les jours de pluie.

L’amour n’ose pas toquer à ma porte. Elle est surement effrayée par le sort que je pourrai jeter aux éphémères prétendants. J’aime durant cent ans pourtant, je souffre pendant des siècles. Refus, désespoirs solitaires et mutisme constant. La poésie terrorise les cœurs que je tente d’ensorceler. Cela parait à leurs prunelles, trop usés ou bien peu raisonnable. Malgré cela, il n’y a rien de plus déraisonnable ou de plus irréfléchi que l’attachement. Le cœur s’agite et l’esprit s’engourdit peu à peu pour enjoliver faussement la vie. Toutefois, si je n’intéresse pas les consciences banales, elles pourront bien pleurer quand mon heure de gloire arrivera.

J’ai tendance à me pétrifier ridiculement lorsque ses pupilles me perçois. J’ai perdu l’usage du sourire, émerveillé par tant de contraste. Suis-je donc trop sensible ? C’est une misère. Aimer l’illustre étranger. C’est familier et saugrenu à la fois. C’est le jeu du hasard. Il détient donc mille facettes de personnalités que je m’amuse à deviner. Je souffre peut-être de ne pas me sentir entière, qui sait ? Je suis une statue. Je ne fais rien. Aucun mouvement ne m’anime. Les statues sont belles cependant sans un travail passionné du sculpteur, elles ne sont que des misérables pierres. Peut-être que je suis un rocher et que noyé dans la peur, je ne prends pas le temps de me sculpter comme je le souhaiterai. Je suis l’artiste de ma propre sculpture. Lorsque je vois l’esquisse de son sourire, il façonne le mien pourtant, ce dernier ne s’aperçoit de rien. Je suis la seule comédienne de ce quiproquo. Je suis donc égarée dans des rêves idylliques.

Date d’écriture : Mars 2017

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Billie Bat ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0