Le bilan matériel (I, 244b-246a)

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BOULÉTAMANTE – Par quel truchement ?

PROCRASTINOS – De toute conclusion le bilan est meilleure forme ; aussi passerais-je en revue les conséquences de cette guerre.

BOULÉTAMANTE – Espérons que cela ne soit pas trop long.

PROCRASTINOS – Je débute ainsi, en te parlant, en premier lieu, du bilan matériel : jetons notre regard d’abord sur les pertes humaines.

BOULÉTAMANTE – C’est réjouissant.

PROCRASTINOS – C’est la guerre. 245 Bien sûr, cela va sans dire que c’est le conflit le plus meurtrier qui ait existé, avant celui de 1939. De tous les pays, c’est bien la France qui aura le plus souffert, par rapport à sa population : un million de morts, soit 10 p. 100 de sa population active, dont 80 p. 100 d’hommes en jeune âge. Additionnées toutes ensembles, les victimes sont au compte de dix millions pour les belligérants ; on comptera vingt millions de blessés, pour huit millions d’orphelins, des veuves – ou bien des veuves blanches, fiancées qui ne se marieront jamais.

BOULÉTAMANTE – Quelle hécatombe.

PROCRASTINOS – Je ne te le fais pas dire. Surtout du point de vue civil ; l’on avait jamais vu cela : 570.000 morts en France, 740.000 en Allemagne – dû en partie à cause des bombardements et des disettes. Parmi ces civils, les paysans – n’oublie pas que la France était encore très rurale – et les élites – officiers menant les troupes au combat ; des anciens normaliens, ou autres haut-diplômés : quelle triste perte d’intellectuels ! –, qui deviendront la « Lost Generation » anglaise. Ces morts entraîneront le phénomène des classes creuses en 1935 : la société devient gérontocratique, à cause de ces jeunes morts, et faute de naissances pendant la guerre.

BOULÉTAMANTE – Cela a dû bien affaiblir l’Europe, elle qui était aussi une puissance démographique.

PROCRASTINOS – Affaiblie, non seulement au niveau de sa population, mais aussi au niveau de son économie : encore une fois, la France sera la victime la plus importante sur le plan matériel – avec la Belgique et l’Europe balkanique – : plus de trois milliards d’hectares sont stériles à cause du plomb – un tonne de métal au mètre carré à Verdun, la « zone de mort » dont parle A. Demangeon – et des villages rasés, une soixantaine de milliers de kilomètres de routes détruite, les mines du Nord, t’avais-je dis, inondées par les Allemand – 95 p. 100 hors d’état –, la production industrielle fléchie de 35 p. 100, le potentiel agricole de 35 p. 100.

BOULÉTAMANTE – Je suppose que quelqu’un voudra réparer tout cela.

PROCRASTINOS – Ce sera l’objet du traité de Versailles. 246 D’autres pays se montrèrent moins rancuniers, et n’exigèrent pas tant de réparations que, par exemple, la France, représentée par Clémenceau. Toutefois, il faut noter que la Grande-Bretagne, bien qu’indemne au sol, fut fortement affaiblie au niveau de sa flotte de guerre et marchande. L’Allemagne, elle, reste intacte : ses principales régions productrices n’ont pas été touchées.

BOULÉTAMANTE – Ah, les Allemands…

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