Partie 3 - 2

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 À l’extérieur, nous étions enfermés dans notre combinaison lourde, verrouillée par la peur. Ce jour-là, ma session de travail consistait à une maintenance sur le toit d’une des structures techniques du camp embryonnaire Alpha. J’étais totalement plongé dans ma tâche, lorsqu’une masse sombre passa juste au-dessus de moi. Je dus me rattraper à la rambarde de sécurité pour ne pas chuter de plusieurs mètres. Une fois ma sécurité rétablie, je regardais en direction de l’objet qui m’avait survolé. La sonde de surveillance avait filé comme une flèche pour se positionner en vol stationnaire à proximité d’une silhouette blanche qui avançait rapidement. Il me semblait qu’il s’agissait d’un homme qui avait ôté son casque. Il avait réussi à passer l’enceinte de sécurité et se dirigeait tout droit vers une zone où la végétation était dense.

 Le désespoir pousse certains à accomplir des prouesses. Il avait réussi à traverser plusieurs lignes de sécurité. Je ne pouvais décrocher les yeux de sa course effrénée. Pourtant, il ralentissait. La combinaison ne pouvait pas lui permettre de tenir si longtemps à ce rythme. Il s’arrêta un instant, sembla regarder au-dessus de lui dans la direction de la sonde. Il se figea. Dans un grondement qui parvint jusqu’à mes oreilles, le robot tactique MART-MKD avait décollé dans sa direction. Je ne sais pas s’il devinait son destin à cet instant. Il s’agenouilla la tête baissée. Il était vaincu. Il devrait réintégrer son habitat. Il allait être placé à l’isolement pour ne pas diffuser l’idée à ses autres compagnons. Mais le monstre métallique en décida autrement. Il n’usa pas de ses canons énergétiques. Il ne gaspilla pas une seule munition. La terrible machine jugea plus logique de simplement l’écraser sous son poids. Le choc me fit vaciller. Je voulais détourner les yeux, mais ils n’osaient pas se détacher de l’horrible menace.

 Au bout de quelques instants, la masse blanche inerte jonchait le sol. Je dus me retenir de vomir. Mon cerveau reprenait peu à peu contact avec la réalité. J’entendais enfin les ordres d’un des surveillants me sommant de reprendre ma tâche. Bien qu’étourdi par la scène, je terminais ma session de travail en remplissant tous les critères. Une fois de retour dans mon habitat, mes compagnons comprirent que quelque chose s’était passé. Je passai un long moment mutique sur ma couchette. Personne ne vint me déranger. Le soir venu, au moment du dîner, je leur racontai tout, jusqu’au moindre détail d’un seul geste : en attrapant une cuiller pour écraser violemment une petite baie comestible itionnaise. Je vis dans leur regard passer l’effroi. Il n’en fallut pas plus, pas un mot. L’étincelle de l’espoir venait de s’éteindre dans nos cœurs. 

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