Partie 1 - 4

2 minutes de lecture

 Les petits cailloux arrondis étaient les pires qui soient. Ils nous faisaient perdre l’équilibre en cas de défaillance d’attention. Nous avancions prudemment, alternant phases de marche et phases de repos, à l’abri des plus gros rochers que nous pouvions trouver. Ition-g a pour particularité d’avoir un relief important, avec des chaînes montagneuses imposantes. Elle semble connaître des bouleversements et une tectonique des plaques rapide. Là où les archives terriennes démontraient des déplacements importants sur des millions d’années, sur cette planète, il ne faut pas plus de cent mille ans pour connaître des mouvements de terrain considérables. Cela reste immense et insensible à l’échelle de l’humanité, pourtant, les paysages que nous traversions nous impactaient au quotidien. En conséquence, la nature itionnaise montrait son adaptation à ces changements importants en s’épanouissant dans les vallées.

 Nous avancions sans réel but depuis quelques heures, quand nous remarquâmes au loin, de là où nous venions, une légère clameur se lever. Le bruit semblait terrible et soudain. Par réflexe, nous nous réfugiâmes à la hâte dans le renfoncement d’une des parois rocheuses la plus proche possible. C’était la première fois que nous entendions un tel bruit étrange. On aurait pu croire à des cris ou des voix étouffés. Cela ne dura qu’un instant, mais il nous choqua tous. À l’écoute de notre environnement, nous restions à attendre que le bruit se répète. Ce ne fut pas le cas. Je réagis le premier en tentant de jeter un coup d’œil dans la direction du terrible son. Une brume légère recouvrait désormais les sommets et avançait peu à peu sur nous. Le constat était double : la visibilité serait bientôt nulle et la température proche de zéro.

 On entendait le claquement des mâchoires de certains de nos compagnons. Nous nous resserrions de plus en plus. Puis la fatigue et le stress eurent raison de nous. À mon réveil, nous étions pitoyables et affamés. Au cours d’un rapide échange avec Olas, notre décurion, nous décidâmes tous de redescendre dans la vallée pour retrouver des températures plus clémentes et nous ravitailler en eau et en vivres. Mais cela augmentait notre vulnérabilité en cas de rencontre d’une sonde ou, pire que tout, avec un robot tactique. Mais dans l’instant présent, nous préférions encore mourir sous son feu que de froid.

 Le temps était clément et la descente fut facile. La terrible angoisse semblait s’effacer à mesure que la flore itionnaise s’intensifiait. D’abord parsemée et ne représentant que quelques tiges noires ou grises rigides, elle gagnait en couleur et en souplesse en fonction de son acclimatation à l’altitude. Nous fûmes bientôt ralentis par sa profusion. En contrepartie, les quelques degrés gagnés réchauffaient nos cœurs.

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