Partie 1 - 3

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 Au petit matin, les avis étaient partagés. Je faisais partie de ceux pour qui rester plus longtemps dans cet endroit ne nous donnerait aucune perspective favorable. Pourtant, une partie de moi, la plus épuisée, celle qui souhaitait ne pas briser le semblant de paix qui résidait dans ce trou de rocs, les comprenait parfaitement. Je rejoignis Olas pour avoir son avis : malgré les récents événements, il restait le garant de l’unité de ma décurie. La nuit n’avait, semble-t-il, pas été des plus reposantes. Les cernes qui entouraient ses yeux lui donnaient un regard sombre que l’espoir cherchait à fuir.

 « Salutations, je ne vais pas tergiverser longuement. Je ne souhaite pas rester ici plus longtemps.

 Il leva les yeux en ma direction. Je crus voir un instant une absence totale de volonté. Puis l’arrivée de deux autres compagnons le tira un peu plus de sa torpeur.

 — Humm… Je ne sais pas trop. On devrait peut-être tenter de rester une nuit de plus ici, répondit Olas d’une voix à peine audible.

 — Olas, regarde-moi. Tu penses vraiment ce que tu dis ?

 — Non, c’est juste que je voulais être un peu tranquille. Je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit.

 — La prochaine nuit n’en sera pas meilleure, lui répondis-je.

 Les deux autres acquiescèrent en cœur.

 — D’autres sont du même avis que vous trois ? me demanda Olas, chez qui l’étincelle commençait à renaître.

 — Les discussions matinales le laissent penser. »

 Olas nous regarda et pencha la tête pour observer derrière nous. Je me retournais et remarquais un petit groupe de cinq autres personnes ramassant les quelques équipements qui les entouraient. Je fis un signe de la main à Olas, lui indiquant mon souhait d’en savoir plus.

 J’arrivai rapidement à leur hauteur. Deux femmes et un homme chargeaient leur havresac, les deux autres hommes les attendaient.

 « Vous partez ? Nous nous apprêtions à faire de même. Nous pourrions partir ensemble ? »

 La femme se releva pour me faire face. Je l’avais déjà croisée à deux nombreuses reprises lors de notre voyage à bord du Markind 55 Cancri vers Ition-g. Ingrid Arcourt, cette femme inspirait une forme de respect naturel. Elle était rarement intervenue dans les décisions de notre groupe. Son regard me fit comprendre que son choix était déjà arrêté.

 « Valentin, de la décurie Arbone, je suppose. Désolé, mais nous n’avons pas plus de temps à perdre. Nous nous déplacerons plus rapidement en petits groupes.

 — Nous n’en avons pas pour longtemps à nous préparer, tentai-je.

 — Non. Désolé. Notre choix est définitif. »

 Je les saluai, acceptant leur décision. Mais, au moins, cela confirma mon souhait de quitter ce trou.

 Je retournai voir Olas et ma décurie qui se reformait autour de lui, il ne manquait que Matthias. Je m’attendais à un avis partagé. Pourtant en deux phrases, je fis basculer la décision dans mon camp. Olas ne servit juste qu’à la valider. Il n’allait plus rester que neuf hommes et femmes dans ce refuge précaire, des fragments de décuries.

 Chacun récupéra ses quelques effets personnels et nous nous rejoignîmes au niveau de la sortie que nous avions empruntée pour offrir à notre défunt compagnon sa dernière demeure. Je me plaçai auprès d’Olas. Les autres que nous allions laisser là me fendaient le cœur. Ils semblaient abattus.

 Nous devions partir, nous ne connaissions pas les obstacles qui allaient se dresser sur notre chemin.

 « On est partis ? lançai-je simplement.

 — Oui, répondit sans entrain Olas, baissant la tête. »

 Nous n’avions aucune direction prédéterminée, un seul horizon : la survie.

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