Désemparée

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J’ai reçu en pleine gueule les mots de ma sœur qui, échangeant avec ma mère, m’a accusée à mots couverts de vouloir profiter de sa faiblesse en faisant main basse sur l’héritage ! Le ton était vindicatif, les propos erronés évidemment puisqu’en définitive, si ma mère a bien eu la visite du notaire c’était à sa demande et seulement pour avoir des informations sur les possibilités pour faire un partage équitable des biens entre nous quatre. Seulement…. Et parfaitement équitable aussi bien à sa demande qu’à la mienne quand j’ai connu le but de cette rencontre. Bien que m’occupant à 100% de ma mère et de son patrimoine, sans la moindre aide de mes sœurs, je vis en permanence avec l’idée qu’elles pourraient bien me tomber sur le râble si elles n’avaient, ne serait-ce qu’un soupçon de profit de ma part. Donc, je collectionne les tickets de carte bleue, je note chaque dépense effectuée sur le relevé de compte (et il n’y en a pas beaucoup). Bref, je tremble réellement depuis cinq ans de la mauvaise foi qui leur permettrait de me détester un peu plus et un peu plus fort, un peu plus violemment.

Je leur dit donc merci : merci d’avoir empêché ma mère de dormir cette nuit et de la voir ce matin toute défaite, fatiguée et le moral dans les chaussettes ; Merci de ce sentiment d’injustice incrusté en moi comme un fossile dans sa gangue de pierre ; merci d’avoir « oublié » les nombreuses fois où j’ai été présente pour elles, à les consoler ou à essayer de les dépatouiller d’une affaire un peu compliquée ; merci de la douleur ; merci de la tristesse ; merci de la colère aussi qui émerge parfois comme un geyser sur le sol islandais. Merci de la névrose que vous refusez de soigner tout en la faisant exploser à la face de celles que finalement vous aimez, mal certes mais que vous aimez quand même au point de les haïr.

Peut-être aurais été comme vous, si je n’avais pas moi-même choisi de suivre une thérapie : bloquées au stade de la petite fille qui aime et déteste sa maman et son papa, dans une ambivalence d’enfant qui , malgré tout, possède des outils de défense et d’attaque d’adulte. Quand pour tuer une araignée, on utilise un bazooka, ça fait du dégât ! Et les dégâts sont faits… qui va devoir réparer en cette période de confinement ? Bien sûr, celle qui est là, présente qui a déjà mis beaucoup d’énergie à faire survivre, puis vivre cette maman qui, bien que n’ayant pas été une mère parfaite (mais qui peut l’être…) n’en demeure pas moins celle qui nous a mises au monde, qui nous a élevées et nous a malgré tout aimées.

De n’avoir pas su évoluer avec les années en fermant les portes d’une enfance pas facile, en s’éloignant des petites filles d’alors, vous avez perdu la possibilité de rencontrer votre mère en tant qu’être humain. Cette vieille dame digne assise dans son fauteuil roulant électrique méritait vraiment d’être connue et vous l’avez négligée pour une vieille rancœur rassie.

Voilà, je suis faite ainsi. Alors que vous me faites un mal de chien, une fois de plus, je vous trouve des excuses. En réalité, il appartient à chacun de prendre soin de soi-même et en l’occurrence soigner son mental vous appartient. Il est bien trop facile de vouloir faire porter aux autres ses problèmes sans jamais balayer devant sa porte. On est responsable de soi, de ce que l’on fait avec sa vie, de ce que l’on fait dans sa vie. L’enfant, seul, peut bénéficier d’une indulgence liée l’immaturité. L’adulte assume. Un enfant battu ne battra pas forcément, un enfant violé ne violera pas nécessairement, etc. Notre vie est la nôtre et nous en sommes entièrement responsables.

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