Humaine, douloureusement humaine !

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Je sens une colère mauvaise, méchante gonfler dans mes tripes. Maman me manipule, se joue de mes nerfs, je me sens asservie, instrumentalisée par les douleurs physiques que ma mère me réserve à moi seule.

Depuis qu’elle est rentrée de l’hôpital, elle est certes fatiguée mais les jours de semaine se passent plutôt sereinement. Elle a repris les séances de kinésithérapeute, elle sourit à tout le monde, elle envisage de revoir l’orthophoniste. Toujours ralentie mais assurant à ses infirmières qu’elle va bien, elle mène une vie quasiment ordinaire. Bien sûr, elle garde des séquelles langagières de cet état de mal qui lui a volé quelques heures. Mais globalement, son état général, de l’avis même du docteur, est bon…

En semaine, seulement en semaine… dès qu’arrive le week-end, la musique change. Elle a mal, elle ne dort pas ou elle a des diarrhées, ou elle est extrêmement fatiguée…. Elle n’informe pas ses infirmières mais moi, oui et avec force détails ! Comme si elle avait besoin de m'éprouver moralement, de me faire vivre la trouille au ventre pour sentir sa propre vie palpiter.

Chaque fois qu’elle a dû être hospitalisée c’était le samedi ou le dimanche lorsque son médecin n’est pas joignable, quand les aides ménagères ne sont pas là pour faire diversion.

Je suis furieuse et honteuse de l’être…. Alors je me tais, je serre les dents et les poings dans mes poches, puis je vais marcher, marcher, marcher dans les bois vite, à perdre haleine, histoire de semer ma colère parmi les feuilles mortes de l’automne. Je m’en tors les chevilles, je tombe, me relève et reprends ma course. Mais la gueuse n’est pas prête à capituler. J’aimerais taper, cogner, dire des mots qui blessent à mes sœurs, à ma mère, à ce confinement qui m’impose un tête à tête malsain, à la terre entière parce que je me sens seule avec ma colère-chagrin. La petite fille boude, tempête, vitupère, hurle tandis que la "bonne sœur" m’encourage à prendre de la distance, à supporter toujours plus, à pardonner et même à consoler. Je suis double, Je suis fatiguée... tellement fatiguée.

Je me plie, je me tors, je me contorsionne douloureuse, malheureuse, éternellement figée dans une danse macabre.

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