Guillaume

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- Es-tu sûr de ton choix ? me questionne mon futur beau-père.

Son regard est assez grave et je le comprends. Il veut s'assurer du bien-être de son joyau et sa requête est plus que justifiable.

- Je le suis plus que jamais !

- Réfléchis-y encore, s'il te plaît. Si vous vous mariez, sa vie reposera entièrement sur la tienne. Es-tu prêt pour une telle responsabilité ?

- Je le suis et bien plus encore !

- Personne ne peut l'être. Crois-en mon expérience...

J'ai souhaité faire ma demande officielle auprès du père de Laura. Notre relation n'est pas nouvelle, puisque nous nous connaissons depuis notre adolescence, mais les problèmes que rencontre la femme de ma vie depuis l'adolescence ne sont pas anodins.

- Je saurais la rendre heureuse, Gérard.

- Je sais que tu es quelqu'un de bien, mon grand. Laura ne pouvait pas mieux tomber. Mais vivre avec une personne comme ma fille est un combat au quotidien.

- Elle n'a fait aucune rechute depuis deux ans, notre relation est une thérapie pour elle.

- Elle souffre de Dysthymie, Guillaume. Tu sais bien ce que ça signifie.

Au milieu du salon, il prend ému, une photo d'elle dans ses mains. Il continue :

- Pour l'instant tout va bien mais que se passera -t-il lorsque cette sensation oscillera ? Comment vas-tu gérer ses sautes d'humeur ? Ses crises d'insomnies ? Ses pertes d’appétit ?

- L’amour que je lui porte sera plus fort que tout.

- Guillaume…

- Je tiendrai la promesse que je ferai à l'église : celle de la rendre heureuse chaque jour, chaque heure de sa vie. De l'aimer et de la chérir dans la joie ou la maladie. Jusqu'à ce que la mort nous sépare !

- Rien ni personne ne te fera changer d'avis n’est-ce pas ? me demande-t-il en esquissant un petit sourire.

Déterminé, je hoche la tête.

- Sache que je serai toujours là pour vous deux ...

Fier d'avoir obtenu l'aval de mon futur beau-père, je rejoins ma future femme pour y admirer ses beaux yeux et enlacer son corps que je vénérerai jusqu'à la fin de ma vie.

Assis sur mon canapé, je cligne plusieurs fois des paupières afin de quitter ces souvenirs et essuie les larmes sur mes joues.

Je lâche un long soupir en observant le cadre photo que je tiens en main. Un magnifique cliché noir et blanc de Laura et moi, le jour de notre mariage. Je me lève pour le reposer et décide de quitter mon appartement. Je monte sur ma Triumph et me dirige vers mon rendez-vous.

Je repense à ces derniers jours. Bon sang que cette semaine fut longue!

Après avoir passé la nuit avec cette inconnue, je me suis levé désappointé, dans un lit devenu froid, juste après avoir subi les foudre de la passion. Cette soirée magique fut digne d'un véritable saut dans le vide ! L'air frais et revigorant du plaisir s'était alors allié à cette sensation de liberté sous adrénaline. Mais la chute fut d'une déception sans égale car j'ai dû reprendre le rythme fastidieux de mon quotidien. Un brut retour à la réalité dans une vie monotone, sans goût, dans laquelle je semble étouffer. Cette nuit m'avait pourtant procuré de l'oxygène en quantité incalculable. Et cette fille m'avait offert un sentiment d'évasion devenu lointain. Comparable à une autorisation de sortie temporaire en dehors des murs de la prison intérieure dans laquelle je vis volontairement reclus depuis un an.

Je dois maintenant me concentrer sur du concret : l'ouverture de ma troisième agence.

Je me gare devant la vitrine, recouverte de draps blancs, je retire mon casque et entre sans attendre.

La pièce dans laquelle je suis est occultée par des débris de carrelage cassés et de plaques de plâtres démolis. Plusieurs ouvriers sont présents afin d'effectuer les travaux nécessaires. Je les salue fièrement à tour de rôle.

- Messieurs, je vous accorde une demi-heure de pause, annonce la jeune architecte.

Positionnée au milieu de la pièce, Amélie Solis m'observe avec un large sourire.

- Monsieur Durran et moi-même devons revoir certains détails, continue-t-elle.

Je viens la saluer et commente :

- Je vois que les travaux débutent sous les meilleurs auspices. Tu fais du bon boulot Amélie !

- Je suis la meilleure dans mon domaine, me répond-elle avec un sous-entendu.

Elle pose ses lèvres sur le coin de ma joue puis, m’entraîne vers le plan de travail où se trouvent tous les plans. Elle me fait un rapide compte rendu des avancements et des différents ajustements. Une fois mon accord attesté, Mélanie vient poser sa main sur mon torse :

- Maintenant monsieur Durran, passons aux choses sérieuses, susurre-t-elle.

Pas étonné le moins du monde par son entrain, j’exerce malgré tout un mouvement de recul.

- Tu es le seul homme qui me résiste autant . Si tu savais à quel point ça m'excite, prononce-t-elle en s’avançant de nouveau.

Depuis des années, elle tente de me mettre dans son lit. Et depuis tout ce temps, je refuse gentiment ses avances. Ça a toujours été facile de rester fidèle à Laura car je l’avais dans la peau. Dans mon cœur.

Aujourd’hui, même si je pourrais très bien satisfaire chacune de ses envies, je ne le veux pas. J’ai sali la mémoire de ma femme une fois, on ne m’y reprendra plus.

- Désolé, ma belle, mais tu sais que je ne mélange pas vie privée et vie pro.

- Je sais, mais qui te parle de vie privée ? Je te propose juste un plan cul, sans affect !

Je serre les dents et m’écarte d’elle. Mais elle s’avance de nouveau et continue :

- Ça pourrait être si bon entre nous...

Elle tente de poser sa main sur mon entrejambe mais je la retiens à temps. Je peine à déglutir :

- J'ai... Un rendez-vous important ! Je... je dois y aller !

- Ne t'inquiète pas je serai rapide !

Elle se met à genou mais je la rattrape à temps. Je lève la tête en soufflant. Putain ! Reste stoïque Guillaume ! Je recule de nouveau avant qu’elle n’ouvre ma braguette et garde une distance respectable. Pour le coup, plus d’un mètre...

- Je dois vraiment y aller. Merci pour ton travail.

J'ai eu un coup de chaud là. A quelques secondes près, j’aurais cédé.

Je monte sur ma moto et démarre le sourire aux lèvres, fier d'avoir tenu bon.

Je m'arrête à un feu rouge et pendant ces quelques secondes d’attente, je me surprends à observer une jeune piétonne sur ma droite. Bon sang, ces cheveux ondulés… ce corps élancé...

Tout se bouscule dans mon esprit, c’est elle !

Mon cœur tambourine. D’instinct, je joue avec mon accélérateur pour attirer son attention. Plusieurs personnes, dont elle, se retournent. La réalité me rattrape et la déception s’invite. C’est un visage étranger qui me scrute sans comprendre mon geste.

Le véhicule derrière moi utilise son klaxon pour me presser. Je cligne des paupières et m'aperçois que le feu est passé au vert. Je reprends la route à toute vitesse. Mais quel nigaud je fais. Je tape le casque et secoue ma tête. Aller ressaisie toi Guillaume ! Oublie cette fille, et vite !

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